Le siège de l'Association des Banques du Liban (ABL). Crédit Photo: NNA.

L’association des Banques du Liban aurait mis en garde le directeur de la délégation du FMI au Liban, Ernesto Ramirez, l’accusant d’exonérer “l’Etat de sa responsabilité, alors qu’il est le premier responsable en termes de pertes de crédit”. Cette information publiée par le quotidien An Nahar intervient au lendemain de la signature d’un accord entre le Pays des Cèdres et le FMI visant à débloquer une aide de 3 milliards de dollars face à la crise économique que traverse ce pays.

Pour rappel, outre la restructuration du secteur financier privé et public, l’accord conclu prévoit aussi l’utilisation du capital des actionnaires pour combler le déficit financier. En raison des pertes de ce secteur, la quasi-totalité du capital des banques pourrait ainsi être effacé comme le réclame le FMI, cela afin de favoriser les déposants, ce que refusent les actionnaires des banques.

Ces derniers souhaitent, comme le confirme le communiqué de l’ABL, la vente d’une partie du patrimoine public, allusion au plan de l’ABL présenté en 2020 qui prévoyait même la privatisation du littoral libanais ou encore le recours à la vente de l’or de la Banque du Liban.

L’association des Banque du Liban souhaite favoriser plutôt la mise en place d’un processus de négociation avec chaque créancier, note le quotidien. Pour rappel, ce processus pourrait s’avérer être compliqué du fait des relations étroites entre responsables politiques et banques, 43% des actionnaires des banques étant également politiquement exposés avant de noter que le processus financier de dédommagement passe avant celui de la mise en place des réformes à mener.

Si les actionnaires des banques ont réussi jusqu’à présent à écarter les déposants du processus de négociation, ils réclament désormais l’inclusion de toutes les partis prenantes dans les négociations qui sont pourtant aujourd’hui conclues.

Pour rappel, les banques libanaises sont régulièrement accusées d’être à l’origine des retards pris dans les négociations avec le FMI, ayant refusé tout d’abord la notion d’état de défaut de paiement puis après avoir vendu une grande partie des eurobonds qu’elles détenaient à des fonds vautours. Elles avaient ensuite annoncé avoir activé leurs relais au sein du parlement et notamment au sein de la commission parlementaire des finances et du budget en vue d’obtenir une diminution des estimations des pertes du secteur financier à seulement 20 milliards de dollars au taux de change officiel, très loin des estimations du gouvernement d’alors, le gouvernement Hassan Diab ou encore de celles du FMI qui tablaient sur des pertes de 83 milliards de dollars.

Pourtant, les banques libanaises sont de facto également considérées comme en état de défaut sélectif par les agences de notation depuis novembre 2019, après l’instauration d’un contrôle informel des capitaux.

Depuis, ils ont tenté de faire porter aux déposants les pertes du secteur bancaire, via les fameuses circulaires de la Banque du Liban dont la circulaire 154 permettant le retrait de dépôts dollars au taux de 3900 LL/USD puis à 8 000 LL/USD, voire même en proposant un haircut sous la table de 80% à leur clientèle, avec pour objectif de faire porter une partie de ces pertes à leurs clients.

En septembre 2021, alors que Najib Mikati venait d’être nommé, l’Association des Banques du Liban a publié de nouvelles recommandations concernant le plan de sauvetage de l’économie libanaise lourdement impactée par la crise économique au détriment à la fois de l’état et des déposants.

Ce plan semblait alors indiquer que l’association semble désormais reconnaitre que la crise économique a été induite bien avant la déclaration de défaut de paiement, mettant en cause également l’effondrement des réserves monétaires de la Banque du Liban comme à l’origine des pertes du secteur bancaire. Cependant, ce plan induisait toujours une sorte de mise en hypothèque des biens publics pour rembourser les établissements bancaires, notamment avec la création d’une société regroupant ces biens au bénéfice de la Banque du Liban et non des institutions de l’état accordant des obligations en échange des dettes et prévoyait la hausse de la TVA au détriment des personnes les plus vulnérables ou encore la baisse des salaires de certains employés du secteur public dont les militaires dont les soldes ne représentent déjà plus que 30 USD par mois, loin en-dessous de la ligne de pauvreté.

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