De source médiatique, on indique que le Fonds Monétaire International refuserait le plan du gouvernement Mikati III et ceux de l’Association des Banques du Liban faisant assumer la dette publique aux déposants ou encore au trésor public.

Ainsi l’institution internationale estime que la dette publique est injuste, causée par la corruption et la connaissance des prêteurs, comme les banques privées et qu’il est hors de question de voir la population payer directement ou indirectement celle-ci. Par conséquent, tout plan de restructuration ne devrait pas amener à la constitution d’un fonds souverain constitué par les biens publics, donc ceux de la population ou encore par l’or du Liban pour couvrir les pertes du secteur financier.

Pour rappel, la dette publique libanaise dépasse désormais plus de 100 milliards de dollars dont 50.1 milliards de dollars en billet verts dont 5.7 milliards de dollars pour la Banque du Liban 15.6 milliards de dollars au trésor public, 14.7 milliards de dollars en eurobonds, 11.8 milliards de dollars en bons du trésor et 2.3 milliards de dollars contractés envers des pays étrangers et des institutions internationales en plus de 80 000 milliards de livres libanaises.

L’annulation des obligations de l’état envers la BdL et les banques impactant les déposants

Cette information intervient alors que le gouvernement Mikati III a décidé d’annuler les obligations de l’État envers la Banque du Liban lors de sa dernière session avant de devenir un cabinet démissionnaire. Cette annulation de la dette publique pourrait impacter négativement l’économie libanaise, la Banque du Liban, qui a prêté des devises étrangères étant elle même débitrice pour plus de 70 milliards de dollars envers les banques privées. Ainsi, elle serait de facto en faillite ou pourrait rembourser ces sommes en livres libanaises, augmentant ainsi la masse monétaire et ainsi l’inflation.

Par ailleurs, le gouvernement a également annulé les obligations de l’État envers les banques qui lui ont prêté 14,7 milliards de dollars américains et plus de 22 000 milliards de livres libanaises à 1507,5 livres libanaises, ce qui est équivalent au capital des actionnaires des banques. Les établissements locaux, déjà considérés comme de facto en faillite depuis l’instauration d’un contrôle informel des capitaux, sont donc désormais en grande difficulté en dépit d’une illusion de maintien depuis 3 ans.

De facto aussi, ces annulation pour des sommes allant au total de plus de 90 milliards de dollars équivaudraient à presque la totalité des dépôts encore existants de la clientèle des banques qui pourraient aussi souffrir de cette décision.

Pour sa part, le FMI estime que les banques dont les actions appartiennent à 43% à des personnes exposées politiquement et les gros déposants – qui prêtaient en connaissance probable de cause – devraient être les premiers à subir la répartition des pertes du secteur bancaire, ayant bénéficié durant des années d’importants intérêts et de dividendes. Il exigerait aussi la protection des petits déposants plus impactés par la crise économique actuelle. Si le précédent gouvernement Diab souhaitait que les comptes de moins de 500 000 USD puissent bénéficier de cette protection, désormais ce seuil aurait été revu à moins de 100 000 USD par le gouvernement Mikati.

Des négociations avec des fonds vautours qui pourraient amener à de nombreux rebondissements

Par ailleurs, se posent aussi d’autres interrogations sur le rôle des banques elles-même qui ont vendu d’importants montants en eurobonds à des fonds vautours comme Ashmore Group peu avant la déclaration d’un état de défaut de paiement en 2020. Des négociations devraient être ainsi menées avec des détenteurs d’eurobonds étrangers dont font partis ces fameux fonds vautours.

Les fonds étrangers qui détenaient ainsi une part importante de la dette publique libanaise ont déjà constitué des groupes en vue de débuter des négociations avec le gouvernement libanais. Cependant ce dernier n’a toujours pas entamé la procédure de son côté.

Des mesures locales jugées insuffisantes

Le FMI jugerait par ailleurs plusieurs mesures prises par le gouvernement Mikati III comme insuffisantes, notamment en regard de la situation financière.

Il s’agit notamment du cas des textes liés au contrôle des capitaux qui n’abordent le transfert de devises étrangères que du point de vue du secteur bancaire sans prendre en compte les comptes en dollars frais, permettant ainsi d’en détourner les usages.

Ainsi, des personnes utiliseraient ces comptes pour acheter des dollars sur les marchés parallèles puis les transféreraient à l’étranger via ce mécanisme, augmentant ainsi la pression sur la livre libanaise. Il s’agirait notamment de commerçants qui utiliseraient le taux de change de Sayrafa sans importer réellement de marchandises au Liban comme prévu dans le cadre de ce dispositif, faute de contrôle.

De la contrebande de devises étrangères serait également constatée en dépit de l’affaire Mécattaf via également des dollars achetés via Sayrafa ou encore le marché noir.

Ainsi, si le financement des besoins essentiels du Liban est estimé à 7 milliards de dollars, ce n’est pas moins de 14 milliards de dollars qui ont été perdus par la Banque du Liban au cours des 3 dernières années à son seul niveau démontrant la nécessité de mettre fin aux transferts illégaux.

Des réformes jugées insuffisantes

Côté structurel, des sources proches du FMI jugent les efforts du gouvernement Mikati III insuffisantes, notamment sur le plan de l’électricité publique et l’échec à la hausse des prix de l’électricité ou encore pour la Banque Mondiale, l’absence de libéralisation de ce secteur.

Pour l’heure, les investissements CEDRE sont également gelés alors qu’ils sont nécessaires pour assurer le retour de la croissance en raison d’un secteur financier défaillant et incapable d’assurer tout financement même restructuré suite à la taille des pertes auxquels il fait face.

Toujours côté réforme, le budget 2022 est jugé irréalisable notamment en raison des objectifs de parité de la livre libanaise face au dollar. Ainsi, le déficit public serait plus important que prévu par rapport à la parité au marché noir et devrait amener à d’importants amendements du projet présenté. Par ailleurs, le FMI juge nécessaire un audit des finances publiques entre 2004 et 2020 pour clarifier la position exacte des comptes publics ce qui amènerait au refus de certains groupes politiques, allusion notamment aux pratiques durant le mandat Fouad Saniora où pas moins de 11 milliards de dollars auraient été dépensés sans aucun contrôle.

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