Le site Mediapart révèle aussi dans un article en date du 18 mars de nouveaux aspects des enquêtes en cours en France dans le cadre du dossier Salamé. Il note ainsi que l’avocat du gouverneur de la Banque du Liban aurait changé la version des faits de son client ou encore que d’importants transferts ont eu lieu suite au dépôt de plaintes à son encontre et à l’encontre de ses proches.

Sa fortune fait aussi l’objet d’interrogations: “l’avocat assure que son client disposait d’un patrimoine de 23 millions de dollars lors de sa prise de fonction à la BDL en 1993, en partie le fruit d’un héritage de «la fin des années 1970, composé d’actifs immobiliers au Liban, lesquels ont été évalués en 2015 à 11 millions de dollars», des sommes aujourd’hui très éloignées du patrimoine dont il dispose et qui serait estimé à plus d’un milliard de dollars.

Parallèlement, son frère Raja bénéficiait de transferts de fonds de la Banque du Liban à ses comptes personnels en Suisse: “La justice helvète s’intéresse aux mouvements qui ont eu lieu entre 2001 et 2016 avec la banque HSBC basée à Genève. Le parquet suisse estime que près de 326 millions de dollars ont transité en 310 opérations bancaires. Officiellement censées être des « commissions » la quasi-totalité de ces sommes était transférée de nouveau sur le compte de Raja Salamé, le frère de Riad, qui a reçu 248 millions de dollars”.

Pour rappel, plusieurs banques libanaises sont également impliquées dans ces transferts de fonds et leurs dirigeants dont Salim Sfeir, président de la Bank of Beirut et de l’Association des banques du Liban ont leurs biens gelés et interdit de sortie du territoire, sur base d’informations fournies par les enquêteurs suisses et français à la juge Ghada Aoun et au juge Jean Tannous.

Extrait de l’article du site MédiaPart publié le 18 mars 2022

À travers cette location, Riad Salamé a ainsi impliqué son pays dans ses montages et l’affaire pourrait virer à l’incident diplomatique entre Paris et Beyrouth.

Sollicitée par les enquêteurs sur la présence de son homologue libanais, la Banque centrale française est catégorique: la BDL n’a pas de bureau de représentation enregistré en France et n’a le droit d’exercer aucune activité sur le sol.

«Nous vous confirmons que la Banque du Liban n’a pas de bureau de représentation en France et ne peut y exercer, ou être susceptible d’y exercer une quelconque activité nécessitant une autorisation de la Banque de France ou de l’ACPR [Autorité de contrôle des activités bancaires en France – ndlr]. La Banque de France a par ailleurs répondu sur ce sujet à toutes les sollicitations de la justice », a expliqué l’institution. Anna Kosakova et Riad Salamé n’ont pas répondu à nos questions à ce sujet.

Du côté de la loi de la monnaie et du crédit libanais, l’article vingt stipule que « le gouverneur et les vice-gouverneurs doivent se dédier entièrement à la Banque du Liban. Leurs fonctions sont incompatibles avec n’importe quel autre mandat législatif, fonction publique, activité dans une entreprise ou n’importe quelle fonction professionnelles, que ces activités soient rémunérées ou non ». La violation de l’article20 pourrait entraîner la destitution du gouverneur en vertu de l’article 19 du même code.

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