Le siège de l'Association des Banques du Liban (ABL). Crédit Photo: NNA.
Le siège de l'Association des Banques du Liban (ABL). Crédit Photo: NNA.

Les pertes du secteur bancaire seraient estimées entre 68 milliards et 69 milliards de dollars, aurait indiqué le vice-premier ministre Saadeh Chami à l’agence de presse Reuters. Ces chiffres sont supérieurs à ceux du gouvernement Hassan Diab qui estimaient ces pertes à 63 milliards de dollars l’année dernière et bien au-delà des estimations de la Banque du Liban ou encore de l’Association des Banques du Liban.

Ce chiffrage des pertes est une conditions préalable pour l’ouverture de négociations avec le Fonds Monétaire International en vue de débloquer l’aide de la communauté internationale alors que le cabinet Alvarez & Marsal n’a pas encore achevé la procédure d’audit juricomptable des comptes de la Banque du Liban qui était jusque là nécessaire pour déterminer l’ampleur des pertes de la banque centrale. Le gouvernement Mikati III espère toujours arriver à la signature d’un mémorandum d’entente avec le FMI d’ici la fin de l’année en dépit de la paralysie du conseil des ministres suite au boycott des ministres du mouvement Amal et du Hezbollah.

Pour rappel, après la démission de l’ancien premier ministre Saad Hariri, le 29 octobre 2019, un nouveau gouvernement présidé par son successeur Hassan Diab a été constitué le 17 janvier 2020. Dès mars, les autorités libanaises ont annoncé un état de défaut de paiement sur les eurobonds arrivant à maturité. Par ailleurs, le Liban avait alors ouvert les négociations avec le FMI en vue d’obtenir une aide économique d’un montant espéré de 10 milliards de dollars.

Les négociations, aujourd’hui toujours suspendues, ont rapidement achoppé sur la capacité des autorités libanaises à mener les réformes nécessaires pour le déblocage de l’aide internationale ainsi que sur le dossier du chiffrage des pertes du secteur financier. Les autorités libanaises estimaient alors que ses pertes atteindraient 241 000 milliards de livres libanaises sur la base d’un taux de change de 3600 LL/USD en 2020, soit 80 milliards de dollars environ, ce que refusent les banques locales via l’association des banques du Liban ou encore la Banque du Liban elle-même.

L’association des banques du Liban a ainsi activé ses relais présents au sein du parlement via la commission parlementaire des finances et du budget. Cette dernière, où sont présents certains actionnaires et représentants de banques locales, n’ont chiffré les pertes financières qu’à 81 000 milliards de livres libanaises sur la base d’un taux de change de 1507 LL/USD.

Certaines sources évoquent désormais des pertes pour le secteur financier qui dépassent les 100 milliards de dollars, estimant que le Liban nécessiterait désormais un plan de relance de 63 milliards de dollars mais que seulement 26 milliards au maximum sont disponibles. Selon ces mêmes sources, toutes les banques libanaises sont aujourd’hui insolvables.

La situation économique s’est, par ailleurs, encore dégradée avec la détérioration de la valeur de la livre libanaise et la mise en place de différents taux de change : taux de change officiel à 1507 LL/USD, taux de change dit du-marché pour les agents de change ou encore certaines entreprises fixées par la banque du Liban, aujourd’hui à 3900 LL/USD et taux de change au marché noir, qui a fluctué jusqu’à atteindre les 29 000 LL/USD, ces derniers jours de 2021.

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