Liban : les défis de la liberté est publié, en France, aux éditions de l’Observatoire. L’occasion d’interroger son auteur, le Dr Fouad Abou Nader, président de l’ONG Nawraj, et de découvrir que l’ancien chef des Forces libanaises a une vision politique claire pour le Liban et propose des solutions concrètes pour son avenir.

Pourquoi ce livre ?

Comme je l’explique dans l’introduction : « À travers ces lignes, je voudrais raconter mon combat, affirmer ma foi dans mon pays, livrer ma vision de ce que le Liban devrait être si nous engagions les réformes qui s’imposent, pour que notre formule unique de coexistence soit viable et vivable ». D’autre part, je rends hommage à mon amie Jocelyne Khoueiry, notre camarade de la Résistance qui nous a quittés très tôt d’autant que c’est elle qui m’a présenté Nathalie Duplan et Valérie Raulin qui m’ont aidé à rédiger cet ouvrage. Sans elles, ce livre n’aurait peut-être jamais pu être publié. 

Pourquoi le publier précisément maintenant ?

Vous le savez, le Liban fait face à une crise sans précédent. Il vient de subir 3 cataclysmes successifs : la crise économique – qu’un rapport de la Banque mondiale situe dans le top 3 des pires crises mondiales depuis 1850 –, la Covid – comme le reste du monde –, l’explosion du port le 4 août dernier. Or, je veux montrer que malgré tous ces drames, je suis optimiste pour mon pays.

Comment pouvez-vous affirmer cela ?

Tout d’abord, parce que ce petit Liban est toujours là, dans son intégrité territoriale, en dépit des prévisions alarmistes de certains, et alors que le chaos a gagné plusieurs pays qui nous entourent. Ensuite, sa jeunesse est dynamique, entreprenante et a soif de probité. Enfin, il suffit que l’on se décide à mettre en place les réformes réclamées depuis longtemps – et plus spécifiquement depuis le 17 octobre 2019 – pour que des changements véritables s’opèrent dans le pays, assurant son avenir. La population appelle de ses vœux cette transformation.

S’il était facile de mettre en place ces réformes, cela n’aurait-il pas été déjà fait ?

C’est vrai. Quand je dis « il suffit » je fais référence au fait que la volonté et la détermination sont présentes au sein d’une part importante de la population, et notamment de la jeunesse. Mais effectivement, des éléments propres à notre système de fonctionnement freinent l’exécution de ces réformes. Je les explique dans mon livre et tente de les analyser. Et je propose des pistes pour y remédier. 

Oui car, contrairement à ce que l’on pourrait penser, votre livre n’est pas un ouvrage sur la guerre.

Non. Je parle du conflit bien sûr, mais dans le but de mettre en évidence que les solutions que je propose pour le Liban viennent de l’expérience que j’ai acquise à cette douloureuse occasion. Ce ne sont pas des idées sorties ex nihilo. Elles ont été appliquées ou éprouvées dans ces circonstances particulières. Je sais donc que mes propositions ne sont pas abstraites, mais concrètes, pragmatiques, et réalisables.

Même si cet ouvrage n’est pas un livre sur la guerre, je reviens sur certains épisodes marquants car nous ne pouvons pas construire l’avenir si nous ignorons notre passé et si nous n’en tirons pas des conclusions. Or, une partie de notre jeunesse connaît très peu cette période noire de notre histoire. Certes, elle ne veut plus en entendre parler. Néanmoins, il faut qu’elle en connaisse les grandes lignes, au moins pour ne pas commettre les mêmes erreurs que les générations passées.

Vous parlez d’erreurs, pourtant, à l’inverse d’autres acteurs de la guerre qui ont écrit leur témoignage, vous ne faites pas de mea culpa. Pourquoi ?

