A travers la planète, les festivités du jour de l’An sont marquées dans tous les pays par des célébrations, chacun selon ses traditions. S’il est d’usage dans la plupart des contrées, y compris le Liban, de s’embrasser lorsque les 12 cloches de minuit retentissent et de sabrer le champagne, il faut savoir qu’il y a quelques décennies de cela, les Libanais fêtaient d’une autre manière la Saint Sylvestre. Il n’était question ni de soirées pompeuses, ni de feux d’artifices, ni de bling bling. Nous allons découvrir comment cette célébration était vécue par nos aïeux.   

Le Nouvel An était désigné par « Sabah el Kheir » (le matin du Bien plutôt que Bonjour) ou bien « Eid el Bestrayné » (fête des étrennes). « Bestrayné » est la libanisation du nom de la déesse romaine Strenia qui a donné également le mot « étrennes » dans la langue française, et qui veut dire un cadeau offert pour un bon présage. Dans l’Antiquité, au début de chaque année, on coupait des branches du bois sacré du temple de la déesse Strenia que l’on portait au Capitole ; ainsi cette coutume s’est perpétrée pour devenir la « Bestrayné » dans les villages au Liban.

Les grands devaient donner l’étrenne aux plus jeunes, et les riches aux pauvres, et la personne qui disait « Sabah el Kheir » en premier faisant suivre son bonjour avec « Bestreynté aaleik » (tu me donnes mes étrennes) recevait son cadeau. C’est la raison pour laquelle les enfants se levaient de bonne heure, allaient saluer les parents, les grands parents, oncles et tantes, les embrassaient sur la joue ou sur la main, et recevaient leurs cadeaux du premier jour de l’an. Il était également d’usage de donner aux moins fortunés; beaucoup de familles aisées donnaient en toute discrétion de l’argent aux pauvres du village, ce qui marquaient les bonnes vieilles habitudes de générosité et de solidarité qui régnaient dans le village libanais.

Tandis que pour la soirée du 31 décembre, les villageois aimaient tenter leur chance pour voir sous quels auspices allait être leur nouvelle année. La famille et les voisins conviés au repas du nouvel an se réunissaient autour d’une table après le dîner et commençaient à jouer aux cartes jusqu’aux douze coups de minuit. Les gagnants pouvaient croire que la chance les accompagnerait durant la nouvelle année tandis que les perdants se montraient moins optimistes. Il faut cependant signaler que l’assemblée misaient sur des amandes et des noix qui finissaient par être savourées en fin de soirée, et que les jeux d’argent n’étaient point habituels à l’époque. Avec les nouvelles heures de l’année, des pâtisseries et douceurs orientales faites maisons étaient offertes à tout le monde.

Dans certaines régions, le repas du midi du premier jour de l’an était un plat dont la couleur blanche devait être dominante, comme le « Chich  Barak », « Kebbé bi Laban » ou « Laban Emmo » en signe de bonne chance et de jours heureux.

Tout en vous souhaitant une nouvelle année sous le signe de la Lumière, du Bonheur et de la Paix, nous espérons que 2019 sera également un retour aux sources qui permettra de nous rendre compte de notre Identité, de notre Culture et de notre Histoire, afin de nous permettre de préserver nos Traditions, nos Arts et nos Racines dans notre cher Liban.

Article en partenariat avec l’Association I.C.H.T.A.R. pour le patrimoine libanais.

Marie Josée Rizkallah
Marie-Josée Rizkallah est une artiste libanaise originaire de Deir-el-Qamar. Versée dans le domaine de l’écriture depuis l’enfance, elle est l’auteur de trois recueils de poèmes et possède des écrits dans plusieurs ouvrages collectifs ainsi que dans la presse nationale et internationale. Écrivain bénévole sur le média citoyen Libnanews depuis 2006, dont elle est également cofondatrice, profondément engagée dans la sauvegarde du patrimoine libanais et dans la promotion de l'identité et de l’héritage culturel du Liban, elle a fondé l'association I.C.H.T.A.R. (Identité.Culture.Histoire.Traditions.Arts.Racines) pour le Patrimoine Libanais dont elle est actuellement présidente. Elle défend également des causes nationales qui lui touchent au cœur, loin des équations politiques étriquées. Marie-Josée est également artiste peintre et iconographe de profession, et donne des cours et des conférences sur l'Histoire et la Théologie de l'Icône ainsi que l'Expression artistique. Pour plus de détails, visitez son site: mariejoseerizkallah.com son blog: mjliban.wordpress.com et la page FB d'ICHTAR : https://www.facebook.com/I.C.H.T.A.R.lb/

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