M. Joumblatt a raison M. Diab n’est rien surtout comparé au Bey, à son passé glorieux, celui de ses amis, et ses réalisations. Il n’est que chef du gouvernement après tout, non seigneur de Moukhtara, et ne règne pas sur des sujets.

Contrairement au chef du PSP M. Diab n’a pas encore eu le temps de faire ses preuves, il est donc trop tôt pour mentionner ses faits d’armes et souligner son bilan mais il est néanmoins possible de dire ce qu’il n’est pas. 
Politiquement il n’est rien : pas de parti politique, pas de grandes convictions idéologiques, ni partisans, ni militants, ni adhérents, ni miliciens, ni sbires ni milice. Il n’a aussi pas de mandat, de base populaire, de clientèle électorale encore moins une légitimité confessionnelle, pas de bloc parlementaire, de députés, pas même une baladiyé ou un Mokhtar à se mettre sous la dent.

Contrairement au Bey il n’a pas d’alliés régionaux ni de protecteurs internationaux, aucun carnet d’adresse et n’a été reçu nul part pas même par un Emir, un héritier du trône, un Vice-premier ministre, un secrétaire d’Etat adjoint ou même un chef de parti au pouvoir. 

Financièrement aussi il n’est rien et ne pèse pas lourd à côté de Joumblatt et de ses associés : il n’est ni propriétaire terrien ni à la tête d’un consortium d’entreprises, il ne possède ni banque, ni carrière, ni actions, ni participation au capital, ni investissements et ne reçoit ni rente ni commission. Peut être que M. Joumblatt voulait-il insinuer qu’il n’est rien parce qu’il n’a rien ?!

Historiquement il est moins que rien, n’a ni une prestigieuse lignée familiale, ni de glorieux ancêtres. Aucun rôle, pas même secondaire dans notre histoire contemporaine. Ni avant la guerre, ni pendant où il ne fut ni Seigneur de guerre, ni porte drapeau ou sous-fifre, encore moins après : que ce soit lors des accords de Taëf que lors de l’occupation, de la “reconstruction” ou de la Révolution du Cèdre. Pour ainsi dire, un illustre inconnu étranger au sérail, à la grande famille politique et à ses exploits. Il n’a rien fait, pas même contribué à la dette du pays, aux choix stratégiques, aux politiques économiques et financières et aux grandes lignes géopolitiques. Il n’a voté aucun emprunt, ni la conversion de notre dette en devise étrangère, ni de prorogation de mandat présidentiel ou parlementaire, ni de lois électorales, ni d’amnistie et ne s’est attribué aucun marché ni concession, ni domaine public. Et surtout il n’a jamais fait partie du moindre appareil sécuritaire. 

Il n’est rien et n’a occupé aucune place au sein des mouvements du 8 et 14 mars ; il était absent lors de la Révolution du Cèdre et n’a pas contribué par la suite à ses fulgurants succès ni pris part aux sempiternelles disputes, conflits d’intérêts, guerres d’influences, à la cooptation du pouvoir et au partage du gâteau. 
En effet, M. Diab n’est rien au sein de la mafia et de l’oligarchie régnante il n’a pas même été coopté et adoubé par les autorités religieuses de sa communauté. Il n’a ni sang sur les mains ni morts sur la conscience, il n’a envoyé personne au charnier ni participé ou ordonné de massacres.

Aussi il n’est rien selon votre lexique et selon les critères traditionnels de la politique libanaise et du Zaïm. Il n’est rien de ce que vous êtes et représentez et cela voyez-vous c’est déjà beaucoup! Il n’est rien comparé à l’Etat et à la nation. C’est peut être pour cela qu’il fera beaucoup, en tout cas bien plus que vous pour le pays, pour l’Etat de droit et pour l’intérêt général. Il n’est rien mais en attendant ses initiatives et ses mesures semblent quelque peu vous préoccuper.

Avec de la volonté politique, de la détermination, la mise en œuvre des instruments de l’ Etat de droit, l’activation adéquate de l’appareil judiciaire et, nous l’espérons, le soutien d’éléments raisonnés, responsables et constructifs du Hirak, même au cas par cas, il peut accomplir beaucoup. Parfois c’est la somme de tous ces petits “rien” qui font la différence.

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