La réunion du haut conseil de la défense au Palais de Baabda. Crédit Photo: Dalati & Nohra
La réunion du haut conseil de la défense au Palais de Baabda. Crédit Photo: Dalati & Nohra

À l’issue de cette réunion, le Haut Conseil de la défense a décidé d’allonger la période de mobilisation générale face au coronavirus COVID-19 jusqu’à la fin de l’année.

À l’ouverture de la réunion du haut conseil de la défense au Palais de Baabda pour aborder les différents dossiers actuels au Liban, le président de la république le général Michel Aoun a ainsi qualifié de “tremblement de terre catastrophique”, l’explosion du 4 août qui a touché Beyrouth. Le chef de l’état a réclamé l’adoption de mesures rapides prises par toutes les agences conformément à leurs compétences.

Il y a un besoin nécessaire de coordonner tous les efforts de manière efficace et sans attendre, a ajouté le Général Aoun qui a également remercié tous les pays qui ont soutenu le Liban lors de cet évènement.

Cette réunion s’est déroulée en présence du premier ministre démissionnaire, Hassan Diab. Il a appelé à l’accélération de l’enquête concernant l’explosion, notant avoir demandé au Président de la République Française, Emmanuel Macron, l’envoi des images satellites avant, pendant et après l’explosion, cela pour aider les agences sécuritaires et la justice locale dans le cadre de l’enquête.

Cette catastrophe ne doit pas passer comme si ce qui s’est passé était un crime normal, souligne Hassan Diab.

Abordant le sujet du renouvellement du mandat des forces de la FINUL, il estime que celle-ci sera adoptée ce vendredi par le conseil de sécurité de l’ONU. “Il est dans l’intérêt des pays du monde que l’extension de la FINUL se fasse sans modifier ses missions”, note le premier ministre sortant.

Au sujet de l’extension de l’épidémie du coronavirus COVID-19 au Liban, le premier ministre déplore que le virus continue à contaminer un nombre plus important de personnes résidant au Liban, soulignant que si cette augmentation se poursuit, le pays des Cèdres perdra le contrôle de la pandémie.

Le nombre de décès également augmente, note Hassan Diab, évoquant la possibilité d’étendre la période de mobilisation générale face au coronavirus jusqu’à la fin de l’année.

Etaient présents à cette réunion, outre le président de la république le premier ministre sortant, le ministre de la défense Zeina Akar, des finances Ghazi Wazni, des affaires étrangères Charbel Wehbé, de l’intérieur, Mohammed Fahmi, de l’économie Raoul Nehmé, de la Justice, Marie Claude Najm, des transports et des travaux publics Michel Najjar, de la santé Hamad Hassan et des différentes agences sécuritaires libanaises.

Le Liban cumule les crises

Pour rappel, le Liban est confronté à plusieurs crises, crise économique, crise liée au coronavirus, et désormais crise liée à l’explosion du port de Beyrouth, à laquelle s’ajoute désormais politique en raison de la démission du gouvernement Hassan Diab.

Sur le plan économique, la crise qui a débuté de 2018 s’est révélée au grand jour en été 2019 avec une pénurie en devises étrangères pourtant nécessaires à l’achat de produits de première nécessité notamment. Cette crise s’est accentuée suite à l’imposition de manière unilatérale par les banques libanaise d’un contrôle des capitaux, bloquant ainsi l’accès aux comptes.

Par ailleurs, la dégradation des conditions socio-économiques a abouti à de nombreuses manifestations dès octobre 2019, les manifestants dénonçant en classe politique considérée comme corrompu et en exigeant le départ.

Après la démission de l’ancien premier ministre Saad Hariri, le 29 octobre 2019, un nouveau gouvernement présidée par son successeur Hassan Diab a été constitué le 17 janvier 2020. Dès mars, les autorités libanaises ont annoncé un état de défaut de paiement sur les eurobonds arrivant à maturité. Par ailleurs, Liban a ouvert les négociations avec le FMI en vue d’obtenir une aide économique d’un montant espéré de 10 milliards de dollars.

Cependant, les négociations, aujourd’hui suspendues, ont rapidement achoppé sur la capacité des autorités libanaises amener les réformes nécessaires pour le déblocage de l’aide internationale ainsi que sur le dossier de chiffrage des pertes du secteur financier. Les autorités libanaises estiment ainsi que ses pertes attendrai 241 000 milliards de livres libanaises sur la base d’un taux de change de 3600 LL/USD, soit 80 milliards de dollars environ, ce que refusait les banques locales via l’association des banques du Liban ou encore la Banque du Liban elle-même.

L’association des banques du Liban a ainsi activé ses relais présents au sein du parlement via la commission parlementaire des finances et du budget. Cette dernière, où sont présents certains actionnaires et représentants de banques locales, n’ont chiffré les pertes financières qu’à 81 000 milliards de dollars sur la base d’un taux de change de 1507 LL/USD.

Parallèlement, l’association des banques du Liban a présenté un plan de sauvetage rejeté par le FMI et les autorités libanaises, prévoyant la vente d’une partie de l’or du Liban et la session pour une durée déterminée de biens publics. Ce plan est également rejetée par les spécialistes qui estiment que la vente de biens publics ne pourrait se faire qu’en les bradant en raison des circonstances actuelles.

La situation économique s’est encore dégradée avec la dégradation de la valeur de la libanaise et la mise en place de différents taux de change : taux de change officiel à 1507 LL/USD, taux de change dit du-marché pour les agents de change ou encore certaines entreprises fixées par la banque du Liban, aujourd’hui à 3900 LL/USD et taux de change au marché noir, qui a fluctué jusqu’à atteindre les 9000 LL/USD, au mois de juin.

Enfin, l’explosion du port de Beyrouth, qui a ravagé également une grande partie de la capitale libanaise, a encore empirer la situation, avec des dégâts estimés entre 10 à 15 milliards de dollars.

Ainsi, si le taux de croissance du produit intérieur brut est estimé à -14 % avant cette explosion, de nouvelles estimations font état d’une récession économique de – 24 % en 2020.

Parallèlement, le Liban est également touché par le coronavirus. Les mesures prises par les autorités se sont révélées être aujourd’hui insuffisante et le pays des cèdres risque de perdre le contrôle de l’épidémie, avec une augmentation quasi incontrôlée du nombre de cas, notamment après l’explosion du port de Beyrouth. Désormais, les capacités hospitalières actuelles sont saturées depuis 2 semaines, amenant également à l’augmentation du nombre de décès depuis la fin du mois d’août.