two men in military clothing with guns
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Depuis que Joe Biden a décidé de ne plus briguer un second mandat à la présidence des États-Unis, laissant le champ libre à sa vice-présidente Kamala Harris, une réorientation notable de la politique américaine au Moyen-Orient semble s’opérer. L’administration Biden avait, par le passé, manifesté une certaine prudence à l’égard des actions israéliennes, notamment en exhortant le Premier ministre Benjamin Netanyahu à la retenue. Ce positionnement s’inscrit dans le contexte du conflit à Gaza, où l’absence de perspectives claires pour la création d’un État palestinien a exacerbé les tensions. L’échec des négociations de paix et les accords d’Abraham ont laissé les Palestiniens dans l’incertitude, sans véritable solution politique à l’horizon. Parallèlement, Gaza a subi un blocus israélien pendant 20 ans, ce qui a considérablement détérioré les conditions de vie de ses habitants. Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que les événements du 7 octobre aient eu lieu, marquant une explosion de tensions accumulées.

Cependant, avec le retrait de Biden de la course électorale, l’attention portée à ce segment électoral qui implique tout de même une minorité arabe présente aux USA dans des états clés semble diminuer, et les États-Unis apparaissent désormais comme un allié plus ferme d’Israël. Cette dynamique s’est manifestée par une série d’événements récents, notamment l’assassinat d’Ismail Haniyeh, chef du Hamas, à Téhéran, et de Fouad Shokor, haut responsable du Hezbollah, à Beyrouth. Ismail Haniyeh, qui était le négociateur principal du Hamas dans le cadre de l’échange de prisonniers, a vu son assassinat par Israël mettre en évidence l’absence de volonté politique réelle du côté israélien pour obtenir cette libération, en dépit des attentes des familles des détenus. Ces actions ont exacerbé les tensions régionales, incitant l’Iran, le Hezbollah, le Hamas et les Houthis à promettre des représailles.

Le rôle traditionnel de médiateur des États-Unis dans le conflit israélo-palestinien semble s’effacer, laissant place à une implication plus directe. L’attaque israélienne sur Beyrouth, en dépit des assurances américaines selon lesquelles la capitale libanaise resterait une ligne rouge à ne pas franchir, marque un tournant significatif dans la politique étrangère américaine. Le Hezbollah avait en effet reçu des garanties que Beyrouth ne serait pas ciblée, mais cette promesse a été rompue, soulignant une rupture dans la stratégie américaine.

Depuis des années, Benjamin Netanyahu s’est exprimé avec force sur la menace posée par le programme nucléaire iranien. Dans de nombreux discours, il a mis en garde contre le potentiel de l’Iran à développer des armes nucléaires, affirmant que cela constituerait une menace existentielle pour Israël et la région. Netanyahu a souvent souligné que l’Iran, avec ses ambitions nucléaires, était la plus grande menace à la paix mondiale, et il a cherché à mobiliser le soutien international pour imposer des sanctions sévères et des mesures restrictives contre Téhéran.

Malgré ces discours alarmants et les efforts continus de Netanyahu pour inciter à une intervention américaine directe, l’Iran n’a pas encore développé d’arme nucléaire. Les rapports des services de renseignement israéliens et internationaux indiquent que bien que l’Iran ait poursuivi son programme nucléaire, il ne possède toujours pas de bombe nucléaire. Cette réalité a jusqu’à présent compliqué les tentatives de Netanyahu d’obtenir un soutien international pour des actions militaires préventives. Il est aussi à noter que Netanyahu joue également sa survie politique dans cette confrontation, parfois au détriment des intérêts de l’État israélien. En utilisant la menace iranienne comme levier politique, il cherche à renforcer sa position sur la scène intérieure, faisant de la question iranienne un enjeu personnel et crucial pour son maintien au pouvoir.

En dépit de l’absence de preuves concrètes d’un Iran doté de l’arme nucléaire, Netanyahu continue de brandir cette menace pour justifier une position agressive et pousser à une intervention. Il argue que l’Iran pourrait rapidement atteindre cette capacité si rien n’est fait pour l’en empêcher. C’est dans ce contexte qu’il utilise l’escalade actuelle depuis l’affaire du bombardement du consulat iranien à Damas comme une opportunité pour renforcer ses appels à une action plus décisive de la part des États-Unis et de leurs alliés, soulignant l’urgence d’agir avant que la situation ne devienne irréversible.

Concernant l’assassinat d’Haniyeh, la version israélienne d’une bombe implantée depuis des années ne tient pas. L’Iran affirme qu’il s’agit d’un missile air-sol, ce qui indiquerait qu’un pays arabe pourrait être impliqué dans cette opération israélienne. D’autres sources suggèrent qu’il s’agirait d’un tir de missile lancé depuis un sous-marin de classe Dolphin fourni par l’Allemagne, impliquant ainsi Berlin dans l’opération.

En fin de compte, la capacité d’Israël à mener une guerre à grande échelle contre l’Iran sans le soutien américain reste limitée. Netanyahu espère que la perception d’une menace imminente incitera les États-Unis à adopter une approche plus agressive, transformant ainsi le discours de dissuasion en action concrète. Cette escalade pourrait bien transformer ce qui est actuellement un conflit régional en une guerre à l’échelle mondiale, surtout si l’on considère que l’Iran fournit des armes à la Russie dans le cadre du conflit avec l’Ukraine. L’interconnexion de ces différents conflits pourrait entraîner un bouleversement majeur de l’ordre mondial, avec des répercussions profondes et durables sur les relations internationales et la stabilité globale. Les prochains jours voire les mois seront déterminants pour observer comment cette nouvelle orientation influencera les équilibres géopolitiques et si une réconciliation est encore envisageable.

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