À l’occasion du jubilé de diamant de l’Armée Libanaise qui célèbre donc le 75ème anniversaire de sa fondation, tout en ayant annulé les cérémonies initialement prévues en raison des circonstances actuelles, le Président de la République, le Général Michel Aoun, a appelé l’institution militaire à sauvegarder la souveraineté du Liban face aux menaces israéliennes.

Le chef de l’état s’exprimait à l’occasion de la cérémonie de remise de graduation des élèves-officiers de l’Académie militaire, ce premier août, alors que les cérémonies ont été annulées pour cause de risques posés par l’épidémie du coronavirus COVID19.

Le Général Aoun, lui-même ancien commandant de l’Armée Libanaise durant la guerre civile, a rappelé les efforts et les sacrifices de l’institution militaire au cours de ces 75 années d’existence.

Aux jeunes officiers tout juste diplômés, le président de la république a rappelé les défis auxquels fait actuellement face le Liban, comme la crise économique et financière, la corruption, le mercantilisme de certains commerçants ou intérêts qui profitent de la crise pour engranger plus de profits, la dévaluation de la livre libanaise, les rumeurs qui visent la stabilité ou encore le coronavirus.

Face à ces défis, les réformes sont nécessaires tout comme le fait de mener un travail d’inventaire comme l’audit juricomptable de la Banque du Liban, comme il le souligne ou encore le retour des réfugiés syriens présents au Liban et qui impactent durement l’économie locale.

Sur le plan externe, les menaces israéliennes avec les viols de l’espace aérien, maritime ou terrestre, la volonté de Tel Aviv de modifier le mandat de la FINUL constituent les principales menaces.

Cher auditoire,

Il était prévu que cette Académie nous réunisse à nouveau et que se dressent fièrement devant nous la fleur de notre jeunesse, attendant avec impatience de prêter le fameux serment qui stipule de préserver le drapeau de notre pays et de défendre la patrie.
Malheureusement, les conditions de quarantaine imposées par l’épidémie du Covid-19 ont empêché cette célébration.

Chers officiers diplômés,

Vous avez choisi pour votre session le nom de jubilé de diamant afin de marquer le soixante-quinzième anniversaire de notre armée. Après que vos collègues aient choisi l’année dernière de commémorer le 75e anniversaire de l’indépendance du Liban.

Oui, notre indépendance et notre armée ont vu le jour ensemble, avec un léger décalage dans le temps. Ensemble, elles ont vécu les bonheurs et les difficultés qui ont traversé le pays. Et pendant toutes ces années l’armée n’a eu de cesse de préserver cette indépendance qui nous est si chère.
Soixante-quinze années ont passé au cours desquelles notre armée a remporté des victoires glorieuses et étonnantes malgré ses capacités limitées. Elle a également traversé des périodes difficiles, visée par les guerres des autres sur notre terre, démantelée par des batailles internes, affaiblie par les milices exerçantes contre elle diverses sortes de chantage.

Malgré tout cela, sa loyauté envers la patrie a toujours été la plus forte et c’est elle le ciment qui a permis toute réunification. Sa moralité fut le bouclier qui l’a protégée de toute dérive. Ces dures expériences nous ont appris que l’armée est le cœur de la nation et rien ne reste en vie quand le cœur cesse de battre. Par conséquent, l’armée est restée le seul espoir des Libanais et la forteresse sécurisante quelle que soit la difficulté traversée.

Aujourd’hui, vous terminez une étape de votre vie dans laquelle vous avez reçu toutes sortes d’entraînements et d’apprentissages pour défendre votre pays et votre peuple. À présent, vous allez passer au stade d’application de cet enseignement et pratiquer la vraie vie militaire. Le destin a voulu que cela coïncide avec de grands défis et d’immenses difficultés auxquels le pays, son peuple et ses institutions sont confrontés.

En effet, le Liban mène aujourd’hui une guerre d’un tout autre genre, et elle est sans doute encore plus difficile car elle affecte le pain quotidien de chaque Libanais, menace ses économies, son avenir et celui de ses enfants. La situation économique et financière met la pression sur tout un chacun et n’épargne personne. Quant aux ennemis du Liban dans cette guerre, ils sont bien nombreux !

