Deux lignes droites ne se croisent jamais

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Que dire encore à ceux qui jusqu’à présent s’évertuent à dénoncer le double jeu du Hezbollah, sa volonté de marginaliser l’armée, de la concurrencer, de s’attribuer les honneurs et les succès, qui l’accusent d’avoir voulu “entrainer ” la troupe dans la bataille d’Ersal puis de l’avoir reléguée à un simple faire-valoir, de vouloir lui “imposer” sa présence et sa collaboration, de l’acculer à coopérer avec l’armée syrienne, de s’immiscer coûte que coûte dans la bataille d’Al Qaa et de saboter l’offensive de l’armée.

Quel langage leur tenir ? Ni la raison, ni la logique, ni les faits, ni les résultats, pas même la science militaire n’ont la moindre prise sur leur esprit troublé, brouillé, perturbé par leur phobie obsessionnelle du Hezbollah qui n’a d’égale que leur incurable Aounophobie. Mais oui ne vous inquiétez pas, puisqu’on vous le dit, il n’y a aucun lien entre la bataille du Jurd d’Ersal, qui ne servait que l’axe syro-iranien, et celle d’Al Qaa et de Ras Baalbek, ni aucune similitude, parallèle, coopération, communication ni même échange de renseignements des deux côtés de la frontières.

D’ailleurs, nul besoin d’empêcher l’arrivée de renforts et de munitions à Daesh du côté syrien, cela reviendrait à normaliser nos relations avec le régime syrien ! Rassurez vous, le Hezbollah et l’armée s’ignorent royalement, se regardent en chien de faïence; telles deux lignes droites parallèles ils ne se croisent nine se côtoient jamais, ne communiquent même pas lorsque le premier remet des positions stratégiques à l’armée, ni lorsque cette dernière pilonnait les positions de Ahl el Cham et de Fateh El Cham ou lorsqu’elle s’est déployée au Sud après 2000.

Vous pouvez dormir tranquille, c’est chacun pour soi, les barrière sont bien étanches, à peine si la stratégie défensive existe déjà sur le terrain depuis 2006, qu’elle n’a cessé de faire ses preuves et que ses contours se précisent jour après jour. Il reste désormais à la codifier, la clarifier, la théoriser et surtout établir le lien hiérarchique de l’équation défensive libanaise et d’ établir clairement à sa tête la primauté de l’Etat et de l’armée libanaise. Mais n’ayez crainte, on vous réveillera le moment venu …

Camille Najm
Analyste, chercheur, consultant et journaliste politique basé entre Genève et Beyrouth. Auteur d’études, de rapports, d’articles de presse et pour revues spécialisées, d’éditoriaux, de chroniques. D.E.A en Science politique et relations internationales – Université de Genève. Domaines de spécialisation : Les rapports entre la culture, la religion, identité et la politique – Les minorités religieuses, culturelles, ethniques du monde arabe – Les relations islamo-chrétiennes – le christianisme dans le monde arabe – Laïcité, communautarisme et multiculturalisme – Le Vatican – Le système politique libanais, les institutions et la démocratie – De nombreuses problématiques liées au Moyen Orient (Liban, Syrie, conflit israélo-arabe).

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