Le ministère de l’économie dirigé par Amin Salam aurait contacté l’ambassadrice des Etats-Unis au Liban Dorothy Shea pour lui demander une donation de blé et d’huile de cuisson pour faire face aux conséquences de la crise en Ukraine, la hausse des prix des produits de première nécessité et le manque de devises étrangères pour financer ces achats, indique le quotidien Al Diyar.

Si l’ambassadrice américaine a promis de donner suite à ce dossier, Washington n’aurait cependant pas donné pour l’heure de réponse alors que des demandes similaires auraient été formulées à d’autres pays, indique le quotidien.

Cette nouvelle de ce quotidien intervient alors que des sources américaines font état de la crainte de voir plusieurs pays dont le Liban et du Moyen-Orient sombrer dans d’importants troubles sociaux et économiques via de véritables émeutes de la faim, l’Ukraine exportant principalement vers ces régions.

Pour rappel, le Liban ne dispose que des stocks suffisants pour répondre à sa demande interne que durant 1 mois à un mois et demi, même si les autorités locales semblent vouloir être rassurantes, évoquant l’arrivée prochaine de plusieurs navires qui ont quitté la zone avant le conflit, soit le 24 février. Cependant, jusqu’à présent un seul d’entre eux aurait pu décharger sa cargaison à Tripoli au Nord du Liban et on est sans nouvelles des autres. Certaines sources notent cependant qu’un certain nombre d’entre eux auraient pu se détourner vers d’autres destinations, la Banque du Liban ayant des difficultés à libérer les lignes de crédit nécessaires à ces achats.

Cette information intervient alors que le Liban importait 55% de son blé d’Ukraine, un pays touché par le conflit. Outre ce facteur, la Russie, qui fait aujourd’hui l’objet de sanctions économiques et donc de l’impossibilité de procéder au versement des sommes nécessaires pour payer ces achats, occupait le second rang des pays importateurs de blé à destination du Pays des Cèdres. Par ailleurs, les réserves monétaires de la Banque du Liban sont au plus bas suite à la décision de son gouverneur, Riad Salamé, d’injecter quotidiennement d’importantes sommes en devises étrangères dès le début du mois de janvier, cela afin de stabiliser les taux de change et de tenter de rapprocher ceux du marché noir vers celui de la plateforme électronique de la banque centrale Sayrafa.

Cependant, cette politique a ainsi couté près de 900 millions de dollars en janvier et février, amenant les réserves monétaires à moins de 12 milliards de dollars soit en-dessous du niveau des réserves monétaires obligatoires. Cette politique d’injection et de maintien de la parité menace également la possibilité d’ouvrir les lettres de crédit nécessaires aux importations de matières premières, alors que 82% de la population vit sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 6 USD par jour, et même 36% dans un état de pauvreté extrême.

Déjà avant la crise en Ukraine, un rapport de l’UNICEF en date de juillet 2021 estimait à 30% la proportion d’enfants “dormant le ventre vide”.

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