Le parlement qui s’est réuni ce vendredi au Palais de l’Unesco pour débattre à l’appel du président de la république, le général Michel Aoun, qui a lui adressé une lettre au sujet de la crise des carburants.

Pour rappel, le chef de l’état Le président de la république, le général Michel Aoun, s’était adressé le 14 aout dernier par une lettre au Parlement via le président de la chambre Nabih Berri, pour les inviter à discuter de la décision unilatérale du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé d’arrêter les subventions aux produits de première nécessité – carburants et prochainement médicaments -, contrairement à son engagement de les poursuivre jusqu’à la fin septembre, date de mise en place du programme de rationnement.

Le Président a également informé le parlement des procès verbaux des réunions tenues avec les ministres concernés et le gouverneur de la Banque du Liban, et celles qui se sont tenues au Grand Sérail concernant la levée partielle et progressive des subventions accordées aux carburants, médicament et produits essentiels dans l’attente de la mise en place du programme de rationnement. Il note également que le refus du premier ministre sortant Hassan Diab de réunir le conseil des ministres face à une situation urgente et demande donc au président de la chambre Nabih Berri de saisir le parlement au sujet de la question et de prendre les décisions appropriées face à la crise.

Cette session s’est passé en l’absence du premier ministre sortant Hassan Diab, du ministre de l’énergie et des ressources hydrauliques Raymond Ghajar et du ministre de l’économie Raoul Nehmé et de certains parlementaires comme ceux du Mouvement Marada.

Suite à la lecture de la lettre du président de la république, les parlementaires ont pu débattre de la crise actuelle.

Au final, le président du Parlement a indiqué que l’instance recommande la mise en place du programme de rationnement le plus rapidement possible, la formation d’un nouveau gouvernement et la libéralisation des marchés et l’abolition des monopoles. Cette décision a été adoptée à l’unanimité à l’issue d’un vote public.

“Nous sommes à quelques jours d’une explosion due à la crise du carburant, entre 3 et 5 jours, et nous devons intervenir” (Gébran Bassil)

La session parlementaire a été marquée par les déclarations du président du Courant Patriotique Libre, Gébran Bassil, qui a estimé que la levée des subventions, unilatéralement annoncée par le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, intervenait comme une arme politique à l’encontre de la Présidence de la République, de son parti, du Hezbollah et de la Résistance.

Il a ainsi appelé le parlement à prendre une décision aujourd’hui même, “sinon comme opposition”, nous questionnerons le rôle du parlement amenant le président du parlement Nabih Berri à intervenir. Celui-ci a ainsi répondu que “personne ne menace le parlement, et quiconque veut démissionner, qu’il démissionne.” “Je n’accepte aucune menace contre le Parlement, a-t-il réitéré avant de reconnaitre qu’un état d’urgence sanitaire doit être déclaré en faveur du secteur de la santé.

À l’issue de la réunion, Gébran Bassil s’est adressé aux journalistes présents pour encore enfoncer le clou, estimant que des intérêts ont privé les libanais d’électricité, d’eau et de gaz depuis de nombreuses années et que toutes les opportunités ont été mises en place pour extraire le pétrole et le gaz présent potentiellement au large des côtes libanaises dès 2013. Cependant, ces interêts ont bloqué ce dossier.

Par ailleurs, il a rappelé la position du CPL à la levée des subvention dès le printemps 2020 mais que le problème se situe au niveau des capacité de stockage et la contrebande des carburants. Il s’agit désormais de lever les subventions graduellement et en contrepartie d’une aide à la population. Gébran Bassil indique avoir présenté la loi instaurant la carte de rationnement qui a été approuvée ainsi de celle concernant l’assistance sociale aux fonctionnaire qui ne l’est pas encore.

Et les forces libanaises accusent Hassan Diab de ne rien faire

S’exprimant au nom des forces libanaises, le député Georges Adwan a accusé le premier ministre sortant Hassan Diab et ses ministres d’être absent et de ne pas oeuvrer à aider la population face à la crise actuelle.

Ils parlent d’un siège ; quel genre de siège ? L’ambassadeur des États-Unis a annoncé le soutien américain pour faciliter la livraison d’énergie au Liban, le blocus est donc causé par nos politiques, les attaques de certains d’entre nous contre tous les pays du monde et la corruption.

Georges Adwan, le 20 août 2021

Il a par la suite estimé que 15 milliards de dollars ont été exportés en contrebande en Syrie ou sont tombés dans les mains de cartels locaux. Seulement 20% des subventions ont pu ainsi parvenir à la population. Georges Adwan estime que les évènements actuels ont été induits dans un contexte de pratiques catastrophiques qui se sont déroulées durant des années sans autorité de contrôle. Ces pratiques sont à l’origine de la dilapidation des fonds des déposants et des réserves existantes qui sont aujourd’hui insuffisantes pour financer les carburants, les médicaments ou encore à permettre à la population d’accéder à ses dépôts.

Il s’agirait désormais de mettre en place le programme rationnement, juge le parlementaire et de permettre l’importation sécurisée d’essence, de fioul et de médicaments.

Le Hezbollah rejette la décision de Riad Salamé, le Courant du Futur appelle à la levée des monopoles, Elie Ferzli défend le gouverneur de la Banque du Liban

S’exprimant au nom du Hezbollah, le député Ibrahim Moussawi a rejeté la décision du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé à lever les subventions aux carburants, demandant la formation rapide d’un nouveau gouvernement.

Quant au député du courant du futur Samir Jisr, il demande l’approbation du programme de rationnement, la libéralisation des marché et la formation d’un nouveau cabinet.

Quant au vice-président de la chambre, Elie Ferzli est monté au créneau à La Défense du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, estimant que cette décision de lever les subventions n’était pas prise unilatéralement mais à l’unanimité des membres du conseil d’administration de la banque centrale.

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