Le président de la république, le général Michel Aoun, a mis les points sur les i dans une interview publiée dans les colonnes du quotidien Al joumhouria. Il revient ainsi sur les tâches à accomplir lors des des derniers mois de sa présidence, annonçant qu’il quittera alors la présidence de la république, le 31 octobre 2022 qu’un successeur soit élu ou non.

Concernant la crise diplomatique, le président de la république dit attendre une réponse des pays arabes et notamment de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis. Il note aussi que le médiateur koweïtien juge la réponse libanaise comme positive et compréhensive et estime nécessaire la création d’un comité conjoint avec les états membres du conseil de coopération du golfe pour poursuivre le dialogue.

Riad Salamé et la Banque du Liban en ligne de mire

Le chef de l’état souligne également la situation sociale difficile que sont devenus de nombreux Libanais en raison de “l’appauvrissement délibéré auquel ils ont été exposés”, notant avoir été victime d’une campagne de diffamation à son encontre. “Je n’accepte pas qu’ils soient victimes des erreurs que les banques et la gouvernance de la Banque du Liban ont commis”, souligne le général Aoun avant d’aborder le rôle joué dans la crise actuelle par le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, l’accusant d’avoir délibérément éludé via divers prétextes la question de l’audit juricomptable des comptes de la banque centrale mené par le cabinet Alvarez & Marsal. “Chacun doit savoir que le délai de grâce est expiré, et que le temps m’est devenu très précieux, et je ne peux plus être patient et indulgent à le gaspiller par une pensée et une détermination antérieures. Je suis plus sérieux dans ma position que certains ne l’imaginent”, déclare le général Aoun, estimant que tout délai supplémentaire aura des conséquences juridiques et politiques et que le gouverneur de la BdL fait déjà l’objet d’enquêtes pour détournement de fonds et blanchiment d’argent dans 7 pays.

Toujours au niveau financier, il estime surprenant la forte hausse jusqu’à 34 000 LL/USD puis la forte baisse jusqu’à 20 000 LL/USD de la parité du dollar face à la livre libanaise, estimant que la seule explication est liée à des manipulations du cours de la monnaie locale par des personnes “qui continuent à voler le peuple”.

Concernant la restructuration du secteur bancaire, le général Aoun estime que la plus grande partie des pertes incombe d’ailleurs aux déposants qui paient donc le prix de la crise actuelle.

Walid Joumblatt, un partenaire du vol depuis 1992, rappelle le général Aoun

Par ailleurs, le chef de l’état évoque également ses adversaires politiques dont en premier lieu l’ancien député Walid Joumblatt. Celui-ci, rappelle le chef de l’état a été partenaire du pouvoir depuis 1992 jusqu’à récemment, jusqu’à protéger “l’ingenieur de la faillite et de l’effondrement”, allusion au gouverneur de la Banque du Liban.

” Suis-je impliqué dans la corruption, ou est-ce que je la combats en insistant sur le contrôle pénal ?”, s’interroge le président de la république avant de poursuivre en accusant l’ancien député de confusion.

Un homme quasiment seul dans son combat face à la corruption

Le chef de l’état estime avoir été presque seul face à la corruption, rappelant qu’à l’occasion du dernier iftar, en présence de hauts responsables, d’anciens présidents, des dirigeants des communautés religieuses, des représentants , des ministres et des professionnels des médias, il avait rappelé son combat contre la corruption et les corrompus pour ensuite découvrir être presque seul et que les applaudissements ont disparu.

Il estime ainsi que s’il apparait aujourd’hui politiquement isolé, c’est à cause de ce combat contre la corruption.

Samir Geagea, un traitre

Le président de la république s’en est également pris à son adversaire historique Samir Geagea, rappelant que ce dernier a laissé tomber Saad Hariri. Il note que si les Forces Libanaises espèrent hériter aujourd’hui de la base sunnite depuis l’annonce du retrait de l’ancien premier ministre, ces derniers pourraient également se souvenir de la trahison de Samir Geagea vis-à-vis de Saad Hariri ou de l’assassinat de l’ancien premier ministre Rachid Karamé dans les années 1980.

La coopération avec le Hezbollah se poursuit

La coopération avec le Hezbollah dans le cadre du mémorandum d’entente signé le 6 février 2006 avec le secrétaire général du mouvement chiite Sayyed Hassan Nasrallah se poursuit, note le chef de l’état, reconnaissant qu’il ya quelques fois quelques divergences sur les dissiers internes. Il estime qu’il s’agit de lever les ambiguités et poursuivre le dialogue, un dialogue nécessaire comme “soupape de sécurité contre les conflits internes et la guerre civile”

Les élections législatives en temps et en heure et la fin du mandat également

Le président de la république a indirectement répondu à Samir Geagea, écartant tout report des élections législatives, tout comme la fin de son mandat, le 31 octobre prochain, date à laquelle il quittera le palais présidentiel, même si un nouveau président n’est pas élu immédiatement.

Des relations apaisées avec la communauté sunnite

Abordant sa visite au mufti de la république, la semaine dernière, il estime que s’il était en désaccord avec l’ancien premier ministre Saad Hariri, il s’agit aussi de “penser patriotiquement” en vue de conserver un équilibre politique.

Cet apaisement est également présent avec son premier ministre actuel Najib Mikati, soulignant les bonnes relations qui existent entre les 2 hommes conformément à la constitution libanaises.

“Je n’attaque les pouvoirs de personne et je veux que les autres respectent les pouvoirs que la constitution a confiés au président de la République et ne les attaquent pas”, conclut le chef de l’état.

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