Le député Hassan Fadlallah, membre du bloc de la résistance, a présenté un compte-rendu au sujet de la lutte contre la corruption qui ravage le Liban et cela conformément à l’annonce du secrétaire général du Hezbollah lors de sa dernière allocution.

Qualifiant la lutte contre la corruption qui ravage le Liban d’être plus difficile que la guerre contre l’occupation israélienne, “en raison de l’entrelacement des complications internes et de la propagation de la corruption dans les diverses institutions de l’État”, le député a regretté que certaines personnes décrites comme corrompues aient ressorti un argumentaire sectaire au lieu de faire face aux charges qui leurs sont rapprochées et les protections d’ordres politiques visant à empêcher de récupérer l’argent qu’ils ont détournés.

Le parlementaire indique que cette guerre lancée contre la corruption n’implique pas la création de tribunaux révolutionnaires mais que le système judiciaire reste subordonné aux autorités politiques et donc non indépendant.

Aussi, certains juges seraient désormais liés à des personnes corrompues, regrette Hassan Fadlallah.

Deux options s’offraient alors, laisser tomber face à la corruption ou encore “des accusations générales”.

“nous avons décidé de mener cette guerre pour défendre nos opprimés et pillés, et nous sommes pleinement conscients que ce sera une longue guerre”, estime le député, qui appelle la population à la patience, les résultats n’étant pas immédiats. Il a également salué la prise de conscience de la population face à cette problématique, suite aux manifestations contre la corruption et la mise en lumière de différents dossiers désormais suivis par la presse. Hassan Fadlallah appelle les personnes sincères à être partenaires dans cette lutte qui implique le parlement, la justice et les forces de sécurité, ainsi que les médias.

La lutte contre la corruption nécessite l’adoption de nouvelles lois dont certaines ont été déjà adoptées et d’autres modifiées. Le parlementaire a cité notamment les amendements qui ont permis de mettre en place Conseil Suprême pour juger les présidents et les ministres.

Il a cependant dénoncé l’échec de la passation de la loi pour lever l’immunité des ministres lors de la dernière session législative. Il note également la présence actuelle d’anciens ministres devant les juges d’instruction

L’un des obstacles évoqué par les juges concerne les textes juridiques eux-même qui accordent une immunité à certaines personnes. Il dénonce également le fait que certains magistrats enterrent les dossiers liés à ces différents volets. Aussi, il appelle à l’Inspection Judiciaire et au Conseil Judiciaire Suprême à s’en emparer à l’abris de toute politisation ou pression de partis politiques.

Hassan Fadlallah indique ainsi que des projets de loi liés à l’indépendance du pouvoir judiciaire sont actuellement en projet au parlement.

Notre objectif est de lutter contre la corruption et non de marquer des points, de se venger ou de régler des scores, nous nous engageons à ne pas diffamer l’un de ceux soupçonnés de corruption, ou dont les noms figurent dans les dossiers que nous avons soumis au pouvoir judiciaire

Le député faisait là allusion aux accusations qu’il avait lui-même lancé à l’encontre de l’ancien Premier Ministre Fouad Saniora au sujet de sommes disparues lors de son mandat.

Il s’agit également d’établir des contrôles pour comprendre comment l’argent public est détourné.

Sur le budget général, les détournements seraient effectué via des dépenses illicites d’une part et d’autres part via l’évasion fiscale, l’occupation de biens publics ou encore la contrebande de marchandises.

Concernant la Banque du Liban, le député rappelle que les banques libanaises ont été les principales bénéficiaires des ingénieries financières effectuées par la Banque du Liban. Cela aurait couté 25 milliards de dollars entre 2016 et 2018. Il s’agira de connaître les pertes subies par la banque centrale et les principaux bénéficiaires.
La Banque du Liban aurait également à subir une perte de 63 milliards de dollars. Le député rappelle qu’un audit à la demande du gouvernement serait actuellement en cours.

Concernant les institutions publiques et plus précisément l’Electricité du Liban, Hassan Fadlallah rappelle que les sommes dépensées auraient été suffisantes pour acheter des centrales nucléaires. Cependant, cela n’a pas été le cas, estime le parlementaire qui s’interroge sur les raisons et demande une enquête.

Sur le secteur des télécommunications, ou des autres secteurs comme la gestion des déchets, la corruption au sein des services de la douane, la contrebande, les emplois illégaux au sein de la fonction publique ou encore les biens maritimes, le député appelle la justice à enquêter et à appliquer la loi.

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