Ce weekend a été marqué par un sermon du patriarche maronite Béchara Boutros Rahi qui semble se détacher de la réalité vécue par l’immense majorité de la population toujours présente au Liban. Il a ainsi accusé sans nommer l’appareil judiciaire de miner les principales institutions et les banques tout en proclamant son appui à la liberté d’expression.

Quand on lit ce sermon concernant les affaires temporelles d’aujourd’hui, on comprend mieux pourquoi la Réforme luthérienne et calviniste, le concordat puis la séparation de la religion et de l’Etat, les débats autour de la laïcisation des institutions publiques ont eu lieu en France et en Europe, face aux abus des autorités religieuses à l’époque et finalement le fait que la religion doit être chose personnelle et non publique.

La religion est faite de valeurs et non de pierres, de personnes ou d’institutions qui sont au final faillibles de par nature parce qu’humaines.

Cependant en évoquant les valeurs et les personnes sensées les représentées, on constate aussi avec effroi la perte des valeurs humanistes, de la miséricorde, de la défense du pauvre face à l’injustice dont il souffre, du Christianisme tout simplement … des notions proches du peuple et non de celles qu’il défend aujourd’hui.

Au même titre que d’autres religieux qui s’impliquent dans le domaine politique, comme Hassan Nasrallah, le patriarche, quand il évoque des affaires temporelles est critiquable. Il n’y a aucun de mal à cela, le débat des idées est une des bases du principe de la Démocratie. Il a le droit au même titre que tout le monde de s’exprimer, donner une opinion, d’exercer son droit à la parole, de voir ses paroles faire l’objet d’un débat concernant leur justesse ou non mais certainement pas d’imposer une vue par sa fonction lors d’une cérémonie religieuse, un sermon justement. Cela s’appelle un abus d’autorité et un abus de pouvoir.

Justement, ce n’est pas aux banques que devrait aller l’empathie des autorités religieuses mais à la population qui souffre, à ceux privés des biens et des droits essentiels, à bien se nourrir eux et leurs proches, à disposer des fonds suffisants aussi pour acheter des médicaments et se soigner, pour ne pas évoquer le droit à l’éducation, à vivre dignement et simplement, un des fondements d’ailleurs du Christianisme comme le rappellent les principes des Franciscains et d’autres ordres religieux et l’hommage du Pape François dans le choix de son nom de règne.

Peut-être que le patriarche maronite devrait penser à ces valeurs justement avant de défendre ceux qui violent quotidiennement et depuis de nombreuses années les droits les plus élémentaires de la population.

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