Le siège de l'Association des Banques du Liban (ABL). Crédit Photo: NNA.

Après le rejet par le Fonds monétaire international (FMI) du plan du ministère des Finances que le gouvernement Mikati lui a proposé en ce début d’année 2022 (plan Mikati), l’Association des banques du Liban (ABL) l’a rejeté à son tour. Ce plan visait pourtant à faire supporter les pertes du secteur bancaire aux déposants plutôt qu’aux actionnaires des banques auxquels il n’était même pas demandé de réinjecter les dividendes qu’ils s’étaient fait versés ces dernières années et alors que la Banque Centrale conservait un capital négatif (facteur d’instabilité) et que l’Etat se voyait imposer un nouvel endettement :

Si l’ABL a affirmé hier à Reuters que le plan Mikati (dont elle n’a pas vu de version officielle assure-t-elle) adopte une approche dite de liquidation et causera ainsi une « perte de confiance persistante (dans le secteur bancaire) pour (plusieurs) générations à venir » et un frein à la croissance économique, elle s’attaque surtout au point concernant le capital et l’actionnariat des banques. 

Il y a deux ans, l’ABL s’était déjà opposée au plan du gouvernement précédent (le plan Diab encore connu sous le nom de plan Lazard) parce qu’il priorisait la ponction du capital des banques (write-off) par le biais d’une restructuration du capital des banques (wipe-out) et prévoyait un renflouement par la conversion de dépôts en actions (bail-in) limitée à 13% de décote (haircut) des 931 comptes (sur 2,7 millions de comptes à l’époque) disposant de plus de 10 millions de dollars. 

Le plan Mikati prévoyait un bail-in de 12 milliards de dollars, équivalent à 72% des actions de toutes les banques, réduisant ainsi les parts des actionnaires de banques actuels. Ces derniers ne pouvant conserver la majorité de l’actionnariat de leurs banques uniquement en injectant un milliard de dollars « frais » (fresh dollars).

L’ABL souhaite limiter le bail-in « au cas par cas » et le réaliser uniquement « après avoir obtenu un accord consensuel et global avec le gouvernement, et après que ce dernier a rempli ses obligations légales de rétablir la solvabilité de la Banque du Liban (BDL) ». Or, la BDL conservait un capital négatif dans le plan Mikati. 

De plus, cherchant à gagner l’appui de l’opinion publique, l’ABL a affirmé qu’elle refusera tout plan imposant un haircut sur les dépôts. Toutefois, l’ABL refusera surtout tout plan qui « anéantit totalement les fonds propres » de ses actionnaires (wipe-out et write-off). 

L’ABL s’est dite prête à supporter « certaines pertes » : celles provenant de la restructuration des eurobonds (titres de la dette en devises sur lesquels le Liban a fait défaut en 2020) et celles liées aux crédits octroyés au secteur privé. 

En réalité, l’ABL semble toujours attachée à son projet consistant à vendre les réserves d’or de la BDL, les actifs immobiliers de l’Etat et la façade maritime du pays. 

Les réponses de l’ABL à Reuters :

En soirée, le président de l’ABL et patron de Bank of Beirut, Salim Sfeir, a affirmé que le rejet du plan par son association était « uniquement hypothétique et concerne les fuites » dans la presse. 

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