Le premier ministre sortant Hassan Diab a estimé que le programme de subvention devrait se poursuivre tant qu’un programme alternatif de cartes prépayées ne sera pas mis en place à l’issue d’une réunion qui s’est déroulée au grand sérail en présence des ministres de des finances Ghazi Wazni, de la défense Zeina Akar, des affaires sociales Ramzi Moucharrafieh, de l’économie Raoul Nehmé et de l’énergie Raymond Ghajjar, ainsi que des responsables économiques

Toute levée aurait des conséquences sérieuses sur la population, juge le premier ministre, qui annonce qu’un tel programme serait en cours de préparation. Il s’agit de déterminer les personnes qui pourront en bénéficier.

À cette fin, Hassan Diab se serait rendu au Qatar qui pourrait offrir son assistance dont on ignore encore les contours.

Cette déclaration intervient alors que le prêt de 246 millions de dollars de la Banque Mondiale visant à établir un filet de sauvetage pour les personnes les plus vulnérables à la crise économique serait menacé en raison des retards pris par les autorités libanaises à remplir les conditions requises à son octroi et notamment les documents nécessaires pour commencer à mettre en œuvre l’aide financière dans un délai de 120 jours suivant l’approbation du prêt par le conseil d’administration de la Banque Mondiale.

Pour rappel, ce prêt avait déjà été approuvé par le conseil d’administration de la Banque Mondiale le 12 janvier dernier. Il s’agit d’aider directement 150 000 foyers soit plus de 800 000 personnes se trouvant dans un état de vulnérabilité extrême face à la crise économique et à la pandémie du COVID19. 

Cependant, des différends sont également apparus au niveau de la Banque du Liban dont le gouverneur Riad Salamé avait indiqué souhaiter recevoir ces devises étrangères pour être redistribuées en livres libanaises à hauteur de 6 240 LL/USD. La Banque Mondiale s’était alors opposée à cette modalité, estimant que les sommes devraient être redistribuées ou en devises étrangères ou à hauteur de la parité réelle de la livre libanaise face au dollars. 

Par ailleurs, la Banque du Liban a également indiqué le processus de vérification des personnes bénéficiant de cette aide n’a pas encore été débuté. Cette étape elle-même devrait prendre 4 à 6 mois alors que des sources locales ont accusé certains partis politiques de vouloir en faire bénéficier certains de leurs partisans qui n’entrent pourtant pas dans les critères d’attribution de cette aide.

Un programme de subvention dont les heures sont comptées alors que les réserves monétaires disponibles seraient sur le point d’être épuisées

Pour rappel, le programme de subvention devait s’achever fin avril pour les carburants et fin juin prochain pour les produits comme les médicaments ou encore la farine, selon une lettre du gouverneur de la banque du Liban, Riad Salamé, adressée en mars dernier au ministre des finances Ghazi Wazni, faute de réserves monétaires disponible pour continuer à le financer. On ignore pour le moment comment la Banque du Liban a réussi à poursuivre le programme sans en retardant l’approbation de certaines lignes de crédit notamment pour l’achat de carburants et de fioul.

Le coût du programme était de 700 millions de dollars durant la période précédentes à la crise actuelle. Il est tombé à 500 millions de dollars actuellement, soit 6 milliards de dollars par an dont 3 milliards de dollars pour les carburants seulement. Des interrogations portent également sur la réalité des 16 milliards de dollars de réserves brutes de la Banque du Liban principalement constituées par les sommes disponibles par les 15% de réserves obligatoires sur les dépôts bancaires. 

La mise en place d’un programme de cartes prépayées serait cependant tributaire de l’approbation par le parlement puisqu’il s’agirait alors d’un prêt annuel pour un montant d’un milliard de dollar de la Banque du Liban contre 6 actuellement. Ce programme serait à destination de 800 000 familles maintenant.

En effet, plus de 75 % de la population se trouverait aujourd’hui vivant en dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de 6 dollars par jour. Le taux d’inflation aurait même atteint 155 % au cours de l’année 2020, les prix de certains produits essentiels mais non subventionnés ayant même atteint une hausse de 400%, alors que la livre libanaise aurait perdu plus de 90% de sa valeur depuis octobre 2019. 

En mars dernier, le ministre sortant des finances Ghazi Wazni a, pour sa part, estimé qu’il s’agirait de réduire le nombre de produits subventionnés de 300 à 100 produits, de réduire les subventions accordées à l’achat de carburants et de médicaments et à instaurer une carte de rationnement en faveur de 800 000 familles, induisant une réduction annuelle de moitié les subventions actuelles qui passeraient de 6 à 3 milliards de dollars. 

La mise en place d’un programme de cartes prépayées serait cependant tributaire de l’approbation par le parlement.

La création de ce programme de filet de sauvetage visant à remplacer le programme de subvention a été adopté par le parlement libanais le 12 mars dernier et signé par le Président de la République le 8 avril avant d’être publié dans le journal officiel. 

Ce programme vise à mettre en place une carte de paiement prépayée qui serait ainsi remise aux foyers vulnérables à la crise économique. Elles recevraient ainsi 100 000 Livres par mois par personne environ durant un an, souhaitait la Banque du Liban alors que la Banque Mondiale avait indiqué exiger que ces sommes soient rendues disponibles au taux réel de la monnaie locale.

50% du programme de subvention aux carburants

Les carburants représentent à eux seuls, 50% du programme de subvention de la Banque du Liban a indiqué le ministre sortant de l’énergie. En dépit d’une augmentation du prix de l’essence plus de 50 % au Liban, un bidon d’essence coûte trois dollars environ alors qu’au Syrie, le même bidon coûterait entre 7 à 13 dollars, amenant à un trafic entre les 2 pays.

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