Par un beau samedi du mois d’aout, avec une belle brise rafraichissante scandant nos pas, nous nous sommes aventurés en début de journée dans la forêt des cèdres de Hadath El Jebbé au Liban Nord, classée réserve naturelle selon la loi libanaise.
Une escapade volontaire loin de la pollution putride des villes de la côte, en quête d’un peu d’air frais. L’entrée fut paisible, un vrai lot de vitamines pour les yeux, les oreilles et les poumons : une flore variée à souhait sous un ciel bleu pur, le chant des oiseaux et les crissements des feuilles sous nos pieds, et l’odeur de la terre et du bois des cèdres qui nous remplit agréablement les narines.
Sur le chemin du retour, le même emprunté deux heures auparavant, une odeur désagréable se laissait deviner. De prime abord, nous avons cru qu’un troupeau de moutons ou de chèvres était passé par là. Mais plus on avançait, et plus l’odeur devenait insupportable, loin d’être celle des matières fécales animales. Puis, le constat devint clair : le sentier était humide, avec une substance de couleur noirâtre par-dessus ce liquide qui mouillait la terre. Il suffisait de diriger nos regards légèrement plus haut pour comprendre davantage. Un restaurant libanais, installé en plein cœur de la réserve pour accueillir les g(oinfres)ourmands chaque dimanche, n’hésitait pas en toute impunité, de lâcher son buffet digéré par ses adeptes, lorsque tout est vide et qu’il n’y a plus personne pour le désigner du doigt.
A qui la faute ? Est-ce une erreur ? Est-ce volontaire ? Est-ce la faute au restaurant qui ne fait pas d’effort pour s’occuper correctement de ses égouts ou est-ce à la base la faute à la municipalité qui ne semble pas comprendre suffisamment ce qu’est qu’une réserve naturelle pour donner un permis à un restaurant en plein cœur de cette réserve ?
Quel est le but premier de l’Homo Libanicus dans ce pays ? Se permettre tout et n’importe quoi pour se remplir les poches et la panse aux dépends de tout, en pipaillant son abominable narguilé par-dessus le marché ? Aux dépends du pays, de la nature, de son patrimoine et même de sa propre santé ? Qu’enseigne-t-on dans ces établissements scolaires depuis des décennies où les parents payent des scolarités qui coûtent les yeux de la tête pour avoir des générations aussi incultes, barbares et loin d’être civilisées ?
Quelques jours plus tard, et pour le prestige et la renommée du village ou du restaurant, si et toutefois si cet article sera lu, on marmonnera quelques explications qui ne tiennent pas debout pour démentir ou justifier ou que sais-je. Qu’importe. Mais il y a une réalité : on patauge dans la merde dans la forêt de Hadath el Jebbé … l’odeur y est insupportable … Les prémices d’une catastrophe écologique et sanitaire. On commet un crime impardonnable contre les ressources naturelles et la biodiversité d’un des plus beaux endroits au Liban où quelques milliers de cèdres tentent envers et contre tout de subsister, pour qu’on puisse encore appeler ce bled : le pays des cèdres éternels.