Le Président de la République, le Général Michel Aoun, s’est adressé à la population libanaise et notamment aux manifestants présents dans les rues depuis jeudi 17 octobre, soit une semaine exactement après le début du mouvement.

Le Général Aoun a dénoncé les blocages qui ont visé les plans de réformes politiques et économiques, estimant que certaines personnalités ont joui de protections politiques et indiquant qu’il y a plusieurs textes de loi en projet depuis 2013, certains déposés par lui-même quand il était député. Ces projets visent notamment à récupérer les sommes détournées des administrations publiques.

Il a également souligné la nécessité de changer le système économique actuel qui a amené à la crise.

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Je vous parle aujourd’hui, comme toujours, de cœur à cœur, où que vous soyez dans les manifestations ou chez vous.
Les images que nous voyons confirment que le peuple libanais est un peuple vivant, capable de se soulever, de changer et de se faire entendre.
Il a également souligné que les libertés au Liban sont toujours bonnes.
Mais, malheureusement, cette situation n’aurait pas dû se produire et votre cri aurait dû être un cri de joie pour réaliser vos ambitions et vos rêves, pas un cri de douleur.
Nous sommes un peuple créatif, fort et qui a réussi, mais le sectarisme nous a brisé, réduit à néant en raison de la corruption, et nous avons laissé ceux qui ont conduit le pays à l’abîme sans responsabilité.
Le premier jour, j’ai prêté serment d’assumer mes responsabilités en tant que Président de la République pour préserver le Liban et je me suis engagé à lutter farouchement contre la corruption. Nous avons réussi à amener le Liban à une situation sécurisée et stable, mais les préoccupations économiques et financières demeurent.
Mon ambition était, et reste, de pouvoir me débarrasser de la mentalité sectaire qui régit le pays depuis son existence, et qui est à la base de tous ses problèmes, pour atteindre un État civil où les citoyens sont égaux devant la loi, où chaque personne compétente atteint la position qu’elle mérite, ainsi que la décentralisation administrative offrant des services plus rapides et facilitant la transparence locale.
Mais vous savez et vous savez très bien que nous sommes dans un pays de partenariat et de démocratie. Le Président de la République, en particulier après Taëf, a besoin de la coopération de tous les partis du gouvernement et de la Chambre des représentants pour réaliser les plans d’action, de réforme et de sauvetage et pour tenir les promesses faites sous serment aux Libanais.

Ne dites pas cela pour blâmer les autres. En fin de compte, je suis président mais aussi un fonctionnaire et je n’ai pas tous les moyens de réformer et de promouvoir le Liban.
La réalité est qu’il existe de nombreux obstacles et que les intérêts personnels qui sont contrôlés par des mentalités et que de nombreux partis considèrent que les gens n’ont plus leur mot à dire, qu’ils sont capables de faire ce qu’ils veulent et que les gens restent silencieux.
Malgré toutes les difficultés, nous avons pu progresser, même de manière insuffisante, dans de nombreux domaines.
Chaque jour, quand je parlais de la lutte contre la corruption, il y avait certainement des personnes qui en étaient gênées.
Ces personnes se sont retournées contre les initiatives (de réforme) et les plans d’action préjudiciables à leurs intérêts personnels
Vous voulez récupérer l’argent pillé?
Il faut sûrement le rendre.
Je demande la restauration et j’ai soumis une loi pour cela.
À ce jour, des milliards de budgets antérieurs ont été vérifiés par le Bureau de la vérification.
Quiconque qui a volé de l’argent public doit être tenu pour responsable, mais il est important que sa communauté (religieuse) ne le défende pas aveuglément.
Que le voleur n’ait pas de secte et ne représente aucune religion, nous révélons tous les témoignages de fonctionnaires et laissons le pouvoir judiciaire rendre compte de ses actes. Le politicien initie et contrôle la responsabilité par le biais de l’appareil judiciaire, dont les présidents sont nommés parmi les meilleurs juges et sont dignes de confiance. Une déclaration publiée par le Conseil Supérieur de la Magistrature il y a deux jours l’a confirmé.
De plus, je suis attaché à l’adoption de lois anti-corruption, mais cela est de la prérogative de la Chambre des représentants. Je sollicite votre aide pour cette approbation. Comme je l’ai dit aux juges après leur nomination, je vais répéter aujourd’hui, je suis le protecteur du pouvoir judiciaire et je les appelle me référer à tout ceux qui s’immiscent dans vos affaires.

Chers Messieurs,
Il est possible que vous n’ayez plus confiance dans la classe dirigeante, dans les partis ou dans la plupart des représentants de l’État, ce qui m’a amené à aller consulter le gouvernement.
L’impôt est devenu, pour vous, une perte entre le gaspillage et la corruption des fonds publics.
Aujourd’hui, en tant que Président de la République, je vous assure que le document de réforme, adopté, constituera un premier pas pour sauver le Liban et éliminera le spectre d’un effondrement financier et économique.
Mais cela doit s’accompagner d’un ensemble de lois. La véritable lutte contre la corruption passe par des lois et une application stricte de la loi, et non par des slogans, des ventes aux enchères et des campagnes politiques.
Vous devez savoir que la Chambre des représentants a présenté un certain nombre de projets de loi, notamment une loi sur la création d’un tribunal spécial pour les crimes liés à l’argent public, que j’ai personnellement soumise en 2013.
Une deuxième proposition consiste à récupérer les fonds volés, une troisième proposition vise à lever le secret bancaire des présidents actuels et anciens, des ministres, des députés et des employés de la première catégorie, et une quatrième proposition vise à lever les immunités des ministres et des députés actuels et anciens et de tous ceux qui utilisent des fonds publics.
Ces lois doivent être adoptées le plus rapidement possible. Demandez à vos députés de les voter, de sorte que tous les fonctionnaires soient légalement responsables, et qu’il n’y ait pas de protection sur qui que ce soit. Si vous réussissez, votre deuxième exploit sera accompli.
La réforme étant un acte politique d’excellence, il est devenu nécessaire de reconsidérer l’état actuel des choses pour que le pouvoir exécutif puisse s’acquitter de ses responsabilités, bien sûr, au travers des principes constitutionnels en vigueur.

Chers Messieurs,
Votre cri ne sera pas vain, comme tous les cris qui ont rempli les places auparavant et qui ont restauré la liberté, la souveraineté et l’indépendance du Liban.
La liberté d’expression est un droit respecté et réservé pour tous, mais la liberté de circulation est un droit de tous les citoyens et doit être respecté et garanti.
Je vous invite tous à être des observateurs pour mettre en œuvre les réformes, et les places vous sont toujours ouvertes, en cas de retard ou de retard.
Et de mon côté, je serai la garantie et je vous informerai tout ce qui se passe. Je ferai de mon mieux pour amener une réforme.
J’ai entendu beaucoup d’appels pour abandonner le régime. Mais le régime ne se change pas dans les rues.
Il est vrai que notre régime doit être développé, car il est paralysé depuis des années et est incapable de se développer, mais cela ne peut se faire que par le biais d’institutions constitutionnelles.
Il est également temps de changer le modèle économique pour devenir productif et créer des emplois.
J’assure les manifestants et les manifestantes que je suis prêt à faire part de vos préoccupations à vos représentants et à écouter précisément vos revendications.

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