S’exprimant devant la commission parlementaire du budget et des finances, le Président de l’Association des Banques du Liban Salim Sfeir a appelé à ce que le gouvernement évite un état de défaut de paiement de la dette interne.

Pour rappel, un état de défaut de paiement a été annoncé par le gouvernement Hassan Diab début mars, ouvrant ainsi la voie à une restructuration de l’importante dette publique estimée à 92 milliards de dollars, dont 50 milliards de dette intérieure et 32 millards de dollars de dette externe. Les banques libanaises – confrontées depuis 2019 à d’importants problèmes de liquidité et ayant décidé d’instaurer unilatéralement un contrôle des capitaux qui a encore aggravé la crise économique – détiendraient ainsi 20 milliards de dollars de dette publique, libellée en livre libanaise et en dollars.
L’Association des Banques du Liban rejette ce plan qui prévoit un effacement total des actionnaires existants via une restructuration du secteur bancaire.

Le président de l’ABL estime que les banques locales n’ont pas besoin de bénéficier d’une aide financière comme le suggère le plan du gouvernement. Ce dernier prévoit une restructuration du secteur financier sous forme de Wipe-Out Bail-in, c’est-à-dire un remplacement des actionnaires actuels par de nouveaux actionnaires;

Les banques libanaises ne demandent pas de renflouement car nous n’en avons pas besoin. Notre industrie est solide et nous avons besoin que le gouvernement nous rembourse – à temps. Nous insistons «à temps» parce que, bien qu’il incombe au gouvernement de tenir ses promesses, nous reconnaissons que le gouvernement connaît actuellement une pénurie de liquidités qui entrave le respect de ses obligations à temps.

Ces propos interviennent alors que l’ABL a présenté aujourd’hui, un contre-plan à celui du gouvernement Hassan Diab qui estime les pertes du secteur bancaire à 83 milliards de dollars dont 63 pour la seule Banque du Liban. Les établissements financiers privés sont doublement impactés, via les 20 milliards de dollars d’obligations locales et internationales qu’ils détiennent et par les CDC investis auprès de la BDL qui a son tour les a placé en dette publique.

Face à l’annonce d’un état de défaut de paiement sur toute la dette publique, l’ABL espère encore que les autorités politiques envisageront de rembourser l’importante dette interne. Salim Sfeir accuse les autorités de ne pas avoir publié “un plan économique mais un exercice comptable”.

Il vise à rééquilibrer le bilan du Liban sur une base purement statique. Même si un tel rééquilibrage était réalisé (et nous expliquerons plus loin pourquoi nous pensons qu’il ne le sera pas), cet équilibre durerait une fraction de seconde, laissant la place à de nouveaux déséquilibres qui se perpétueraient eux-mêmes et qui devront être corrigés sur le dos des Libanais

Il estime que le plan Hassan Diab pourrait amener à une importante récession économique et à une pression supplémentaire via une baisse des ressources fiscales.

Salim Sfeir s’est également interrogé sur le refus de l’état de vendre des biens publics pour réduire le déficit public. Le plan proposé par l’ABL prévoit la mise en place d’un fonds où seraient placés des biens tels que les entreprises publiques ou encore les concessions de biens maritimes en vue de rembourser la BDL.

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