Droite ou gauche au pouvoir, la ligne politique étrangère de la France ne se modifie guère

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La « cohérence » de la politique internationale française voudrait que monsieur François Hollande, le nouveau président français, applique la même politique que son prédécesseur en ce qui concerne la politique proche et moyen orientale de la France.  

Lors d’une interview récente sur France info, Alain Juppé de l’ancienne majorité présidentielle et ancien ministre français des affaires étrangères, s’est dit très agréablement surpris de constater la continuité de sa politique à la lecture de l’interview accordée au journal  Le Monde  par Laurent Fabius, son successeur socialiste.

En effet la politique étrangère de la France ne change pas fondamentalement lorsqu’il y a changement de majorité, nous le savions, là nous en avons la confirmation. Ceci n’est pas vrai dès lors qu’il s’agit de la politique intérieure ou que cela concerne la santé, la culture, le social, l’éducation, les impôts ou les retraites. Pourquoi la France, sur le plan international ne modifie-t-elle pas sa vision des choses en changeant de président et prochainement probablement de majorité ? Qu’est-ce qui justifie, malgré le changement opéré dans le pays, que la France ne change pas sa vision de la politique étrangère ? 

Qu’est ce qui explique, à part l’appartenance à l’OTAN, que la France évolue dans le sillage des USA tant dans l’interprétation que dans son implication dans les différentes crises qui secouent le Proche et le Moyen Orient ?

L’exception française incarnée par le Général de Gaulle à l’époque des deux blocs et ensuite par le Gaullisme est-elle à ce point enterrée alors même que s’en réclame l’ancien comme le nouveau président ? A toutes ces questions plusieurs niveaux de réponse. La crise économique qui touche les pays occidentaux explique en partie seulement cette position. Appliquant un partenariat commercial avec le Qatar par exemple, Paris échange son besoin énergétique avec les riches transactions de Doha. Le Qatar se distingue parmi les acteurs de la crise en Syrie comme très influent dans l’armement des rebelles de l’opposition au pouvoir en place.

L’influence exercée par la France sur les évènements du monde arabe est liée à ses intérêts. Ce qui peut choquer certains, n’étant pas du tout calquée sur les intérêts sécuritaires des pays en question. Le mélange des genres, confondant sciemment défense d’une valeur inestimable : la démocratie et certains intérêts matérialistes et mercantiles : le pétrole, trouve comme porte drapeau de cette stratégie médiatique un personnage, haut en couleurs, Bernard Henry Lévy philosophe, écrivain et cinéaste à ses heures perdues. Cette mixture est source d’ambiguïté et d’incompréhension, même au sein de l’opinion publique française qui finit par se poser des questions, mais bien après que les actions aient été achevées sur le terrain, du sens de ces interventions (Libye et demain peut être la Syrie).

En effet, à terme, la Syrie est sécuritairement menacée d’implosion.

Les informations concernant ce pays proviennent de « l’observatoire syrien des droits de l’homme », basé à Londres qui, malgré des connotations éminemment rassurantes, n’en font pas une source fiable d’information et ce jusqu’à preuve du contraire. Les infos y seraient puisées sans qu’aucune agence de presse ou aucun journaliste, ayant pignon sur rue, ne prenne la peine de les vérifier avant de les diffuser à très grande échelle et ce d’une manière quotidienne. Ce procédé renvoie le spectateur ou le lecteur incrédule vers l’exemple, présent dans les mémoires, bien que datant de quelques années déjà, du faux massacre de Timisoara en Roumanie.

L’objectif cynique était de faire tomber les Ceausescu.

Dans cette même logique l’on comptabilise quotidiennement le nombre de tués mis au crédit du pouvoir de Bachar El Assad. Ces sources accusent le régime des pires massacres visant à le discréditer, coûte que coûte, dans l’objectif  de destituer le dictateur à défaut de l’éliminer physiquement. Le Liban n’a pas tardé à être touché par ce qui se passe en Syrie ceci dans l’objectif d’accueillir la base arrière des opposants syriens, oubliant que ce pays, échaudé par plusieurs longues années de guerre civile, qui a les plus grandes peines du monde à se relever, n’a plus la force de supporter encore une fois la guerre des autres chez lui.

La Russie n’est pas en reste, elle déploie ses forces notamment balistiques dissuasives à destination de l’occident, le mettant implicitement en garde contre tout excès de zèle pouvant le conduire à ne pas respecter le droit international, passant outre les décisions du conseil de sécurité, sous couvert d’intervention humanitaire musclée, pour une intervention plus qu’aventureuse visant à diviser la Syrie à l’image de ce qui a été opéré en Irak et en Libye.

Mais le conflit qui s’enlise, au risque de contaminer son voisin libanais, paraît plus à risque de s’étendre au niveau régional voir mondial, la récente démonstration de force du 7 juin par les forces navales russes représente un message aux vrais commanditaires de la situation en Syrie : soit vous êtes prêts à des concessions, soit vous aurez droit à un conflit au moins régional sinon mondial.

On veut aussi s’attaquer à l’Iran et à son éventuelle arme atomique, considérant de fait que les iraniens en feront mauvais usage, à la différence d’Israël, du Pakistan, de l’Inde, de la Russie, de la France ou des USA qui ne l’utiliseront qu’à bon escient, faisant

L’Iran est un grand pays producteur de pétroleparti du cercle très fermé et dissuasif des détenteurs de cette arme dissuasive mais aussi la pire de toutes les armes si elle devait être utilisée. Et la Palestine dans tout cela, qui s’en préoccupe vraiment, où en sont les constructions illégales israéliennes en territoires occupés ?

Le processus de paix et la feuille de route auront-ils, au bout du compte, une solution ou resteront-ils au bord du chemin de la redéfinition du Proche et du Moyen Orient ? L’OTAN restera-t-il l’instigateur de la guerre totale en Syrie alors que la Russie de plus en plus semble endosser le rôle du justicier, prenant la défense des déshérités dans une stratégie visant ses propres intérêts même si cela passe, pour un certain temps seulement, par une vision humaniste que bien peu de puissances continuent d’en faire preuve ?

La France ne devrait-elle pas plutôt défendre les valeurs auxquelles elle croit et ne pas faire croire qu’elle les défend ? L’alternance ne devrait-elle pas pointer les failles et faire prendre conscience aux politiques de leur rôle moteur dans les avancées sociétales, défendant la première d’entre elles : la Paix dans le monde ?

Nous pouvons toujours rêver.

Dr Riad JREIGE

Montpellier – France

 

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