S’exprimant lors de la conférence d’aide vidéo suite à l’explosion du Port de Beyrouth, le Général Michel Aoun a remercié son homologue français à l’origine de l’initiative qu’il a prise suite à sa visite le 5 août 2020, au lendemain même de l’explosion du Port de Beyrouth.

Le chef de l’état a souligné les différents défis auxquels fait actuellement face le Liban et assuré que l’enquête punira les personnes responsables de l’explosion qui s’est déroulé au port de Beyrouth.

Le discours du Président de la République

Vos Majestés, vos Altesses, Excellences,

Tout d’abord, je tiens à remercier son Excellence le Président et ami Emmanuel Macron pour l’initiative qu’il a prise de faire appel à cette conférence de soutien au Liban à la suite de la catastrophe qui a frappé notre capitale ainsi que de son empressement à venir au chevet de Beyrouth et visiter les lieux ravagés par la tragédie.

Je remercie également Antonio Guterres, le Secrétaire général des Nations Unies ainsi que tous les chefs et dirigeants des pays qui sont présents aujourd’hui, unis par l’amour du Liban et le désir sincère de le secourir.

Je ne m’attarderai pas sur les ravages que cette tragédie a occasionné à tous les niveaux, humain, social, sanitaire, éducatif et économique, laissant des blessures profondes au sein de chaque famille.

Ce séisme nous a frappés alors que nous étions ravagés par une crise économique et financière et écrasés sous le poids de déplacés qui a coûté au Liban jusqu’à ce jour plus de trente milliards de dollars américains. À cela est venue s’ajouter l’incidence de la pandémie de Covid-19. Des répercussions qui dépassent totalement les capacités de ce petit pays et de son peuple malgré la merveilleuse entraide dont il fait preuve.

Je salue en mon nom et au nom des Libanais la solidarité internationale exprimée par tous les chefs d’État et les responsables qui nous ont exprimé avec empressement leur sympathie et nous ont proposé leur soutien. J’exprime également ma reconnaissance aux initiatives des pays frères et amis qui nous ont envoyé une aide humanitaire et médicale dans l’urgence.

De nombreux responsables et organisations de secours internationaux sont aujourd’hui sur le terrain. Ils ont pu s’apercevoir de l’ampleur des dégâts qui ont touchés tous les domaines. L’invitation à cette conférence en a dégagé quatre secteurs prioritaires à savoir, le médical, l’éducatif, la reconstruction et l’aide alimentaire.

Reconstruire ce qui a été détruit et rendre à Beyrouth son éclat exige des moyens énormes. Les besoins comme vous avez pu le constater sont immenses et urgents. En effet, l’arrivée de l’hiver ne fera qu’accentuer la souffrance des citoyens sans abri qui survivent déjà dans des conditions très difficiles. En ce qui concerne la gestion des fonds de contribution, j’insiste, pour ma part, qu’elle soit effectuée par une administration issue de cette conférence.

Mesdames, Messieurs,

Je me suis engagé auprès de mon peuple à établir la justice, car seule la justice peut offrir un peu de commisération aux familles endeuillées ainsi qu’à tous les Libanais. Je me suis également engagé à ce que personne ne puisse être au-dessus de la loi ! Toute personne dont l’implication sera prouvée sera châtiée conformément aux lois libanaises.

Je suis engagé dans la lutte contre la corruption et dans l’établissement des réformes nécessaires. Malgré tous les obstacles rencontrés, des mesures concrètes ont déjà été prises et en premier lieu, l’enquête financière pénale qui ne se limitera pas à une seule institution, mais les inclura toutes.

Chers amis,

Ce n’est pas la première fois que Beyrouth est détruite, à chaque fois, elle s’est relevée de ses décombres, et aujourd’hui encore j’ai foi que notre Beyrouth se relèvera encore.

Oui, elle se lèvera avec votre aide et avec la détermination de ses habitants et de tous les Libanais.

Pour l’heure, le ministère de la santé indique que 158 personnes sont décédées, plus de 60 personnes toujours portées disparues et plus de 6 000 personnes ont été blessées selon un bilan toujours provisoire dans l’explosion qui a ravagé le port de Beyrouth et une grande partie de la capitale libanaise.

La piste d’une explosion accidentelle de 2750 tonnes de nitrates d’ammonium saisis en 2014 à bord d’un navire poubelle, le Rhosus battant pavillon moldave, est pour le moment privilégiée par les autorités libanaises. Cette explosion équivaudrait à celle de 600 tonnes de TNT ou encore à un tremblement de terre de 3.3 sur l’échelle de Richter.
Elle aurait ainsi causé un cratère de 210 mètres de long sur 43 mètres de profondeur, indique le dimanche 9 août une source sécuritaire citant les propos d’experts français présents sur place.