Salamé fait l’objet de multiples enquêtes européennes sur le détournement présumé de plus de 330 millions de dollars

Le gouverneur de la Banque centrale du Liban, Riad Salamé, a comparu mercredi au palais de justice de Beyrouth après qu’un deuxième mandat d’arrêt international a été émis contre lui en Europe.

M. Salamé fait l’objet de multiples enquêtes européennes sur le détournement présumé de plus de 330 millions de dollars de la banque centrale libanaise.

La notice rouge d’Interpol est intervenue après que la justice allemande a émis un mandat d’arrêt le 23 mai.

M. Salamé est soupçonné d’avoir blanchi des fonds mal acquis avec l’aide de son frère Raja en Europe, où lui et son entourage possèdent des propriétés évaluées à des millions.

Une notice rouge est un appel mondial lancé à tous les pays membres d’Interpol pour qu’ils aident à identifier et à arrêter un fugitif recherché par la justice.

Le Liban n’est pas obligé de s’y conformer et le pays a depuis longtemps pour politique de ne pas extrader ses citoyens.

Le 16 mai, la France a émis un mandat d’arrêt contre M. Salamé. Le gouverneur a été interrogé la semaine suivante par le procureur général près la Cour de cassation, Imad Kabalan .

M. Salamé a été prié de remettre ses passeports français et libanais à la justice libanaise.

Il s’est vu interdire de quitter le pays mais reste à son poste à la banque centrale.

Le juge Kabalan a entendu M. Salamé pour la deuxième fois, en relation avec la décision allemande, mercredi. Il a demandé au gouverneur de rester à la disposition de la justice, selon l’agence de presse officielle libanaise.

Il a également maintenu la confiscation de ses passeports et l’interdiction de voyager.

M. Kabalan a demandé l’accès aux détails de l’affaire auprès des procureurs allemands avant de prendre une décision.

Il avait précédemment demandé la même chose à la justice française.

Les appels à la démission du gouverneur se multiplient, mais le sujet reste sensible car M. Salamé bénéficie depuis longtemps d’un fort soutien politique depuis sa prise de fonction en 1993.

Le cabinet a confié à la justice libanaise le soin de statuer sur sa position.

Des observateurs affirment que la justice libanaise pourrait retarder toute décision, attendant l’expiration du mandat de M. Salamé fin juillet.

Les deux frères ont nié tout acte répréhensible, M. Salamé déclarant à plusieurs reprises qu’il n’avait reçu aucun fonds public sur ses comptes personnels.

Pas de show à Paris pour Raja Salamé

Raja Salamé devait être entendu mercredi à Paris dans le cadre de la même enquête pour détournement de fonds, a confirmé une source judiciaire à The National.

Il ne s’est pas présenté pour des “raisons de santé”, selon son avocat, qui a présenté un rapport médical, comme l’ont rapporté plusieurs médias locaux.

Riad et Raja Salamé, ainsi que Marianne Hoayek , l’ancienne assistante du gouverneur, font face à des accusations locales de blanchiment d’argent, de détournement de fonds et d’enrichissement illicite dans le cadre d’une enquête parallèle sur la corruption ouverte au Liban en 2021.

Raja Salamé a été arrêté et inculpé de « complicité d’enrichissement illicite » au Liban l’année dernière. Il a été libéré sous caution record de 100 milliards de livres libanaises (3,7 millions de dollars) après deux mois de détention.

Article écrit en anglais par Nada Maucourant Atallah et publié sur https://www.thenationalnews.com/mena/lebanon/2023/05/31/second-interpol-notice-issued-for-lebanese-central-bank-governor-riad-salameh/.

Nada Maucourant Atallah
Nada Maucourant Atallah est correspondante au bureau de Beyrouth de The National, un quotidien de langue anglaise publié aux Émirats arabes unis. Elle est une journaliste franco-libanaise avec cinq ans d'expérience au Liban. Elle a auparavant travaillé pour L'Orient-Le Jour, sa version anglaise L’Orient-Today et le journal d'investigation français Mediapart, avec un accent sur les enquêtes financières et politiques. Elle a également fait des reportages pour divers médias français tels que Le Monde Diplomatique et Madame Figaro.

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