Hier soir, dans l’émission sar el wa2et animée par Marcel Ghanem sur la chaine de télévision MTV, le Vice-Président du Parlement Elie Ferzli s’en est pris à la ministre de la Justice à qui il reproche le manque de compétences, à Alain Bifani, le directeur général démissionnaire du ministère des Finances qu’il soupçonne d’incompétence ou de conspirer et aux conseillers du ministère des Finances (comme le conseiller démissionnaire du ministère des Finances Henri Chaoul) qu’il souhaite juger voire emprisonner.

Henri Chaoul a répliqué sur son compte Twitter sur le fait qu’Elie Ferzli est actionnaire de l’Intercontinental Bank of Lebanon (IBL) et de fait en conflit d’intérêt puisqu’en tant que député il est censé représenter les intérêts du peuple.

Rappelons que le plan du gouvernement préparé sous la direction d’Alain Bifani protège tous les déposants à l’exception de 931 comptes de plus de 10 millions de dollars qui subiraient un haircut de 13% dans le cadre d’un « bail-in ». Le plan prévoit que les pertes soient supportées par la Banque Centrale mais aussi par le capital des actionnaires des banques (« wipe-out » ou « write-off ») qui ont investi plus de la moitié des dépôts de leurs clients depuis 1993 à la Banque Centrale ou dans les obligations et autres de l’Etat libanais (au lieu d’investir dans les secteurs productifs de l’économie) tout en se versant d’importants dividendes.

Cette semaine Alain Bifani, en conflit avec la Commission des Finances et du Budget au Parlement regroupant presque tous les partis politiques libanais sous la direction du député Ibrahim Kanaan, a également appelé à la levée du secret bancaire pour enquêter sur l’origine des fonds des milieux politico-financiers sur leurs comptes aujourd’hui et l’historique notamment en ce qui concerne les acquisitions de propriétés immobilières et le transfert de fonds à l’étranger.

Le plan de l’Association des banques prévoit quant à lui la vente de l’or du Liban, des actifs et des propriétés de l’Etat ainsi que de la façade maritime du pays (probablement à ces 931 déposants les plus riches du pays ou à des étrangers) afin de compenser les pertes plutôt que le wipe-out ou le write-off.

Alain Bifani et Henri Chaoul ont accusé les milieux politico-financiers de s’opposer à leur plan afin de faire échouer les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) et éviter des réformes. La Banque Centrale tente de cacher ses pertes et les banques souhaitent faire supporter les pertes aux déposants.

Le Vice-Président du Parlement a appelé à une distribution des pertes entre la Banque Centrale et les banques. Il a accusé le gouvernement de vouloir mettre le pays en faillite pour le reconstruire sous un plus petit format. D’après lui, le gouvernement souhaiterait mettre les banques en faillite en leur faisant assumer l’ensemble des pertes.

Il a considéré que lorsqu’une justice indépendante sera établie et lorsqu’une nouvelle loi électorale et une loi sur le secret bancaire seront votées en plus de réformes alors le pays sera remis sur ses pieds.

Selon le député de la Békaa, les pays arabes sont en train de normaliser leurs relations avec Israël et les banques israéliennes n’ont pas intérêt à partager des profits avec les banques libanaises.

Elie Ferzli a affirmé que lorsqu’il rejoindra la révolution se dotera d’un leadership et d’un parti réel et clair car le changement n’est possible qu’à travers les institutions dans un pays démocratique comme le Liban.