Crédit photo le journal libanais Al Akhbar : « A Bas Riad le voleur. A bas le règne du Dollar ». Banderole des manifestants libanais Jeudi 24 octobre 2019 houspillant Riad Salameh, gouverneur de la Banque du Liban. «Riad, le voleur». A bas le règne de la Banque centrale libanaise et le Liban renaitra

Le quotidien Al Akhbar a publié une liste de noms des personnes qui seraient convoquées en vue d’être interrogées dans le cadre de l’affaire Salamé, du nom du gouverneur de la Banque du Liban soupçonné de détournements de fonds et de blanchiment d’argent. Des enquêteurs européens devraient ainsi se déplacer au Liban cette semaine ainsi que la semaine prochaine.

Ainsi, Riad Salameh (gouverneur de la Banque centrale), son frère Raja Salameh et propriétaire de la société Forry Associates Ltd, figurent sans surprise sur cette liste. Pour rappel, cette société aurait obtenu un marché de la Banque du Liban mais aurait reversé des rétrocommission au gouverneur de la Banque du Liban. Ainsi près de 300 millions de dollars auraient pu être ainsi détournés au profit des 2 frères et de leurs proches.

Cette information intervient en dépit des propos du procureur de la république, Ghassan Oweidat qui avait annoncé au contraire l’absence du nom du gouverneur de la Banque du Liban parmi les personnes demandées pour audition par les enquêteurs étrangers.

Outre Riad et Raja Salamé, figurent aussi Marianne Hoayek (directrice exécutive de la Banque centrale et chef du bureau exécutif du gouverneur) dont le nom figurait déjà dans le cadre des Panama Papers qui avaient révélé que cette dernière serait détentrice de comptes crédités à hauteur de 400 millions de dollars ainsi que Marwan Issa al-Khoury, le neveu de Salameh.

Aussi, des dirigeants de banques figurent dans la liste comme Marwan Kheireddine (président de la banque Al-Mawarid), Samir Hanna (président de la banque Audi), Raya al-Hassan (présidente de BankMed, ex ministre de l’intérieur considérée comme proche de l’ancien premier ministre Saad Hariri), Joseph Tarabay (président de la banque Credit Libanais), Fahim Modad (président de la BLOM Bank, et qui a été vice-gouverneur de la banque centrale entre 1997 et 2003) et des directeurs de Fransabank, BBAC bank et BML bank.

Les auditeurs des banques libanaises et de la BdL sont aussi convoqués, comme Walid Nakkour (chef de l’équipe d’audit financier qui examine les comptes de la Banque centrale au nom de la société Ernst & Young depuis 2007), Ramzi Accaoui (l’un des signataires autorisés d’Ernst & Young), Nada Maalouf (qui possède un cabinet Seemaan and Semant qui audite les comptes de la Banque centrale depuis 1994) ainsi que des auditeurs de la société Deloitte représentés au Liban par cette dernière. Ils sont soupçonnés d’avoir forgé des documents comptables frauduleux comme ceux présentés par Riad Salamé lui-même concernant l’origine de sa fortune actuelle qui dépasserait un milliard de dollar.

Ainsi, Nabil Aoun, l’un des principaux courtiers travaillant pour Salameh, sera également auditionné.

Pour l’heure, on ignore ce qui pourrait advenir en cas d’absence du gouverneur de la Banque du Liban qui s’était déjà abstenu de se présenter devant les enquêteurs libanais en charge de ce même dossier sous couvert de l’immunité dont il dit jouir dans le cadre de ses fonctions, immunité cependant qui n’existerait pas dans le cadre des faits qu’on lui reproche, notent les experts légaux. Les autorités libanaises craignent se voir être accusées d’obstruction à la justice, ce qui pourrait amener les pays européens à adopter une série de sanctions économiques et juridiques contre le Liban et ses banques. Les établissements financiers pourraient ainsi voir les fonds qu’elles possèdent encore auprès des banques correspondantes mais également les sommes déposées par leurs dirigeants être gelés.

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