La Culture, d’après le grand écrivain français André Malraux, constitue le principal moteur du développement d’une civilisation. Vu à travers ce prisme, le ministère de la Culture, dans n’importe quel pays, prend une importance tout à fait particulière et son rôle atteint une ampleur considérable. Sa mission est donc de promouvoir la Culture sous toutes ses formes (peinture, sculpture, musique, théâtre, lettres, etc.), mais aussi de sauvegarder et de mettre en valeur le patrimoine archéologique et historique.

Notre ministre de la culture au Liban est à l’opposé de ce concept ; il en est même très dérangé. En effet, il n’a pas cessé, depuis plus d’un an, de s’acharner contre nos sites archéologiques avec une obstination ahurissante. La destruction de l’installation portuaire phénicienne n’est malheureusement pas son premier crime contre le patrimoine puisqu’il couvre aussi le démantèlement de tous les sites découverts à Beyrouth (au rythme d’un site par mois) par une société privée.

J’accuse le ministre de la culture de détruire délibérément nos vestiges archéologiques, notre mémoire collective et notre identité.

Notre ministre ne cesse de déclarer « qu’il gouverne dans la continuité » ; il a même lancé un défi en direct sur la LBC à quiconque oserait citer un seul exemple qui le contredirait. A    peine un mois plus tard, il a publié dans le journal officiel un arrêté (n° 70) qui annule l’arrêté d’un ancien ministre, en l’occurrence M. Salim Wardy, qui avait inscrit l’installation portuaire phénicienne dans « l’inventaire des sites archéologiques » ; et pour comble de cynisme et de machiavélisme, il nous émerveille, le même jour et à la même page, avec l’arrêté n° 71 qui « classe le Tell Phénicien », en grande partie classé depuis 1996.

J’accuse le ministre de la culture de mentir intentionnellement en vue de tromper les libanais et de camoufler son crime contre le patrimoine.

Notre ministre est et restera le seul responsable, depuis le milieu du dix-neuvième siècle, à avoir déclassé un site archéologique en vue de le détruire et de le raser. Il entre donc dans l’histoire par la porte de la honte. Qu’il n’essaye pas de nous convaincre qu’il œuvre ainsi pour faire valoir l’intérêt national. Peut-être qu’il a été mu par un profond sentiment de pitié envers un milliardaire sans scrupule. Mais je n’y vois qu’un crime inqualifiable qui fait monter aux yeux des larmes de rage et de colère.

J’accuse le ministre de la culture d’avoir trahi sa mission en trahissant notre patrimoine. Il n’est tout simplement pas à la hauteur, la culture est le domaine des grands.

Qu’il dégage !…

Dr. Naji Karam
Professeur d’Archéologie Phénicienne
Ancien chef du Département d’Art et d’Archéologie (UL)

Libnanews

Pour rappel :

Dr. Naji Karam : L’installation portuaire phénicienne et le rapport de la honte

A lire également :

Rapport de M. Eric Gottwalles sur le port phénicien de Minet el-Hosn (Liban)

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Crédits Photos : François El Bacha – avec son aimable autorisation

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