Dans le plus pessimiste des cas, la nomination de Hassan Diab à la tête du gouvernement ne serait qu’une maigre réponse aux attentes des insurgés, qui ne suffira certainement pas à les sortir de la rue.
Le cas de figure plus optimiste consisterait à penser que cette nomination n’est qu’une étape – mais une étape incontournable – au déracinement de 30 ans de Haririsme; l’une des exigences privilégiées de l’insurrection en général, et de la Société Civile, notamment.
Ainsi, il est bien possible qu’une solution à ce déracinement ait enfin mûri, et qu’elle serait plus facilement applicable à un bouc émissaire désigné par l’opposition, plutôt qu’au trop populaire Saad Hariri lui-même.
De cette façon, toute nouvelle désignation d’un prochain Premier Ministre qui ne serait ni Diab ni Hariri serait relativement garantie d’être perçue par les nombreux partisans du Courant du Future – aujourd’hui en colère – comme une revanche suffisamment apaisante pour être saluée de tous:
Situation gagnante-gagnante dans laquelle les insurgés auront réussi à mettre fin à 30 ans d’une dynastie entâchée de tous les dossiers de corruption qu’on sait, et qu’on avait fini par croire indétrônable, et les loyalistes au régime sortant, à renverser celui que la CNN qualifiait déjà, ce matin, de candidat du Hezbollah.
Dans l’un des cas, ce salut de la dernière chance s’appellerait Nawaf Salam dont le boulevard est déjà en grande voie d’asphaltage. Sinon, un salut beaucoup plus radical viendrait du Commandant en Chef de l’Armée qui, jusqu’au jour d’aujourd’hui, fait l’objet d’une quasi unanimité à l’échelle nationale.
Quant à la question de savoir laquelle de ses deux sorties du tunnel est la moins périlleuse et la plus probable, la visite ce matin du diplomate David Hale devrait apporter un éclairage déterminant.
Sary Tadros