Clodagh Harrington, De Montfort University et Alex Waddan, University of Leicester

Au lendemain de l’élection américaine, le suspense est à son comble. Certains des principaux États clés n’ont pas encore livré leur verdict, et les résultats définitifs ne sont pas attendus avant plusieurs heures, voire plusieurs jours. Ce qui est sûr, c’est que la course est plus serrée que le prédisaient de nombreux sondeurs.

Au fur et à mesure du décompte, l’exaltation n’a cessé de monter au sein de l’équipe de Trump tandis que les Démocrates étaient envahis par l’anxieté. Rappelons que, avant même le jour du scrutin, quelque 100 millions d’Américains avaient déjà voté, ce qui représentait plus de 70 % de la participation totale enregistrée lors de l’élection de 2016.

La veille de la présidentielle, le très respecté site fivethirtyeight a publié une analyse dont il ressortait que Joe Biden avait 89 % de chances de l’emporter. Mais le dépouillement effectué ces dernières heures montre que le résultat final sera très équilbré. Les nerfs des Démocrates sont mis à rude épreuve, d’autant plus qu’ils n’ont pas oublié le précédent de 2016, quand leur candidate, Hillary Clinton, apparaissait également comme la favorite des sondages.

Comment Trump et Biden peuvent gagner

Au matin du jour de l’élection, Biden semblait avoir plusieurs moyens d’obtenir les 270 grands électeurs nécessaires pour être élu. Première possibilité : remporter les États que Clinton avait gagnés en 2016 et, en plus, reconstruire le « mur bleu » dans le Midwest en récupérant le Michigan, la Pennsylvanie et le Wisconsin. Ces États avaient systématiquement voté pour les candidats démocrates depuis 1992, avant qu’Hillary Clinton n’y perde en 2016.

Les sondages suggéraient que, cette fois, le Michigan et le Wisconsin étaient très probablement acquis à Biden, mais que sa victoire était moins assurée en Pennsylvanie.

La Caroline du Nord et l’Arizona – bastions habituellement fiables du parti républicain lors des élections présidentielles – apparaissaient comme des États susceptibles de basculer du côté démocrate. D’autres États estampillés républicains pouvaient potentiellement tomber dans l’escarcelle démocrate, y compris la Géorgie et même le Texas.


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Mais il est progressivement apparu durant le dépouillement que les partisans de Trump s’étaient largement mobilisés le jour de l’élection et que les scénarios promettant à Biden une voie sans encombre vers la Maison Blanche ne se concrétiseraient pas.

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L’Associated Press a annoncé que Trump a remporté la Floride et le Texas, tandis que la Géorgie et la Caroline du Nord se trouvent dans la balance au moment où ces lignes sont écrites. Cependant, la clé semble être de savoir si Trump peut répéter ses succès de 2016 dans l’ancien « mur bleu » du Midwest.

D’où une attention majeure portée à la Pennsylvanie. Mais pour ajouter au suspense, cet État est encore loin d’avoir fini de décompter ses votes, notamment parce qu’il n’a commencé à dépouiller les bulletins envoyés par voie postale qu’au matin du scrutin. Il faudra peut-être attendre jusqu’à vendredi pour obtenir des résultats complets.

Patience !

Quel que soit le résultat final, cette élection sera porteuse d’enseignements contradictoires du point de vue de la démocratie américaine. En pleine pandémie, le taux de participation aura probablement été le plus élevé de l’ère moderne. Les craintes relatives à d’éventuelles perturbations du déroulement du vote semblent avoir été infondées, et les chaînes de télévision ont globalement résisté à la tentation d’annoncer prématurément un résultat aussi important que l’issue de la présidentielle.

Au petit matin, Joe Biden a demandé à ses sympathisants de se montrer patients, rappelant que la course n’était pas terminée « tant que chaque bulletin de vote n’aura pas été comptabilisé ».

Mais de son côté, le président sortant a continué à mettre en doute la légitimité même du processus électoral. En plein dépouillement, il a tweeté que ses adversaires tentaient de « VOLER » l’élection et que ses avocats étaient sur le pied de guerre, prêts à contester les résultats dans un certain nombre d’États. Donald Trump a ensuite donné une conférence de presse, déclarant qu’il était sur la voie de la victoire et indiquant qu’il demanderait à la Cour suprême d’arrêter le décompte des votes.

Alors que la nuit électorale se termine aux États-Unis, le résultat du scrutin et l’état de santé du système politique américain restent incertains.

Clodagh Harrington, Associate Professor of American Politics, De Montfort University et Alex Waddan, Associate Professor in American Politics and American Foreign Policy, University of Leicester

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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