Crédit photo le journal libanais Al Akhbar : « A Bas Riad le voleur. A bas le règne du Dollar ». Banderole des manifestants libanais Jeudi 24 octobre 2019 houspillant Riad Salameh, gouverneur de la Banque du Liban. «Riad, le voleur». A bas le règne de la Banque centrale libanaise et le Liban renaitra

Un groupe d’activistes basé à Londres a accusé nommément le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé ainsi que ses proches, de corruption et de blanchiment d’argent sale.

Le groupe qui s’appelle Guernica37 a ainsi transmis ce rapport à la police britannique dès l’année dernière ainsi qu’à l’Agence Nationale de lutte contre le crime. Ce rapport a été préparé à la demande de groupes d’activistes de la société civile libanaise.

Une enquête préliminaire serait également en cours pour vérifier les informations publiées. Il s’agira ensuite d’ouvrir une enquête formelle.

Riad Salamé aurait ainsi pu détourner plusieurs centaines de milliards de livres sterlings, réinvestis en actifs financiers en Grande Bretagne, accusent les auteurs de ce rapport qui l’ont également transmis aux autorités judiciaires d’autres pays européens.
Riad Salamé, qui a pris connaissance de ce rapport estime qu’il s’agit de fausses allégations.

Ce rapport accuse notamment le gouverneur de la Banque du Liban d’avoir fait bénéficier un certain nombre de ses proches dont son ex-gendre, avocat. Recourir aux services de ce dernier était alors obligatoire afin de procéder à des achats d’actions de gré à gré des banques libanaises.

Le rapport de Guernica37 (en anglais)

210105-Lebanon-Corruption-redacted-copy-1

Cette information intervient alors que Riad Salamé avait déjà vu ses avoirs hébergés par la Suisse être gelés en raison de soupçons de détournements de fonds de la Banque du Liban, dans le cadre d’une autre affaire, portant cette fois-ci au sujet de transferts de fond à l’étranger. 

La somme gelée par les autorités helvétiques serait ainsi estimée à 400 millions de dollars. 

Le gouverneur de la Banque du Liban est sur la sellette sur le plan international après avoir refusé, dans un premier temps, l’audit juricomptable des comptes de la Banque du Liban. Certaines sources estiment que cette procédure pourrait permettre la découverte de nombreuses anomalies financières dont certaines pourraient être liées à la crise que traverse actuellement le Liban. 

Riad Salamé serait notamment accusé d’avoir favorisé certains groupes bancaires et leurs actionnaires au détriment de l’intérêt des déposants via des opérations d’ingénierie financières souvent comparées à un schéma de fraude de type Ponzi. La Banque du Liban a ainsi reversé près de 16 milliards de dollars entre 2016 et 2018, vidant ainsi une grande partie de ses réserves monétaires en faveur des établissements bancaires alors que ces établissements sont désormais considérés insolvables à l’étranger, ayant reversé la majeure partie de leurs profits à leurs actionnaires. 

Le cabinet d’Alvarez & Marsal annonce son retrait de la procédure d’audit juricomptable, le 20 novembre 2020 après que la Banque du Liban ait refusé de répondre à 57% des questions posées, sous le prétexte du code du crédit et de la monnaie ou encore des législations liées au secret bancaire, plongeant le Liban dans l’incertitude. En effet, cet audit est désormais considéré comme essentiel pour l’obtention de l’aide de la communauté internationale, alors que les experts étrangers estiment qu’il s’agit plutôt de couvrir certaines anomalies et que l’enquête suisse vise à faire pression sur le gouverneur lui-même pour qu’il coopère totalement dans la procédure d’audit juricomptable. 

Pour rappel, des rumeurs faisant état du transfert pour un montant estimé de 2.5 milliards de dollars appartenant essentiellement à des personnalités politiques et du monde des affaires ont provoqué un vif émoi en janvier 2020 avant d’être rapidement oubliée, alors que la majorité de la population libanaise est toujours confrontée à une grave crise de liquidité, qui a encore empirée alors que le l’association des banques du Liban (ABL) ait décidé de limiter les retraits et d’interdire « sauf cas urgent », les transferts à l’étranger.

Pour rappel, dès le 30 décembre 2019, le procureur de la république, le juge Ghassan Oueidat, avait demandé des informations préliminaires concernant ces transferts pour ensuite estimer les transferts à 5 milliards de dollars. 

Cependant, l’enquête libanaise actuelle semble être suspendue en raison de protections politiques dont jouissent certaines hautes personnalités dont le gouverneur de la Banque du Liban. 

Certaines sources indiquent cependant, que les autorités suisses ont pu se saisir du dossier sans donner plus de détails en raison du secret de l’enquête.

Un commentaire?