A l’issue de la réunion exceptionnelle des hauts dignitaires religieux chrétiens catholiques, orthodoxes et protestants à Bkerké, les représentants des Eglises lancent un appel au président de la République Michel Aoun l’incitant à répondre aux appels des manifestants.

Le Patriarche Bechara El Raï a lu un communiqué dans lequel il souligne que les chefs des églises catholiques, orthodoxes, évangéliques et protestantes, ainsi que leurs évêques et les supérieurs généraux des congrégations religieuses, se sont réunis aujourd’hui à Bkerké dans l’urgence à la vue de la situation actuelle qui pourrait mener le pays au bord du gouffre menaçant l’entité libanaise et son identité.

Rappelant que l’Eglise a toujours été et sera toujours auprès du peuple à travers ses institutions, Raï a estimé que le Liban vit depuis le 17 octobre une révolution populaire historique et exceptionnelle, ce qui nécessite la prise de mesures historiques et exceptionnelles. Les petites mesures visant à résoudre partiellement et à court terme les problèmes au Liban ne passeront plus. Si le peuple s’est révolté, c’est parce que sa douleur a atteint son plus haut faîte, et que l’Etat n’a jamais pris au sérieux ses revendications, et s’est complu dans la corruption et la dépravation.

Saluant les foules et se déclarant solidaire du mouvement révolutionnaire civilisé et pacifique qui a unit les Libanais brisant les barrières confessionnelles, Raï a signalé que le peuple est sorti de chez lui afin de réclamer un Etat laïc, conformément à la Constitution libanaise et respectant les valeurs religieuses qui ont longtemps marqué l’Histoire libanaise.

Au nom de tous les participants à cette réunion officielle, Raï a appelé l’Etat libanais à protéger cette révolte et à écouter ses revendications, prônant la démocratie, la justice, la transparence, la neutralité, et la lutte contre la corruption.

S’adressant au pouvoir, les hauts dignitaires chrétiens ont appelé ce dernier à se rendre compte de l’importance et de la gravité de la situation quant au sort, à l’identité et à l’économie libanaise, et à agir en conséquence. Ils ont réclamé la formation d’un gouvernement neutre et compétent à la demande des révolutionnaires, condamnant tout Etat qui a peur de son peuple, incitant le président de la République qui est le gardien de la Constitution, à commencer sans tarder les pourparlers avec les chefs politiques et religieux pour prendre les décisions nécessaires pour le bien de la population.

Dans un second temps, ces prélats se sont adressés au peuple libanais et à la diaspora libanaise, les exhortant à maintenir un mouvement pur et pacifique, et d’empêcher qui que ce soit à profiter de leur révolte en la transformant en un coup d’état.

Enfin, ils ont lancé un appel à la communauté internationale à jouer un rôle effectif en soutenant la première démocratie qui a vu le jour en Orient, en préservant ce premier mouvement d’unité islamo-chrétien d’après-guerre, et en épaulant le Liban face aux problèmes qu’il affronte en raison des guerres régionales à travers l’application effective de toutes les résolutions internationales.  

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