Le Palais de Justice de la ville de Beyrouth.
Le Palais de Justice de la ville de Beyrouth.

Suite à sa visite en France où elle s’est exprimée devant une commission du sénat, la procureur du Mont Liban, la juge Ghada Aoun, fait l’objet d’une procédure de déferrement décidé par le président de l’inspection judiciaire, le juge Barkan Saad, devant le conseil de discipline judiciaire. Il lui ait reproché de s’être déplacée en France sans autorisation officielle ou d’avoir encore témoigné de manière offensante contre des juges libanais

Pour sa part, la procureur du Mont Liban indique être surprise et d’avoir obtenu cette permission du ministre de la justice Henry Khoury qui la lui aurait accordé.

Pour rappel, la juge Ghada Aoun avait ainsi accusé des hommes politiques, des banques, le gouverneur de la Banque du Liban de protéger et même d’être impliqué dans de vastes réseaux de corruption, profitant également de l’impunité offerte par des juges.

Ainsi, selon la juge, la corruption est présente dans chaque organe de gouvernance, « dans la politique, l’administration, la banque centrale ou dans le corps judiciaire. » Pour la magistrate, « cette situation est à n’en plus finir. » « C’est un crime contre l’humanité, ce qui est arrivé au Liban, on a volé tout un peuple », ajoute-t-elle. Nommée procureure générale près de la cour d’appel du Mont Liban en 2017, « j’étais ahurie de voir autant de dossiers concernant des affaires de corruption. Nous avons commencé à nous y attaquer notamment au sein de l’organe judiciaire. Nous avons découvert plusieurs juges corrompus recevant des pots-de-vin », explique-t-elle. Ce mal est également répandu « dans les forces de sécurité. » « Je n’imaginais pas l’ampleur de ce fléau », ajoute-t-elle.

Pour rappel, la juge poursuit actuellement, en coopération avec des enquêteurs français, allemands, suisses, belges et luxembourgeois, le gouverneur de la Banque du Liban, certains de ses proches et plusieurs banques libanaises soupçonnées de détournement de fonds.

Un commentaire?