C’est au, bout de 9 longues années, émaillées de crises diverses, que 3 665 514 électeurs se donnent rendez-vous au Liban ce dimanche 6 mai 2018 pour élire les sièges à pourvoir soit 128 députés. Il s’agira notamment de choisir parmi plus de 583 candidats présents sur 77 listes.

En raison des différentes crises, politiques avec le retard pris dans l’élection d’un nouveau Chef d’État qui ne s’est achevé qu’en 2016, sécuritaires avec la présence d’organisations terroristes à ses frontières et qui s’est achevé par l’offensive Aube du Jour de l’Armée Libanaise en 2017, économiques qui perdurent jusqu’à aujourd’hui, avec notamment la pression exercée par la présence 1.8 millions de réfugiés syriens, les autorités libanaises avaient, jusqu’à présent, retardé la tenue des élections législatives pour renouveler un parlement dont le mandat était pourtant arrivé à son terme en 2013. Ce dernier, face aux risques de vide institutionnel, avait alors choisi d’auto-prolonger la durée de sa législature.

Une loi électorale complexe qui peut réserver de multiples surprises

Nombreux sont les électeurs qui expriment leur incompréhension face à la nouvelle loi électorale dont le mode de fonctionnement est considéré comme complexe. Ainsi, ils devront choisir pour la première fois de l’Histoire du Liban, une seule liste au lieu de la panacher comme d’habitude, puis parmi les candidats de cette liste, un qui sera préféré.

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Adoptée en juin 2017, la nouvelle loi électorale institue une représentation proportionnelle dans 15 circonscriptions plurinominales. Pour rendre la chose encore plus complexe, 7 circonscriptions électorales sur les 15 sont divisées en plusieurs “districts mineurs”. Le comptage des votes préférentielles quant à lui se fait sur l’échelon de cette circonscription “mineure”.

Pour la première fois de l’Histoire moderne du Liban, en compétition avec les partis et les personnalités “traditionnelles”, s’est constitué une coalition dite de la société civile qui espère ainsi chambouler le paysage sur la base d’un rejet populaire d’une classe politique qui est accusée d’être à l’origine de la corruption latente de nos institutions, de la mauvaise gouvernance, comme l’illustre notamment la crise des ordures ou encore de vouloir conserver un féodalisme politique considéré comme nuisible au progrès social et économique.

District ÉlectoralNombre de votants présents sur les listes électoralesNombre de sièges parlementaires à pourvoir
Beyrouth I (Beyrouth Est)134,3558
Beyrouth II (Beyrouth Ouest)353,16411
Békaa I (Zahleh)174,9447
Békaa II (Békaa-ouest et Rachaya)143,6536
Békaa III (Baalbek-Hermel)345,40410
Mont-Liban I (Jbeil-Kesrouan)176,8188
Mont Liban II (Metn)179,7898
Mont Liban III (Baabda)166,1576
Mont Liban IV (Aley-Chouf)329,59513
Nord Liban I (Akkar)174,9447
Nord Liban II (Tripoli-Minnieh-Dennieh)350,14711
Nord Liban III (Bcharre-Zghorta-Batroun-Koura)249,45410
Sud-Liban I (Saida-Jezzine)122,3825
Sud-Liban II (Zahrany-Tyre)304,2177
Sud-Liban III (Marjaayoun-Nabatieh-Hasbaya-Bint Jbeil)460,49111
Total3 665,514128
Total %100%100%

Les circonscriptions pivots de l’élection législative

Sauf surprise de taille, il s’agira d’observer les résultats dans plusieurs circonscriptions.

Les 2 circonscriptions électorales Beyrouth I et II.
Les 2 circonscriptions électorales Beyrouth I (en blanc) et II (en gris).

A Beyrouth I, la coalition de la société civile tentera de rééditer l’exploit de Beyrouth Madinati lors des élections municipales de 2016 et qui l’avait emporté mais en raison du découpage électoral n’avait pas pu imposer un seul de ses membres au Conseil Municipal de la capitale.

Au Nord Liban, dans la circonscription de Tripoli-Minnieh-Dennieh, plusieurs listes se font face dont celles du parti du Premier Ministre Saad Hariri qui s’oppose à celle de l’ancien ministre de la Justice Ashraf Rifi. Lors des élections municipales de 2016, ce dernier avait réussi à s’imposer en allant jusqu’à éliminer les membres des communautés religieuses minoritaires.

Toujours dans le nord, il faudra observer si le Ministre actuel des Affaires Étrangères Gébran Bassil réussira à être élu à la faveur du scrutin proportionnel.

Dans la Békaa, la circonscription du Hermel semble devenir l’enjeu principal entre les Forces et le Hezbollah avec les déclarations multiples du secrétaire général du mouvement chiite.

Au Mont-Liban, il faudra observer la possible élection d’un membre du Hezbollah dans le caza du Kesrouan-Jbeil, fief du Chef de l’Etat, le Général Michel Aoun, sur une liste différente de celle du Courant Patriotique Libre. Dans cette circonscription, le Général Chamel Roukoz, gendre du Président tentera également de succéder à son beau-père pour la place de député.

Une première: le vote des libanais expatriés

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Pour la première fois de son histoire contemporaine, les expatriés libanais ont voté le vendredi 27 avril 2018, pour ceux qui résident dans 6 pays arabes (Égypte, Arabie Saoudite, Qatar, Koweït, Sultanat d’Oman et Émirats Arabes Unis) et le dimanche 29 avril 2018 pour ceux qui résident dans 33 pays. Des 82 970 électeurs qui s’étaient volontairement enregistrés sur les listes électorales à l’étranger, seuls 48 962 expatriés, soit 59%, ont voté, un nombre considéré comme insatisfaisant. Leurs votes – dont les urnes ont été préalablement rapatriés au Liban et stockés dans les bâtiments de la Banque du Liban – seront décomptés à l’issue du scrutin dans leur caza d’origine.

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