Les fruits du silence

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L’habitude traduit un train de vie et l’ordinaire  traduit sa norme. Au Liban, la normalité se démarque au compte goutte. L’impulsion à convenir au provisoire éphémère va transformer la logique progressive des étapes vers des solutions en des bousculades vers des urgences. La stagnation des mauvaises nouvelles a longtemps paru comme un résultat obligé du dérèglement régional et de ses effets sur la stabilité intérieure. Nos commodités vitales et élémentaires sont devenues otages du privilège de certains pour une tranquille insouciance individuelle ou communautaire.

Ainsi, la mentalité de revendiquer et poursuivre des droits a été dupe de suspendre son action et d’associer toute détente intérieure aux circonstances où rien de pire ne se passe..encore. La présence effective des politiques va au mieux jouer le beau rôle en proposant le racolage des cassures et les adaptations éphémères aux événements et aux crises qu’elles maintiennent.

Néanmoins, la routine, ce désir hors norme pour le libanais et le fantasme de renouer avec cet honorable passé sculpté à nos illustres ancêtres ne suffisent plus. La majorité silencieuse a cessé de l’être. Sa pleine maturité dévoile enfin ses fruits. Elle ne veut plus subir son mécontentement ni suspendre son rôle. Elle sait aujourd’hui que l’exercice assidu de la citoyenneté dépend de son long apprentissage.

Il est désormais son unique alternative pour conquérir ses revendications longtemps lâchées et sa véritable identité nationale. Celle qui implique justement chacun pour tous, indistinctement et qui refuse toute politique corrompue et les vautours des affaires à tout prix. Eux, n’appuient ni ne défendent que les compromis avantageux, les solutions rapides ou bâclées au lieu des étapes sûres, structurées et consensuelles.

Joe Acoury

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