Deux plaintes pour des faits présumés de blanchiment et d’escroquerie ont été déposées par des associations contre le gouverneur de la Banque du Liban, indique le quotidien Le Monde dans son édition électronique.

L’une des plaintes aurait été déposée au nom de la fondation suisse Accountability Now par l’avocat Antoine Mausonneuve à l’encontre de Riad Salamé et la seconde le 30 avril par les avocats William Bourdon et Amélie Lefebre au nom de l’Association Sherpa, spécialisée dans la lutte contre la criminalité économique à travers le monde et d’un collectif franco-libanais.

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Selon le contenu de l’article, serait également accusé le propre fils de Riad Salamé, Nadi, âgé de 34 ans, et sa collaboratrice Marianne Hoayek dont le patrimoine serait d’origine douteux.

Le Patrimoine du gouverneur de la Banque du Liban – par ailleurs détenteur de la nationalité française – en place depuis 1993, atteindrait plusieurs centaines de millions d’euros et se serait accru de manière disproportionnée depuis son accession à la tête de la Banque Centrale Libanaise.

Le gouverneur de la BdL est également visé par une enquête suisse. Les autorités helvétiques l’accusent d’avoir détourné 300 millions de dollars des comptes de la Banque du Liban au bénéfice de son frère Raja Salamé. Une enquête parallèle a été ouverte au Liban même à la demande du procureur de la république, le juge Ghassan Oweidat, pourtant proche, comme lui du premier ministre désigné Saad Hariri qui a longtemps souligné l’immunité dont il jouit à la tête de la Banque du Liban.

Par ailleurs Riad Salamé a, à plusieurs reprises, refusé de se rendre – officiellement pour des raisons sécuritaires – auprès de la juge Ghada Aoun dans le cadre de l’enquête portant sur la manipulation du cours du dollar face à la livre libanaise. Le rôle du gouverneur de la BdL avait été mis en cause par le président du syndicat des agents de change officiel lui-même dès mai 2020.

Cette information intervient alors que le Liban traverse une grave crise économique induite en partie par une sur-évaluation de la livre libanaise durant des années ayant induit un assèchement des réserves monétaires, une hausse de l’endettement public tous 2 compensées artificiellement par l’utilisation des dépôts privés. Désormais plus de 65% de la population libanaise vivrait ainsi sous le seuil de pauvreté alors que la monnaie nationale a vu sa parité face au dollar être fortement dégradée.

Par ailleurs, la Banque du Liban se voit également accusée d’avoir financé durant des années des programmes au bénéfice de certains hommes politiques, comme dans le secteur de l’immobilier ou des carburants au bénéfice d’agents privés alors que le programme de financement à l’achat des produits de première nécessité devrait s’achever fin juin faute de réserves monétaires disponibles suffisantes.

Aussi, même si le gouverneur détient la nationalité française et pourrait ainsi échapper à l’interdiction d’entrer en France, Paris aurait instauré des sanctions visant des hommes politiques locaux accusés d’entraver la formation d’un nouveau gouvernement ou de corruption. Une telle enquête pourrait aboutir en France à son arrestation en cas d’entrée sur le territoire.

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