J’ai mal à mon Liban …

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Quelque chose d’ineffable se meurt en nous
Nos cœurs meurtris se serrent, nos gorges se nouent
Une drôle d’impression s’empare de nous
Abattus, nous nous effondrons sur nos genoux

Quelque chose d’ineffable se meurt en nous
Nos cœurs meurtris se serrent, nos gorges se nouent

À la vue de ce cher pays qu’ils saccagent
Qu’ils transforment en un minable marécage
Où marinent des milliers de piteux bravaches
Si piteux que même le marais les recrache

Quelque chose d’ineffable se meurt en nous
Nos cœurs meurtris se serrent, nos gorges se nouent

Lorsque ces piètres individus se déclarent
Garant de l’ordre et de la Paix qui se font rares
Lorsque ces mêmes quidams se disent gardiens
De la patrie, alors qu’ils ne font vraiment rien

Quelque chose d’ineffable se meurt en nous
Nos cœurs meurtris se serrent, nos gorges se nouent

Face à cette patrie qu’ils châtient et lapident
Avec leurs ambitions perverses et cupides
Face à notre souveraineté qu’ils piétinent
Et à notre dignité qu’ils guillotinent

Quelque chose d’ineffable se meurt en nous
Nos cœurs meurtris se serrent, nos gorges se nouent

Quand un groupuscule d’illuminés barbus
Rejetons ignares d’une quelconque tribu
Font la vil’ guerre des autres sur notre sol
Qu’ils blasphèment en instituant leurs idoles

Quelque chose d’ineffable se meurt en nous
Nos cœurs meurtris se serrent, nos gorges se nouent

Devant ce pénible arsenal qu’ils nous importent
Qui met la haine et la violence à notre porte
Qui rend notre histoire, nos corps, nos âmes, nos noms
Des proies aux carnassiers et des chairs à canons

Quelque chose d’ineffable se meurt en nous
Nos cœurs meurtris se serrent, nos gorges se nouent

Lorsque nous assistons au fâcheux spectacle
De nos voies semées d’embûches et d’obstacles
Par ces mêmes individus qui nous gouvernent
Esclaves des puissances adverses qui les bernent

Quelque chose d’ineffable se meurt en nous
Nos cœurs meurtris se serrent, nos gorges se nouent

À la vue de ces milliers d’écœurés qui quittent
Leur terre natale où l’espérance s’effrite
Devant cette hémorragie perpétuelle
Ce triste sort, cette fatalité cruelle

Quelque chose d’ineffable se meurt en nous
Nos cœurs meurtris se serrent, nos gorges se nouent

Devant cette situation inextricable
Tellement désespérante et détestable
Qu’on a envie de crier fort sur tous les toits :
J’ai mal à mon Liban, ma terre que l’on foudroie

© Marie-Josée Rizkallah 2013 – Tous droits réservés.

Marie Josée Rizkallah
Marie-Josée Rizkallah est une artiste libanaise originaire de Deir-el-Qamar. Versée dans le domaine de l’écriture depuis l’enfance, elle est l’auteur de trois recueils de poèmes et possède des écrits dans plusieurs ouvrages collectifs ainsi que dans la presse nationale et internationale. Écrivain bénévole sur le média citoyen Libnanews depuis 2006, dont elle est également cofondatrice, profondément engagée dans la sauvegarde du patrimoine libanais et dans la promotion de l'identité et de l’héritage culturel du Liban, elle a fondé l'association I.C.H.T.A.R. (Identité.Culture.Histoire.Traditions.Arts.Racines) pour le Patrimoine Libanais dont elle est actuellement présidente. Elle défend également des causes nationales qui lui touchent au cœur, loin des équations politiques étriquées. Marie-Josée est également artiste peintre et iconographe de profession, et donne des cours et des conférences sur l'Histoire et la Théologie de l'Icône ainsi que l'Expression artistique. Pour plus de détails, visitez son site: mariejoseerizkallah.com son blog: mjliban.wordpress.com et la page FB d'ICHTAR : https://www.facebook.com/I.C.H.T.A.R.lb/

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