Le secteur immobilier au Liban peut être qualifié de tout sauf de logique.
Avec une situation sécuritaire en dents de scie, une situation économique baignant dans une mare opaque de corruption, une grille des salaires qui laisse à désirer pour la plupart des Libanais qui ne subviennent que péniblement à leurs besoins, et l’absence d’une politique publique pour le logement, il est quasi impossible de comprendre comment le secteur immobilier parvient à rester stable. Il n’y a pas une seule anguille sous roche, mais toute une colonie !
Et rien de tel que l’ancien ministre Charbel Nahas, pour nous éclairer la chandelle à ce sujet, et appeler la petite bête par son nom. Au cours d’une émission politique diffusée sur Al Jadid, Nahas a signalé qu’il ne relève pas de la mission de la Banque du Liban de subventionner les prêts au logement, et estime que la BDL enfreignait la loi depuis plus de vingt ans. Nahas a affirmé que si la BDL s’est portée volontaire pour ce genre de mission dont elle n’est aucunement responsable, c’est parce qu’il n’y a pas eu de gouvernement qui se charge de la question du logement du peuple libanais.
Selon lui, la BDL a mis en place un système qui pompe l’argent des poches du citoyen libanais pour le donner aux propriétaires fonciers, et l’engrène pendant 20 à 30 ans pour rendre ces prêts au logement à la BDL. Ce système contribue à maintenir une hausse constante des prix du secteur immobilier, puisque selon Nahas, les secteurs bancaire et immobilier sont régis par le même groupe de personnes. Et nous sommes en face d’un sérieux problème qui maintient la hausse du prix de l’immobilier, alors qu’en réalité l’offre de locaux en excède sensiblement la demande.
Les prêts, pour cet ancien ministre travail, sont loin d’être une solution pour le logement, et la solution naturelle et pratique pour les jeunes ménages est le logement locatif. Cependant, le marché locatif est pratiquement absent et ceci volontairement pour maintenir la hausse des prix des terrains, et de la sorte servir les intérêts des grands propriétaires terriens avides de gains rapides. La hausse des prix des terrains empêche le citoyen de construire un logement, une usine, ou d’aller vers le secteur agricole. Pire, elle encourage l’exode des jeunes, et la vente de nos terres aux nababs étrangers.
Pour aller vers une solution à ce dossier, Charbel Nahas a déclaré qu’il faut commencer par imposer une taxe sur les logements vacants. De la sorte, il y va de l’intérêt du propriétaire de soumettre son bien fonds à la location plutôt que d’être obligé à payer une taxe progressive tant que ce logement demeure vacant.
En somme, pour conclure, Nahas a affirmé que la question du droit au prêt au logement est un faux problème, voire une hérésie, parce que le vrai droit duquel devrait jouir chaque citoyen est le droit au logement. Ainsi, avec l’instauration d’une politique correcte donnant à chaque citoyen un droit au logement, à travers un système de taxation convenable et des mécanismes financiers pour l’habitat, comme dans tous les pays civilisés, le citoyen sera capable de louer un foyer, puis d’acheter un jour si ses moyens lui permettraient de devenir à son tour propriétaire.