Selon un document confidentiel rendu public, l’équipe de négociation du gouvernement avec le Fonds monétaire international comprenant le gouverneur de la Banque du Liban lui-même aurait estimé les pertes de la banque centrale à 71 milliards de dollars aujourd’hui et non plus 69 milliards de dollars comme en septembre 2021.

Ces pertes auraient été induites par la chute continue des réserves monétaires de la Banque du Liban qui injecte d’importantes quantités de devises étrangères via la circulaire 161 et la plateforme électronique Sayrafa. Si la parité de la livre libanaise a été maintenue à hauteur de 20 500 LL/USD (le taux de change officiel étant toujours de 1507 LL/USD) et si la plateforme électronique Sayrafa a remplacé les subventions accordées à de nombreux secteurs comme 85% des sommes nécessaires à l’achat des carburants sur le plan national, celle-ci aurait induit une perte d’un peu moins de 900 millions de dollars rien que pour les 2 premiers mois de l’année.

Par ailleurs, la Banque du Liban continue à subventionner du moins partiellement certains secteurs comme par exemple l’achat de médicaments à hauteur de 30 millions de dollars mensuellement.

Cette information intervient alors que les réserves monétaires de la BdL, incluant réserves obligatoires et disponibles ainsi que les droits de titrage spéciaux (soit un milliard de dollars) n’atteindraient plus que 12.2 milliards de dollars, un chiffre inquiétant puisqu’en dessous du ratio des réserves obligatoires.

Par ailleurs, selon le journal Al Akhbar, si on déduit de cette somme les 4 milliards de dollars de fonds liés aux retards de paiements de la BdL, ces réserves seraient réduites à 8 milliards de dollars seulement.

Ainsi, si la Banque du Liban poursuit sa politique d’injection de devises étrangères sur le marché local, il s’agirait surtout de tenter d’éviter toute pression sécuritaire à l’encontre des banques et des hommes politiques liés aux banques alors que des élections législatives sont prévues en mai prochain.

Pour rappel, plus de 40% des actions des banques qui sont aujourd’hui en faillite et qui avaient plus de 70 milliards de dollars – soit équivalent à la totalité des pertes de la BdL – sous force de certificats de dépôts en plus des obligatoires libellées en devises étrangères et en livres libanaises sont détenus par des personnes exposées politiquement.

Il s’agirait pour eux d’obtenir ainsi l’élection d’un certain nombre d’entre eux au sein du parlement et ainsi porter l’essentiel de ces pertes au compte des déposants et non à leur propre compte, comme cela a été pressenti alors que le gouvernement Mikati III – le premier ministre étant d’ailleurs lui-même un actionnaire majeur d’une des premières banques du pays – avait présenté un plan – refusé depuis par les négociateurs du FMI – comportant l’attribution des pertes du secteur bancaire à hauteur de 55% aux déposants et seulement 19% au compte des actionnaires des banques.

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