Le chef de l'Etat, le Général Michel Aoun, lors de son allocution télévisée à l'occasion des élections législatives du 6 mai prochain. Crédit Photo: Dalati & Nohra

S’exprimant à l’occasion de la Journée Nationale contre la corruption, le Président de la République, le Général Michel Aoun, s’est exprimé sur Twitter, appellant la population à lutter contre la corruption, “retranchée derrière les quotas”, allusion au système politique confessionnel et instrumentalisé en vue de protéger certains dirigeants.

À l’occasion de la Journée internationale de la lutte contre la corruption, que notre choix soit d’éradiquer ensemble cette épidémie meurtrière, qui se cache derrière des quotas et des dépendances, et qui contredit notre rôle et notre mission, pour l’avenir de nos énergies et de notre jeunesse.Nous construirons ainsi un pays qui est un exemple, pas un État instable qui tombe à chaque fois que la corruption devient plus forte que lui.

La lutte contre la corruption, endémique au sein des administrations publiques libanaises, fait partie des conditions de la communauté internationale afin de débloquer son aide face à la crise financière que traverse le Liban.

De nombreuses affaires contre la corruption, notamment suite à plusieurs plaintes contre certains dirigeants libanais comme plusieurs anciens premiers ministres comme Fouad Saniora ou encore Najib Mikati – dans le cadre d’une enquête menée par les autorités européenne pour détournement de fonds accordés par l’UE – n’ont pour l’heure pas abouti à des résultats tangibles localement même si des enquêtes seraient toujours en cours.

Par ailleurs, les autorités américaines ont visé par des sanctions économiques plusieurs personnalités libanaises ces derniers mois, comme l’ancien ministre des Affaires Etrangères, Gébran Bassil, le bras-droit du Président de la Chambre Nabih Berri, Ali Hassan Khalil ou encore l’ancien ministre des Transports Youssef Fenianos, les accusant, outre de liens avec le Hezbollah, d’être eux même corrompus.

Focus sur le port de Beyrouth, un espace où la corruption était généralisée

L’explosion du Port de Beyrouth a révélé l’ampleur d’un système massif de corruption dans lequel tous les partis politiques seraient impliqués sans aucune exception, estiment les experts.

Le refus des autorités libanaises à la mise en place d’une enquête internationale serait lié à la crainte de voir l’ampleur de la corruption touchant la principale porte du Liban et où seraient impliqués la quasi-totalité des partis politiques libanais, y compris certains qui réclament aujourd’hui cette enquête, notent certaines sources médiatiques, sous le couvert d’une autorité temporaire de gestion du port de Beyrouth dont les nominations se faisaient selon des lignes sectaires officiellement.

Mis quasiment en cause en raison de sa proximité par rapport à l’ancien directeur du port de Beyrouth Hassan Koraytem en place depuis plus de 20 ans, Saad Hariri dément aujourd’hui tout lien direct avec ce dernier.

Sur place, les opérateurs notent que le transit des marchandises donne souvent lieu à un racket. Ainsi, pour pouvoir sortir des marchandises du port de Beyrouth, d’importants dessous de table doivent être fréquemment payés.

D’autres notent que certaines cargaisons ne sont pas vérifiées. Des marchandises sont également sous-facturées afin de ne pas payer les taxes pourtant dûs à un état en crise financière.

Certaines sources soulignent que les différents partis politiques libanais s’étaient partagés les revenus du port de Beyrouth , rendant difficile actuellement de connaitre les responsabilités de chacun dans cette explosion.

Plusieurs partis politiques, de la majorité comme de l’opposition, souhaiteraient également conclure de manière rapide l’enquête étant impliqués dans différents trafics qui ont lieu depuis ou vers le port de Beyrouth. Ils souhaiteraient ainsi éviter à ce qu’on puisse découvrir le degré d’implication de chacun et des violations sécuritaires nécessaires à la poursuite de ses trafics. 

Aussi, des responsables sécuritaires avaient prévenu les autorités politiques à plusieurs reprises au cours des dernières années, les autorités judiciaires n’ont pas décidé de la mise en oeuvre des mesures de transfert nécessaires de la cargaison.

Certaines sources proches du dossier soulignent également la responsabilité de plusieurs administrations dans le port de Beyrouth, d’autant que de hauts responsables étaient informés du danger posé par le stockage de manière inadéquate de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium depuis 2014.

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