Élections législatives au Liban: Qui gagne la campagne virtuelle ?

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La notion de changement recouvre dans la “République” et dans les “Lois” des aspects historiques, sociaux, politiques et philosophiques. L’analyse de ces différents domaines encourage Platon, le philosophe antique de la Grèce classique, à choisir la politique comme voie et moyen de changement social.

Il est vite déçu par des expériences malheureuses.

Ce n’est pas le cas de Manal Kortam, une jeune femme militante des droits des femmes au Liban mais aussi des droits des réfugiés palestiniens, qui a le statut de réfugié palestinien au Liban lui étant de par son père, bien qu’elle soit de mère Libanaise.

Kortam choisit le 16 Mars 2018, date qui coïncide avec la période de constitution des listes de candidats aux élections parlementaires de Mai 2018 au Liban pour lancer sa campagne électorale virtuelle intitulée « Nous Existons, #WeExist ».

A travers #WeExist, Kortam se déclare candidate aux élections au siège palestinien à la troisième circonscription sans pour autant indiquer le lieu géographique de la circonscription- Faute d’attention ou faute d’inattention ? et d’ailleurs, un siège pour les Palestiniens réfugiés au Liban, est ce que ça existe ? Et depuis quand ?

En réponse à ces deux questions, la candidate présente son parcours et son projet qui d’après elle, a pour but de pousser le public Libanais mais surtout les candidats Libanais aux élections parlementaires de Mai 2018 :

  1. À œuvrer pour l’abolition des limites d’accès des réfugiés palestiniens aux droits civils, au monde du travail, à l’éducation, à la mobilité, aux services sociaux ainsi qu’à la propriété et encourager leur participation aux efforts d’inclusion des réfugiés palestiniens et le changement des attitudes envers leur présence au Liban,
  2. À la cessation des inégalités sociales et politiques entre les femmes et les hommes au Liban et mettre en exécution la “Convention Internationale pour l’élimination de toutes sortes de discriminations contre la femme” en enlevant les réserves faites par le Liban pour enfin réaliser la citoyenneté complète.

En effet, et comme l’avait annoncé le décembre dernier, le Premier ministre libanais Saad Hariri, suite au recensement officiel conjointement réalisé par le Comité de dialogue libano-palestinien, la Direction centrale libanaise des statistiques et le Bureau central palestinien de recensement et de statistique, le nombre réel de réfugiés palestiniens au Liban est de 174.422. Certains évoquaient 400.000 réfugiés palestiniens au Liban, l’ONU n’ayant pas effacé de ses listes les réfugiés partis dans d’autres pays. L’étude avait couvert les 12 camps de réfugiés palestiniens, devenus au fil du temps de véritables quartiers résidentiels, mais aussi 156 “agglomérations palestiniennes” jouxtant ces camps de réfugiés à travers le pays. Le Premier ministre avait renouvelé son soutien à la cause palestinienne et à l’engagement humanitaire et national pour le retour des réfugiés palestiniens dans un État indépendant.

« Mais alors, qu’est ce qui empêche l’État libanais d’assumer ses responsabilités envers les réfugiés palestiniens » demande Kortam ? et elle ne fait allusion ni à la “naturalisation” de ces derniers, ni à l’adoption de mesures qui les “priveraient de leur identité palestinienne” mais à l’engagement humanitaire et national pour le retour des réfugiés palestiniens dans un État indépendant ayant pour capitale Jérusalem mais avant tout  la poursuite des efforts qui permettent aux réfugiés palestiniens d’exercer leurs droits économiques, sociaux et culturels dans les mêmes conditions que le reste de la population du Liban.

Kortam parle avec beaucoup d’émotion de son expérience en tant que chef de projet de développement, aux côtés de jeunes réfugiés palestiniens qui cherchent à tout prix à échapper aux deux principaux problèmes du camp de Beddawi, la pauvreté et le chômage, sans pour autant entrevoir la fin du tunnel, un tunnel sans lumières… « Peut-on vivre sans espoir ? Espérer c’est se projeter vers l’avenir positivement, or les jeunes réfugiés du camp n’arrivent plus à créer une projection mentale de leur vision et de leurs objectifs, je sens qu’ils ont déjà secrètement renoncé à la vie en leur for intérieur » elle ajoute.

La deuxième problématique présentée par Kortam provient de la position des femmes au Liban dans l’organisation sociale. Malgré l’adhésion du pays à la Charte des Nations-Unies qui stipule que tous les Hommes, sont libres et égaux et ont les mêmes droits sans discriminations entre les hommes et les femmes, et la signature des traités internationaux, il y a encore une grande discrimination vis-à-vis des femmes dans les lois et dans la réalité.  « Le statut civil est la base de la discrimination contre les femmes. Des réformes ont récemment été mises en place mais les lois libanaises permettent toujours la violence et la discrimination envers les femmes », regrette Kortam.

Elle rappelle aux candidats aux prochaines élections législatives au Liban de s’engager à mener les réformes nécessaires afin d’améliorer les droits de la femme, qui devraient être au cœur de la prochaine législation. Mais aussi, par le biais d’un plaidoyer durable, de l’éducation et de la mobilisation #weExist vise à l’autonomisation des femmes, les habilitant à lutter elles-mêmes pour la garantie de leurs droits et libertés. A noter, le droit à une épouse libanaise d’accorder la nationalité à ses enfants et à son mari étranger, instaurer des lois laïques non confessionnelles pour protéger les droits des femmes, permettre aux femmes d’accéder aux postes de décisions politiques, réclamation d’une totale égalité dans la vie politique, faire évoluer la position de la femme dans la production, assurer les mêmes droits aux mêmes allocations sociales, avoir droit aux mêmes droits aux mêmes salaires et promotions, garantir un congé de maternité convenable et préserver son emploi en cas de retour après le congé de maternité, défendre les mêmes droits et les mêmes responsabilités au cours du mariage et les mêmes droits lors de la dissolution du mariage en matière de tutelle, de curatelle, de garde et d’adoption d’enfants

Pour Kortam, il est temps d’agir… de moderniser… d’évoluer… et de voter #weExist !


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