Je m’indigne !

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Il faut oser dénoncer les vrais problèmes de la société au risque de s’exposer aux critiques les plus acerbes.  Il faut oser crever l’abcès au risque d’avoir la gangrène se généraliser.
Vous tous qui souffrez de ces crimes perpétrés, indignez-vous ! Pourquoi vous taire ?
A-t-on vraiment le droit d’ôter la vie au nom de la religion ?   Et jusqu’à quand ?

La souffrance des orientaux face au terrorisme religieux devrait être le plus grand témoignage pour vous faire réfléchir avant de dire Oui ou Non.

Un simple flash back de ce qui s’est passé ces derniers jours, entre le massacre des Chrétiens d’Orient, les Yazidis, sans parler des autres attentats, ou tout simplement, ce qui se passe au Liban et ce depuis bien longtemps, tout cela … devrait nous faire prendre conscience de ce choc qu’ont vécu les familles françaises en assassinant ces journalistes qui n’ont rien à voir avec le mode de raisonnement des extrémistes qui se permettent d’ôter ainsi la vie, ce don de Dieu …

Je m’indigne contre ces drames car j’ai le droit de le dire et de l’exprimer. Et c’est parce que j’ai appris, grâce à une longue thérapie, celle de la vie, à exprimer ma souffrance intérieure, que je vais m’exprimer encore ici,  au risque de choquer …

Je m’indigne contre ceux qui ne s’indignent pas contre cette haine qui aveugle et qui arrache la vie à des êtres humains…

Je viens d’une société où les jeunes de mon âge jadis, ont dû jouer, voire jongler avec la mort pour survivre. Le danger était sur le chemin des écoliers, dans nos lits, dans nos rues … On essayait de vivre, d’espérer… On vivait avec un cœur qui battait pour la vie, mais qui battait aussi de peur d’être la proie d’une voiture piégée ou autre … Et combien de fois j’ai dû pleurer des amis et des personnes fauchées par une main criminelle ou touchées par des obus …

Des jeunes jadis comme moi, ont essayé d’enterrer leur souffrance dans leur cœur. Une souffrance et une douleur qui empêchent à une jeune d’espérer le retour dans ma famille… Le choc subit d’une société qui tue et qui s’entretue m’a condamnée comme plusieurs à l’exil à la recherche d’une paix…

En France, à Paris, j’ai appris avec le temps d’abandonner mes calmants au profit des jours meilleurs… J’ai appris à rêver et à espérer, à fonder une famille loin de ce genre de danger. Et Pourtant je garde en moi le souvenir de la terreur… Encore aujourd’hui, je n’ose pas laisser mon enfant seul dans la voiture, ou m’arrêter en double ligne pour faire une petite course…

Je n’ai pas assez de force pour tout raconter, mais déjà quand on ôte la vie à quelqu’un au pays ou ailleurs, je suffoque, je pleure, car j’ai peur de cette haine qui aveugle nos cœurs … Après tant de souvenirs douloureux et de souffrance, que quelqu’un me dise, me réponde, me donne son avis:A-t-on vraiment le droit d’ôter la vie au nom de la religion ?

Sans polémique, sans enchère, juste une réponse par ceux qui ont déjà vécu ce drame ou souffert de ce drame. Car ceux qui ne l’ont jamais vécu auparavant, ont été, choqué et il vous l’ont montré. Si j’exprime cette douleur en moi ce soir, c’est que le chemin que j’ai parcouru depuis, a été un long chemin de deuil et de face à face interne pour dépasser les blessures du passé…

Je ne veux pas débattre, ce n’est pas mon intention.  Je voudrai juste attirer votre attention, sur une simple question :
A-t-on vraiment le droit d’ôter la vie au nom de la religion ?

 Jinane Milelli

Jinane Chaker Sultani Milelli
Jinane Chaker-Sultani Milelli est une éditrice et auteur franco-libanaise. Née à Beyrouth, Jinane Chaker-Sultani Milelli a fait ses études supérieures en France. Sociologue de formation [pédagogie et sciences de l’éducation] et titulaire d’un doctorat PHD [janvier 1990], en Anthropologie, Ethnologie politique et Sciences des Religions, elle s’oriente vers le management stratégique des ressources humaines [diplôme d’ingénieur et doctorat 3e cycle en 1994] puis s’affirme dans la méthodologie de prise de décision en management par construction de projet [1998].

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