La procureur du Mont Liban, la juge Ghada Aoun, a décidé du gel des avoirs et des biens immobiliers, voitures de la Bank of Beirut, de la Banque Audi, de la Blom Bank, de la Bank Med et de la Société Générale de Banque du Liban (SGBL) et de leurs dirigeants respectifs, à savoir Salim Sfeir, par ailleurs président de l’association des Banques du Liban, Samir Hanna, Saad Azhari, l’ancienne ministre de l’intérieur Raya Hassan et d’Antoun Sehnaoui, par ailleurs propriétaire d’un nouveau site d’information francophone lancé le 22 novembre dernier.

Ils avaient été interrogés fin février alors que des sources judiciaires évoquaient déjà le gel de leurs biens.

La magistrate avait précédemment publié une interdiction de sortie du territoire libanais visant ces mêmes dirigeants dans le cadre d’une enquête pour détournement de fonds lancé à l’encontre du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé suite à une plainte déposée par des activistes.

Cette plainte vise par ailleurs 14 banques libanaises, leurs dirigeants ainsi que le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, accusé de détournement de fonds après avoir permis le transfert de 8 milliards de dollars à l’étranger. Sur ces 14 banques, 7 établissements seraient mis en cause: sur ces 8 milliards de dollars qui appartiendraient en réalité à la banque centrale, 7 milliards de dollars étaient ainsi conservées par les établissements locaux sur des comptes basés à l’étranger, alors que le Liban traverse une grave crise économique caractérisée par – outre une dégradation de la parité de la livre libanaise face au dollar – une interdiction informelle pour les déposants d’accéder à leurs fonds.

Face à ces menaces, l’Association des Banques du Liban pourrait décider d’une grève générale avec la fermeture des établissements bancaires.

Certains de ces établissements font effectivement l’objet d’une demande d’information de la part d’enquêteurs français, suisses, allemands et luxembourgeois suite à la découverte d’un important patrimoine appartenant au gouverneur de la BdL et à ses proches au-delà d’un enrichissement “naturel”.

Ainsi, Berlin évoque un patrimoine atteignant au moins 1 milliards de dollars, acquis via une société Forry Associates. Ce dossier qui repose sur la table du juge Jean Tannous et non la procureur du Mont Liban, la juge Ghada Aoun, implique également le frère du gouverneur de la BdL Raja Salamé et d’une de ses entreprises Forry Associates accusée d’avoir détourné 300 millions de dollars de commissions de la BdL. Côté libanais, le procureur de la république, le juge Ghassan Oweidat, un proche comme Riad Salamé de l’ancien premier ministre Saad Hariri, aurait empêché le magistrat en charge de l’enquête de communiquer avec ses homologues étrangers.

Cette décision du gel des biens des banques et de leurs dirigeants n’est pas nouvelle. Le procureur financier, le juge Ibrahim Ali, avait déjà pris de geler les biens immobiliers de 20 dirigeants de banques et de leurs établissements en 2020. Le procureur évoquait alors des violations sérieuses commises à l’encontre des déposants dont les fonds avaient été bloqués suite à l’imposition d’un contrôle informel des capitaux, en novembre 2020. Cette décision a été ensuite annulée par le procureur de la république, le juge Ghassan Oweidad, déjà suite à une menace de grève et départ à l’étranger de ces derniers.

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