Je n’ai rien à me faire pardonner dans cette guerre. Je l’ai dit, nous avons pu commettre des erreurs, mais nous avons bien agi car nous avons combattu pour une cause juste, pas par haine de quiconque ou pour des intérêts personnels. Je regrette que nous ayons eu à faire la guerre – et je ne veux pas que mes enfants ni aucun jeune au Liban aient un jour à la faire de nouveau –, et je regrette les divisions au sein du camp chrétien qui nous l’ont fait perdre. Mais je n’ai pas à avoir honte de mon attitude au cours de ce conflit.

Quel est votre combat aujourd’hui ?

Je me suis toujours battu et je continue de me battre pour ce « Liban message » où cohabitent dix-huit communautés et où les chrétiens veulent vivre en toute liberté, sécurité, dignité et égalité avec tous leurs partenaires. Depuis sa création, voici un siècle, notre État a montré des failles et des faiblesses. Sa formule de coexistence – modèle et exemple pour les autres nations – est mise à mal. Pour lui permettre de perdurer, il est essentiel de supprimer la lutte de pouvoir entre les différentes communautés religieuses qui paralyse le pays et favorise la corruption.

Sans entrer dans les détails, quelles sont vos solutions pour le Liban ?

Pour sauver l’unité et la souveraineté du Liban, nous devons parvenir à la neutralité et que cette neutralité soit positive et permanente reconnue internationalement par tous. Elle permettra d’empêcher les ingérences destructrices de nos voisins. Par ailleurs, je préconise le régionalisme qui donnera à la population la possibilité de trouver des solutions aux problèmes les plus élémentaires, comme la santé et l’éducation.

L’armée libanaise ainsi que les autres forces armées de l’État doivent disposer du monopole des armes sur le territoire libanais. 

D’autre part, il est impératif d’une part d’instaurer une loi électorale consistant à l’élection d’un seul député par circonscription et, d’autre part de soumettre le projet de loi sur l’indépendance de la justice à la Commission de Venise afin que le système judiciaire soit réellement libre et indépendant de tout pouvoir politique. Enfin, il devient urgent d’unifier le statut personnel dans le Code civil, afin de renforcer le sentiment de citoyenneté et de libérer l’individu du carcan clérical. 

La réalisation d’un audit juri-comptable et la restructuration du secteur bancaire public et privé sont indispensables pour obtenir des fonds du FMI et ceux de CEDRE.  

Le député français Gwendal Rouillard, proche de Jean-Yves Le Drian, a écrit la postface de votre livre. Pourquoi ce choix ?

Venant d’horizons politiques différents, nous voulions montrer que le destin du Liban concerne tout le monde et qu’il est possible de dépasser certains clivages pour travailler ensemble pour une cause commune et fondamentale. Gwendal Rouillard, député de la très laïque République française, a bien compris, par exemple, que la question des chrétiens d’Orient est plus géopolitique que religieuse. En effet, ces derniers sont le ciment du Liban puisque je rappelle que sur nos 1611 villages, très peu sont mixtes entre sunnites, chiites, druzes et alaouites, alors que les chrétiens vivent avec tous. Gwendal Rouillard s’implique avec détermination en faveur du Liban et il m’a fait l’amitié d’accepter de postfacer mon ouvrage, ce dont je le remercie.

NDLR : Si vous résidez en France, vous pouvez vous procurer le livre sur les sites internet suivants :

https://www.editions-observatoire.com/a_paraitre

https://livre.fnac.com/a15682792/Fouad-Abou-Nader-Liban-les-defis-de-la-liberte

À l’occasion de la parution, aux Éditions de l’Observatoire, de son ouvrage LIBAN : LES DÉFIS DE LA LIBERTÉ, Fouad Abou Nader vous donne rendez-vous à Paris, au FOYER FRANCO-LIBANAIS le MARDI 15 juin 2021 de 18 heures à 21 heures. 

Présentation, signature et vente du livre au : 15-17 rue d’Ulm – 75005 Paris, dans le Grand Salon de la Cathédrale Notre-Dame du Liban.

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