Le Palais de Justice de la ville de Beyrouth.
Le Palais de Justice de la ville de Beyrouth.

Alors que 350 des 500 juges que compte le Liban ont décidé d’entamer une grève générale suite à la décision de la Banque du Liban d’arrêter de les payer via la parité de 8 000 LL/USD sur décision de son gouverneur, le premier juge d’instruction du Mont du Liban, le juge Nicolas Mansour, qui justement étudie le dossier de Riad Salamé et de ses proches estime que certains intérêts influents tentent d’étouffer l’appareil judiciaire afin de mieux le corrompre.

Dans une déclaration faite aux médias, Nicolas Mansour estime ainsi que l’indépendance de la justice est, plus que jamais, un enjeu et son indépendance se heurte à l’arrestation de certaines personnalités, allusion aux dossiers concernant les banques libanaises mais également sur le plan de l’enquête en cours portant sur l’explosion du port de Beyrouth.

justice”Et plus les juges crient pour demander la fin de leur injustice et la justice pour leurs droits, plus les voix des traîtres et des bénéficiaires se font entendre”, allusion notamment aux menaces de l’association des banques du Liban à entamer une grève générale en cas de poursuite des dirigeants des établissements financiers.

Nicolas Mansour dénonce également la dégradation des conditions de travail du personnel judiciaire, confronté à l’absence d’électricité, d’eau, et où “la lumière est remplacée par celle des téléphones comme source d’éclairage”, et sans climatisation.

Le juge note aussi que les déplacements se font désormais aux frais des juges, certains d’entre eux ne pouvant même plus se déplacer et ainsi prolongent la période de détention de certains détenus.

Le juge Mansour poursuit, accusant certains intérêts de vouloir ainsi appauvrir le personnel judiciaire afin de mieux le corrompre et ainsi obtenir leurs intérêts.

Il poursuit:

Par conséquent, et sur la base de la lecture du peuple libanais qui rejette cette réalité et adhère à une justice indépendante, impartiale et juste, nous décidons :

Premièrement : Considérer nos droits, notamment en termes de salaire équitable qui convient à la position et à la responsabilité du juge, comme sacrés. Il n’y a pas de marchandage à leur sujet.

Deuxièmement : La grève ouverte est déclarée, car c’est devenu le seul moyen dont nous puissions compter pour motiver les consciences des responsables de ce pays envers nos droits supposés acquis.

Troisièmement : ne pas permettre aux autoritaires et aux politiciens de nous prendre un outil pour leurs intérêts. Nous, les juges, sommes les maîtres de nous-mêmes, et nous occupons nos positions parce que nous sommes dignes, et il n’y a de faveur pour personne sur nous, et nous sommes pas responsable d’émettre nos décisions et nos jugements à nos consciences.

Quatrièmement : Que nous, les juges, à la lumière de ces conditions, ne considérions pas la corruption comme un moyen de vivre, car nous avons prêté serment que nous ne jugerions qu’avec justice, et qu’aucune circonstance ne serait forte, quelle qu’elle soit contre nous et notre volonté, et que nous ne nous permettrions sous aucun prétexte de dénaturer Notre image et notre réputation.

Cinquièmement : Rester une autorité indépendante de tous, et continuer à œuvrer pour réaliser les aspirations du peuple libanais avec une autorité judiciaire forte et efficace, sans laquelle l’État de droit et les institutions ne peuvent exister.

Le juge Mansour conclut en notant que cette grève ne viole pas le principe de réserve, mais “appelle à la préservation d’un pouvoir judiciaire indépendant, juste, fort et de juges honorables, qui sont un écrasante majorité”.

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