Crédit photo le journal libanais Al Akhbar : « A Bas Riad le voleur. A bas le règne du Dollar ». Banderole des manifestants libanais Jeudi 24 octobre 2019 houspillant Riad Salameh, gouverneur de la Banque du Liban. «Riad, le voleur». A bas le règne de la Banque centrale libanaise et le Liban renaitra

Le journal Nidaa al Watan, dirigé par feu Michel Mecattaf jusqu’à son décès tragique la semaine dernière, annonce le départ prochain du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé confronté aujourd’hui à de multiples procédures judiciaires tant au Liban qu’à l’étranger, des informations connues depuis longtemps par nos lecteurs.

Selon le quotidien Nidaa al Watan qui confirme désormais nos informations, le gouverneur de la Banque du Liban, accusé de détournement de fonds et de blanchiment d’argent ne pourrait plus constituer un négociateur de confiance dans le cadre des négociations menées avec le FMI en vue de débloquer l’aide économique internationale.

Il serait ainsi accusé d’avoir saboté les négociations précédentes menées par le gouvernement Hassan Diab avec des stratégies visant à minimiser les pertes du secteur bancaire mais également par le gouvernement Mikati présentant des solutions irréalisables, amenant à l’échec des discussions actuelles. Nidaa al Watan fait ainsi allusion à la répartition inacceptable pour le FMI des pertes du secteur bancaire au détriment en grande majorité des déposants et au bénéfice des actionnaires des banques.

Le quotidien arabophone confirme également que la communauté internationale ne soutient plus le gouverneur de la Banque du Liban mais qu’il s’agit de trouver un successeur pour mener la lutte contre la corruption ou encore le financement par le système bancaire du mouvemnt chiite Hezbollah d’où la visite d’une délégation américaine au Liban le mois dernier.

Le gouverneur de la BdL est désormais non seulement confronté à des enquêtes au niveau local mais aussi international comme le soulignent les dernières informations publiées par le site Médiapart en France.

Cependant, le gouverneur de la Banque du Liban jouirait encore d’un avantage, celui du fait que certains partis politiques ne souhaiteraient pas voir son successeur être nommé par le président actuel, le général Michel Aoun. Ils craignent en effet de voir être mis au grand jour les relations qualifiées d’incestueuses entre les banques et les partis politiques depuis les années 1990 quitte à le garder en place jusqu’à la fin du mandat présidentiel en dépit des pertes sectorielles qui continuent à se creuser à un rythme effrenné.

Ainsi, elles s’établiraient désormais à 73 milliards de dollars contre 30 à 34 milliards de dollars au début de la crise en 2019, du fait des obstacles placés dans la mise en place d’un contrôle des capitaux et d’autres mesures de régulation qui étaient pourtant nécessaires.

Côté gouverneur, il est désormais dans l’oeil de la justice de différents pays notamment après l’arrestation de son frère Raja qui aurait avoué les faits qui lui sont repprochés. En ligne de mire, l’affaire Forry & Associates et le détournement de plus de 330 millions de dollars placés sur les comptes personnels de son frère.

Désormais, il s’agit de mener un audit de tous les comptes de la Banque du Liban, ce qui pourrait révéler les détails sur le détournement de plusieurs milliards de dollars. Il ne s’agit plus d’une demande strictement libanaise mais aussi internationale via le Fonds Monétaire International.

Pour rappel, cet audit juricomptable est actuellement mené par la société Alvarez & Marsal.

Il s’agit de délimiter les responsabilités de chacun mais aussi d’empêcher à ce que de telles pratiques puissent se reproduire, notamment au niveau de la couverture des pertes de la Banque du Liban via la déclaration de profits fiduciaires et imaginaires.

De nombreuses autres questions sont également posées par le quotidien notamment au niveau de la récupération des sommes déposées par la population ou encore de l’or de la Banque du Liban.

Cependant, il reviendra au prochain gouverneur de la Banque du Liban d’y répondre tout comme il lui reviendra de mener une nouvelle politique dans le cadre des négociations avec le Fonds Monétaire International. Celui-ci contrairement à Riad Salamé devra coordonner la politique monétaire avec la politique économique du gouvernement et tenter d’unifier les différentes parités du dollar face à la livre libanaise en dépit de l’épuisement des réserves de la banque centrale.

La question de la responsabilité des banques et de leurs actionnaires et dirigeants est posée. Il faudra lancer une restructuration du secteur bancaire et élaborer des solutions appropriées conformément à la loi monétaire et de crédit. Il est impossible de sauvegarder le système actuel.

Des réformes devront aussi être mises en place en ce qui concerne la tutelle du secteur financier ou encore la lutte contre la corruption. Le secret bancaire devrait être aboli et avec lui, la mise en place d’un système de régulation du système bancaire différent de la supervision de la politique monétaire être mis en palce.

Enfin, il s’agit aussi de démanteler “l’héritage de Riad Salamé”, conclut le quotidien, et de remplacer les proches qu’il a mis en place par des fonctionnaires compétents dans le domaine, ainsi que de réduire le périmètre des activités de la BdL comme ceux de la MEA ou du casino du Liban.

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