En octobre 2018, Donald Trump annonce son intention de retirer unilatéralement les États-Unis du traité sur les Forces nucléaires intermédiaires (FNI).   Le président de la Fédération de Russie s’est peu après exprimé plus largement sur cette décision qui pourrait produire des conséquences désastreuses sur la sécurité au niveau international, indiquant au passage sa sous estimation par les différents acteurs. 

« Actuellement, la Russie dispose d’armes hypersoniques capables de contourner les systèmes de défense antiaérienne. Nous espérons que le bon sens et l’entente mutuelle constitueront les bases d’un dialogue longtemps attendu sur des questions ayant trait à la stabilité stratégique et au renforcement d’un système basé sur la sécurité collective », à déclaré Vladimir Poutine.

Le retrait des États-Unis du traité FNI pourrait ruiner l’ensemble du système de contrôle des armes, a expliqué le président russe. 
“Une telle mesure aura les conséquences les plus négatives et affaiblira sensiblement la sécurité régionale et mondiale”, a affirmé M. Poutine qui s’exprimait lors d’une réunion du ministère russe de la Défense. 
“En fait, sur le long terme, il s’agit de la dégradation et même de l’effondrement de toute l’architecture de contrôle des armes et de la non-prolifération des armes de destruction massive”, a-t-il souligné.  
Encore ce jeudi 20 décembre, lors de sa conférence de presse annuelle, le président Vladimir Poutine a déclaré devant 1 700 journalistes locaux et étrangers : « On assiste aujourd’hui à une tendance croissante à minimiser la menace d’une guerre nucléaire dans le monde ». 
Toujours en allusion au retrait des États-Unis du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) au Moyen-Orient, Poutine s’est exprimé en ces termes : « La situation actuelle s’aggrave, ce qui est ignoré. On prétend même que cette question n’est pas vitale. Mais si cela se produit, cela conduira à la destruction complète de la civilisation humaine et même de la planète »

« Les États-Unis vont se retirer du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire. Il est difficile d’imaginer ce qui va arriver. Nous ne cherchons pas à devancer les Américains, mais nous voulons un juste rapport de forces. La Russie est capable de garantir la sécurité. Nous savons bien comment le faire », a précisé le président russe. 
« La destruction du système de contrôle des armes nucléaires et le retrait du traité FNI ranimeront en quelque sorte la course aux armements dans le monde. En ce qui concerne le traité New Start sur la réduction des armements nucléaires, qui expire en 2021, il n’y a toujours pas de discussion. Mais si les États-Unis décident de mettre fin à ce traité et de ne pas signer un nouveau traité, la Russie n’aura aucun problème avec cette décision et agira en conséquence », a indiqué Poutine.

« Aujourd’hui, le seuil de l’utilisation des armes nucléaires est en train de diminuer, ce qui peut conduire à une catastrophe mondiale », a-t-il averti.

Autrement dit, la Russie a œuvré pour ne pas utiliser l’arme nucléaire conformément à l’esprit du traité. Que les USA sortent unilatéralement du traité FNI ne ferait que relancer un retour au point de départ, à savoir le redéploiement de forces nucléaires.  

Pour rappel, le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI en français ; INF en anglais pour Intermediate-Range Nuclear Forces Treaty) est un traité visant le démantèlement par les États-Unis et l’URSS d’une catégorie de missiles emportant des charges nucléaires ou conventionnelles.  

Le titre formel du traité est en anglais : The Treaty Between the United States of America and the Union of Soviet Socialist Republics on the Elimination of Their Intermediate-Range and Shorter-Range Missiles et en russe : Договор о ликвидации советских и американских ракет средней и меньшей дальности, soit « Traité entre les États-Unis et l’URSS sur l’élimination de leurs missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée ».  

Signé le 8 décembre 1987 à Washington par le président américain Ronald Reagan et le Secrétaire général du Comité central du PCUS Mikhaïl Gorbatchev, il est ratifié par le Sénat des États-Unis le 27 mai 1988 et par l’URSS le lendemain. Il entre en vigueur le 1er juin de la même année, sans limitation de durée. Le traité INF concerne l’élimination de tous les missiles de croisière et missiles balistiques américains et soviétiques lancés depuis le sol et ayant une portée se situant entre 500 et 5.500 km. Il est le premier traité à avoir éliminé totalement une catégorie d’armement.  

Depuis 2007, Vladimir Poutine l’a mis en cause à plusieurs reprises comme desservant les intérêts de la Russie face au développement de missiles par la Chine et au déploiement en Europe de systèmes de défense antimissile par les États-Unis dans le but inavoué d’encercler la Russie. 

Sergueï Lavrov le ministre russe des affaires étrangères a rappelé que la Russie avait alors proposé d’organiser à l’assemblée générale de l’ONU des débats sur la question.  
Sergueï Lavrov s’est dit étonné par la réaction des pays européens, rappelant que l’ensemble de l’Union européenne avait voté contre l’examen de la question.  

En conclusion, Moscou regrette que le retrait de Washington du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) n’ait pas été examiné à l’Assemblée générale des Nations unies, explique cette réalité par le fait que de nombreux pays n’ont visiblement pas voulu se fâcher avec les États-Unis et s’étonne du vote de l’Union européenne.  

Al Ousseynou Hachem

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