S’exprimant dans les colonnes du quotidien Nidaa al Watan, le vice-premier ministre Saadeh Chami a abordé la question du blocage des négociations finales avec le FMI, organisation qui a publié la semaine dernière un rapport critique concernant l’économie libanaise et estimant qu’en l’état des choses actuelles, le pays des cèdres connaitrait une crise sans fin.

Saadeh Chami estime ainsi que la classe politique actuelle continue à vivre dans le déni et qu’elle répond à ses intérêts amenant au retrait même du Liban de tout accord cadre avec le FMI, et menant à “une approche qui conduira à l’hyperinflation comme en Allemagne après la Première Guerre et au Venezuela en ce moment

Le responsable a aussi abordé la question de la mise en oeuvre des réformes nécessaires au déblocage de l’aide internationale ou encore de la non-publication des documents relatifs à l’audit juricomptable de la Banque du Liban, un retard qu’il considère comme étant incompréhensif.

Les projets de réforme demandés par le FMI ont été soit adoptés mais en état dénaturés comme les textes relatifs à l’amendement du secret bancaire, soit renvoyées au calendes grecques comme cela est le cas pour les textes instaurant un contrôle des capitaux, déplore Saadeh Chami, qui note par ailleurs que la version modifiée par le parlement est différente du texte du gouvernement et n’a pas été aussi accepté par le FMI.

Quant à l’unification des taux de change, cette mesure n’a pas été encore prise, “malgré les grandes distorsions résultant de la multiplicité des taux de change, qui ont conduit à des travaux de spéculation qui profitent à certains au détriment de la majorité des Libanais, en particulier des déposants”.

Le Liban dans une situation similaire par rapport au Vénézuela et à l’Allemagne de la république de Weimar.

Le financement du déficit budgétaire, résultant d’une augmentation des dépenses non compensée par une augmentation des revenus, a conduit à la surimpression de la monnaie et à une augmentation constante de la taille de la masse monétaire, ce qui a entraîné une pression sur le taux de change et une hausse folle des prix, estime Bassam al Chami.

La Banque centrale intervient de temps à autre pour freiner la hausse du taux de change et se retire du marché des montants de la livre libanaise en échange d’une perte supplémentaire de réserves de change, c’est-à-dire d’un nouvel épuisement des fonds des déposants, puis revient pour acheter des dollars sur le marché parallèle afin d’éviter une diminution des réserves de change, poursuit-il.

Dans ce contexte, les augmentations actuellement envisagées sur les salaires du secteur public et leur coût élevé augmenteront ces pressions s’ils ne disposant pas du financement étranger nécessaire, et réduiront davantage le taux de change. La poursuite de cette approche conduira à une inflation excessive qui nous ramènera à la mémoire de ce qui s’est passé en Allemagne après la Première Guerre mondiale et de ce que le Venezuela souffre dans les temps modernes.
Saadeh Chami

*Je crains que la porte de secours ne soit fermée devant nous et que nous perdions espoir, la lumière au bout du tunnel s’estompe et s’éteint presque complètement

Le vice-premier ministre estime qu’en dépit d’être démissionnaire, il ne peut accepter d’être un faux-témoin d’un pays qui s’effondre complètement.

Même si le FMI ne se retirera pas du Liban, “si nous sommes en train de mettre en œuvre les réformes nécessaires et si nous ne faisons pas ce que nous devrions, cela signifie pratiquement que c’est nous qui voulons nous retirer de l’accord convenu par les trois présidents et approuvé par le Conseil des ministres”, juge Bassam al Chami.

Il accuse aussi un certain nombre de députés, sans les nommer, d’accuser les autorités actuelles de ne pas avoir de plan de sortie de crise, alors que ce plan leur a été communiqué mais qu’ils ont choisi de l’ignorer pour certaines raisons.

Il a également mis en cause certains médias qui ont mené une bataille médiatique contre le plan du gouvernement, dès le 7 avril dernier, il y a plus d’un an.

Sans aide économique internationale, les augmentations décidées pourraient amener à une nouvelle forte détérioration du taux de change alors que pour l’heure l’intervention de la Banque du Liban pour freiner la chute de la livre libanaise se fait au détriment des déposants et des réserves monétaires.

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