L’affaire Jamal Khashoggi embarrasse le Monde entier, et pour cause: l’Arabie Saoudite, loin d’être un pays exempte de tout reproche semble ici avoir des difficultés à prouver son innocence suite aux informations faisant état de l’assassinat très probable de ce journaliste célèbre pour son opposition au Régime Royal.

Ce dernier était en effet connu pour être un critique acerbe des autorités saoudiennes actuelles dont il soulignait les paradoxes dans les colonnes du Washington Post, une voix aujourd’hui probablement éteinte mais dont le silence se révèle être encore plus assourdissant pour ceux qui osent l’entendre. 

Le récit qui court est l’un des plus sanglant, kidnappé au sein même de la représentation diplomatique saoudienne ou il s’était rendu pour obtenir une attestation selon laquelle il n’était pas précédemment marié, papier nécessaire à son mariage avec sa fiancée qui l’attendait dehors, il aurait été torturé et démembré par une équipe de 15 personnes spécialement venues pour lui depuis le Royaume Saoudien.

Poussé par la pression internationale, l’Arabie Saoudite menace de sanctions économiques les pays qui souhaitent la Vérité. Certaines sources indiquent que Riyad envisagerait toutefois de reconnaitre la mort du journaliste au cours d’un interrogatoire qui aurait mal tourné. Dans cette suite logique, le démembrement de son corps ne pourrait être qu’une autopsie qui aurait également mal tournée.

Les Pays pourtant les plus proches du Régime Saoudien ne pouvaient pas rester les yeux fermés alors que le Royaume souhaitait devenir un exemple d’ouverture et de progrès sociaux dans un Monde Arabe: permissions aux femmes de conduire et octroi de divers droits.

Pourtant la liste des exactions était longue: crimes de guerre contre les populations civiles yéménites, kidnapping d’opposants politiques y compris au sein même de la famille royale sous couvert de fraude financières, arrestation d’un premier ministre libanais Saad Hariri en dépit des démentis de ce dernier comme le souligne la presse internationale qui n’a pu être libéré que suite à l’intervention – sur demande des autorités libanaises – de la France, arrestations d’opposants qui ont eux moins de chance eux, parce qu’ils ne faisaient que réclamer une liberté réelle.

Peu évoquent le cas d’une blogueuse saoudienne encore cette année, Eman al Nafjan qui demandait plus de droits, ou encore le cas de Nouf Abdulaziz Al Jerawi ou d’autres encore, qui n’ont fait que s’exprimer avec la plume tout comme Jamal Khashoggi.

Jamal Khashoggi avait un tort, celui d’être devenu une voix parmi tant d’autres de ses citoyens mais une voix qui portait plus que d’autres à travers d’une rubrique d’une télévision, celle de Walid Ben Talal, que Mohammed Ben Salmane a réussi à museler après un séjour au Ritz.

Face aux critiques actuelles, le Royaume Saoudien menace de sanction tout pays qui souhaitent faire pression pour que vérité éclate au grand jour. Ce n’est pas la première fois, le Canada, il y a encore peu, en a fait les frais, avec une crise diplomatique entre les 2 pays, suite aux déclarations sur Twitter de l’ambassade canadienne s’inquiétant d’une nouvelle vague d’arrestations de militants des droits de l’homme dans le royaume.

L’Arabie Saoudite avait également choisi le bras de fer, avec le gel de toutes nouvelles transactions concernant le commerce et les investissements avec le Canada, et des vols commerciaux en provenance et à destination du Pays au drapeau à la feuille d’érable. Des tensions diplomatiques faisaient également rage entre l’Allemagne et le Canada suite aux propos de Berlin concernant le kidnapping de Saad Hariri, jusqu’à ce que Riyad agite la carotte après le bâton, celui de juteux contrats, scellant ainsi une réconciliation qui a un goût amer pour celles et ceux qui croient en la grandeur du Droit.

Aujourd’hui, à nouveau, les autorités saoudiennes menacent de sanctions économiques ces Pays qui n’ont d’autres torts que de demander la Vérité, par diverses mesures, augmentation du prix du pétrole, ruptures de contrats, y compris militaires nécessaires à sa sécurité, des choses pourtant essentielles à son maintien. Il est probable que les autorités saoudiennes réussiront malheureusement, l’argent étant plus important que l’Honneur et déjà est évoqué la piste de renégats au sein du régime ayant exécuté cet homme. Imaginez-vous donc alors, des renégats venant d’un pays avec des passeports diplomatiques pour torturer et démembrer un homme dans une représentation diplomatique sans que les autorités de tutelles aient eu vent de l’affaire. Un scénario qui n’a d’autre utilité que de dissoudre des responsabilités évidentes. Aujourd’hui, les exécutants de Jamal Khashoggi auront probablement disparu et de fait, ne pourront témoigner pour infirmer ou confirmer leurs rôles.

Par ces menaces, déjà des pressions s’exercent notamment aux USA via l’industrie de l’armement, inquiète, non pas pour le peuple saoudien mais pour ses contrats, y compris ceux conclus dernièrement par l’administration Trump. Mohammed Ben Salmane ainsi, nommé en dépit des règles qui étaient jusqu’alors d’usage a réussi un coup de maitre, celui d’avoir écarté les prétendants au Trône, d’avoir calmé l’opinion publique internationale via des mesures marketings, comme de la poudre de perlimpimpim comme le droit accordé aux femmes à conduire mais au sein du Royaume, les tensions sont toujours présentes et ne se taisent pas.

Ces mesures de représailles, ces menaces constituent d’autant plus un aveu de culpabilité alors que l’enquête concernant l’affaire est conjointe entre plusieurs pays, parce qu’une personne innocente, un régime ou un Pays, ne craindrait pas la Vérité sinon.

Si le Régime Saoudien est coupable, son peuple ne l’est, en effet, pas. Il aspire lui à des libertés qu’on ne lui accorde pas comme ces victimes d’une dictature que la communauté internationale n’osait jusqu’à présent voir. Si crise entre l’Arabie Saoudite et d’autres pays se fait jour, c’est avant tout ce peuple qu’il s’agit de soutenir.

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