Le premier d’entre eux est la corruption qui fait rage dans les institutions et dans les esprits. Cette corruption résiste farouchement, mais les étapes vers son éradication progressent lentement mais sûrement !

Le deuxième ennemi est toute personne qui manipule les moyens de subsistance des citoyens pour accumuler les profits.

Le troisième ennemi est celui qui a contribué et contribue à dévaloriser notre monnaie nationale pour accumuler encore plus d’argent.

Le quatrième ennemi est celui qui lance des rumeurs pour semer le désespoir et faire régner l’esprit de capitulation. Sans oublier tous ceux qui parcourent le monde, dénigrant le pays et ses habitants et incitant les uns et les autres à refuser toute aide au Liban.

J’ajoute à tout celà un ennemi caché sous la forme d’un virus qui a attaqué toute l’humanité et continue toujours, laissant derrière lui des morts par centaines de milliers et frappant l’économie mondiale. Le Liban a eu sa part de victimes, notre crise économique s’est aggravée… et aujourd’hui le voilà qui empêche notre rencontre.

La victoire dans cette guerre repose sur les épaules de nous tous, État et citoyens. Le salut est possible si chacun joue son rôle au service du pays. Se tenir soi-disant à l’écart, en tirant sur tous les efforts de sauvetage pour enregistrer des victoires sonores, notamment après avoir renoncé à ses responsabilités au milieu de la crise, ne fait selon l’adage : « Ni grossir ni n’empêche d’avoir faim ».

Les mesures de réforme ont commencé à être mises en œuvre pour connaître la réalité de la situation de l’argent public afin de mettre la lumière sur la corruption, identifier les dossiers suspects en vue d’un traitement approprié et poursuivre les responsables. Ce travail d’enquête ne s’arrêtera pas à une seule institution mais les vise toutes à travers l’audit juricomptable qui démarre par l’argent public. Cette action permet de restaurer la confiance des Libanais dans leur État et en eux-mêmes. Un prélude à la restauration de la confiance envers le Liban.

De plus, l’approbation d’une vision unifiée d’un plan de retour des déplacés Syriens dans leur pays, à présent pacifié dans la grande majorité de son territoire et à même de les accueillir en toute sécurité, permet à l’État de résoudre enfin cette crise. En espérant que les pays concernés répondront à notre attente pour assurer ce retour de façon sûre et digne.

Chers officiers diplômés,
Chers soldats,

Israël viole de façon croissante la résolution 1701 et ses attaques contre le Liban se poursuivent. Pour notre part, nous affirmons notre volonté d’appliquer cette résolution et de résoudre les questions en litige sous les auspices de l’ONU. Nous sommes également tenus de nous défendre, de protéger notre terre, nos eaux et notre souveraineté sans aucun compromis.

Votre devoir est de garder un œil vigilant sur la souveraineté libanaise face aux ambitions israéliennes tout en veillant sur toutes nos frontières et sur la sécurité intérieure pour empêcher le terrorisme de nous infiltrer à nouveau. Quiconque a expulsé les terroristes de nos plaines et montagnes ne peut permettre leur retour, déguisé sous une autre forme ou une appellation.

Chers Libanais

Je suis le fils de cette école militaire. Elle m’a appris que la reddition est interdite ! Elle m’a appris à percer les rochers pour ouvrir un chemin. Elle m’a appris à marcher entre les mines pour sauver un blessé.

Le blessé aujourd’hui est la patrie et je vous promets de continuer à marcher parmi les mines et de persévérer à percer les rochers pour ouvrir la voie du salut. Une chose est sûre, la reddition n’a aucune place sur le chemin de ma vie.

Chers officiers,

Le treillis militaire a toujours été un facteur de confiance et de réconfort pour tous les Libanais. Restez donc cet exemple de loyauté et de moralité dans votre vie militaire, dans les relations avec vos camarades et les citoyens. Loyaux envers la patrie, et seulement la patrie !

Que Dieu vous bénisse et vous protège !

Vive le Liban !

Le discours du Président de la République (Vidéo)