Des boutiques dans la rue de Hamra à Beyrouth.
Des boutiques dans la rue de Hamra à Beyrouth. Crédit Photo: François el Bacha, tous droits réservés.

Un accord permettant la réouverture des restaurants a été conclu, un jour à peine après que le syndicat des restaurateurs ait appelé à boycotter les mesures appelant à la fermeture de leurs établissements en raison de l’augmentation importantes de personnes contaminées par le COVID-19.

Pour l’heure, très peu de détails ont émergé de cette accord. Il s’agirait, de la part du syndicat, de préparer une feuille de route à mettre en place, à surveiller les procédures qui sont, pour le moment inconnues, qui seraient ainsi suivies et à punir les établissements contrevenants.

Aussi, la conclusion de cet accord intervient alors que le restaurant du président Tony Ramy de ce syndicat a été fermé ce mercredi après avoir ouvert ses portes, conformément aux directives adoptées par le ministère de l’intérieur. Le Ministre de l’Intérieur avait ainsi mis en garde hier contre le non-respect par ces derniers, des décisions gouvernementales afin de lutter contre la propagation de la maladie.

Début août, le Président de la commission parlementaire de la santé Assem Araji avait déjà confirmé que le plan de déconfinement mis en place au mois de mai au Liban intervenait pour des raisons économiques et non sur des bases seulement scientifiques ou sanitaires, alors que le Liban était déjà confronté à une grave crise économique dès l’été 2019. Certaines sources faisaient ainsi état de pression sur le gouvernement par des organismes économiques, comme le syndicat des restaurateurs ou encore celui des stations balnéaires et de certaines chambres de commerce afin de permettre une réouverture de leurs entreprises.

Depuis, les autorités sanitaires et notamment le conseil de l’ordre des médecins ou encore celui des propriétaires des hôpitaux privés avaient à plusieurs reprises tiré la sonnette d’alarme face au fait que la population ne respectait pas en général, les règles de distanciation ou encore ne portait pas de masques.

Cependant, une hausse importante du nombre de cas de personnes contaminées par le coronavirus a été constatée ces derniers jours, notamment dans la capitale, faisant craindre aux autorités, une perte totale de contrôle face à la maladie.

Le nombre total des personnes touchées par le virus atteint le chiffre de 13 687 dont 12 377 localement et 1 310 en provenance de l’étranger, depuis la découverte du virus sur le sol libanais, le 21 février 2020.

Le bilan publié hier faisait état de la guérison de seulement 3 815 personnes et on dénombre 9 872 personnes toujours atteintes par le virus, soit de 72% des cas, depuis le 21 février, date de la découverte d’un premier cas au Liban. Le nombre de personnes atteintes connait donc une nouvelle hausse importante, démontrant que l’épidémie continue à s’accélérer au Liban et faisant craindre une perte de contrôle sur la maladie.

Un secteur vital mais la santé publique reste prioritaire, rappelle le chef de l’état

S’exprimant suite à la controverse concernant les mesures de fermetures des restaurants en raison de l’augmentation importante du nombre de cas de personnes contaminées par le coronavirus et les décès suite à cette maladie qui se multiple et après que le syndicat professionnel des restaurateurs ait appelé à ne pas les respecter, le Président de la République, le général Michel Aoun, a rappelé que la santé publique reste prioritaire, même si la réouverture de ces établissement est vitale “pour le secteur du tourisme et des services”.

Le chef de l’état a indiqué suivre de près les discussions qui ont actuellement lieu entre comité de lutte contre le coronavirus et les partenaires économiques en vue de mettre en place des procédures de travail auxquelles ils devront adhérer.

Ce matin également, le chef de l’état a présidé une réunion du haut conseil de la défense qui a préconisé l’extension de la mobilisation générale face au virus jusqu’à la fin de l’année.

Un bras-de-fer entre les acteurs économiques et les autorités publiques

Dans une allocution télévisée, le président du syndicat des restaurateurs avait appelé à ne plus respecter les mesures de fermeture pour éviter la propagation du coronavirus. Tony Ramy avait également annoncé hier l’arrêt du paiement des taxes de ce secteur d’activité à l’État “jusqu’à ce qu’il y ait un nouvel état qui sait comment investir notre argent”.

Cette déclaration a été faite alors que le Liban annoncé que 12 personnes sont décédées hier après avoir été infectées par le virus. Les autorités sanitaires libanaises avaient indiqué cette semaine s’attendre à un accroissement des décès après que les capacités de prise en charge des malades aient été atteints.

Tony Rami estimait ainsi que désobéir à ces mesures était nécessaire en raison de la dégradation de la situation économique, cela pour préserver les emplois alors que, du côté du secteur de la santé publique, on appelait depuis quelques semaines déjà à un resserrement des mesures visant à protéger la population face au risque posé par la pandémie et éviter ainsi la saturation des structures hospitalières.

Dans une précédente déclaration, le syndicat avait estimé à 785 établissements qui ont dû fermer leurs portes entre septembre et février, mettant au chômage 100 000 personnes suite à la dégradation des conditions économiques locales.

La situation économique s’est depuis encore aggravée, avec la fermeture de grandes enseignes même de la capitale, comme l’Hôtel Bristol ou encore l’Hôtel Alexandre.

Depuis, s’ajoutent désormais les dégâts suite à l’explosion du port de Beyrouth et estimés pour ce secteur d’activité à 1 milliard de dollars à eux seuls. Cette explosion a notamment dévasté des quartiers considérés comme étant des destinations touristiques et où se trouvent de nombreux restaurants ou boites de nuit comme à Gemmayzeh et encore Mar Mikhael et Saïfi.

Selon le syndicat, 1408 établissements sur 2103 ont été endommagés dans la capitale, dont 100% de ceux de ces 3 quartiers. Le taux de change au marché noir impacte également les restaurateurs, qui soulignent qu’ils faisaient déjà face à l’achat de marchandises qui sont beaucoup plus chers, à quoi s’ajoute désormais le coût de la reconstruction de leurs établissements détruits lors de l’explosion.