Répondant à une question d’une journaliste, le porte-parole du Fonds Monétaire International Gerry Rice a abordé le dossier libanais alors qu’une délégation de l’institution est actuellement sur place et a déjà rencontré le Président de la République, le général Michel Aoun hier et ce matin, le premier ministre Najib Mikati.

Il a ainsi estimé que contrairement aux propos des autorités libanaises qui espèrent conclure un accord préliminaire d’ici 2 semaines, un effort important doit être accompli avant d’y aboutir, même si, selon lui, les discussions progressent actuellement.

De source médiatique locale, on indique que le FMI a réitéré ses positions selon lesquelles, aucun soutien financier ne sera accordé au Liban tant que les réformes promises par les autorités libanaises ne seront pas traduites par des engagements sur le terrain. Ces réformes portent sur plusieurs volets, un volet budgétaire, fiscal et monétaire, notamment l’unification des taux de change, la restructuration du secteur bancaire, l’amélioration des institutions publiques dont l’électricité du Liban mais également la lutte contre la corruption via un arrêt des ingérences politiques au sein du système judiciaire, allusion indirecte aux dossiers concernant l’explosion du Port de Beyrouth mais également celui du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé et des dirigeants de banques locales accusées de détournement de fonds. 

Concernant la gouvernance de la Banque du Liban, il s’agirait désormais de séparer celle de la Banque du Liban elle-même du comité de surveillance et de la commission bancaire suprême et ainsi limiter les pouvoirs du gouverneur de la Banque du Liban et établir des mécanismes de contrôle. Il s’agira parallèlement d’assurer au Liban un financement de 5 milliards de dollars par an durant 4 ans pour redresser le Pays des Cèdres à condition que cette aide soit au bénéfice des populations vulnérables face à la crise économique. Quant aux pertes du secteur bancaire, le FMI estime qu’il revient en premier lieu aux actionnaires des banques de les supporter et non aux déposants comme le souhaite le gouvernement.

Des sources internes au FMI estiment par ailleurs que l’estimation des pertes financières, si entente existe entre les deux partis qui se seraient accordées sur un chiffre de 69 milliards de dollars, pourrait être encore revue à la hausse. Par ailleurs, les autorités libanaises n’auraient pas encore précisé les proportions des répartitions des pertes financières en raison de la polémique. Pour rappel, le gouvernement Mikati III souhaitait faire porter aux déposants 55% de ces pertes, cela au bénéfice des actionnaires des banques. Par ailleurs, autre dossier abordé par le FMI, celui du contrôle des capitaux. Le texte présenté hier par le gouvernement libanais ne serait pas celui préconisé par le FMI. Par ailleurs, l’application de ce projet de loi pourrait être difficile sur le terrain, en raison d’une restriction d’accès aux dépôts.

Selon les informations actuelles, les amendements adoptés par le conseil des ministres portent principalement sur la composition du comité en charge de mettre en oeuvre le contrôle des capitaux. Au lieu d’être composé du Premier ministre ou de son délégué, du ministre des Finances et de l’Economie et du gouverneur de la Banque du Liban, celui-ci devrait ainsi inclure le ministre des finances, le gouverneur del a Banque du Liban, deux économistes et un juge. Le texte aussi a été revu et les dispositions devraient être mises en oeuvre non plus durant 5 ans comme prévoyait le dispositif initial mais durant 2 ans. Par ailleurs, des controverses ont eu lieu durant la session avec l’opposition marquée des ministres du Hezbollah, du mouvement Amal et du mouvement Marada concernant les sommes pouvant être retirées. Ces derniers ont également indiqué souhaiter connaitre la situation financière exacte de la Banque du Liban et préciser qu’ils souhaitaient que les biens publics ne puissent être vendus ou privatisés. Pour les personnes le souhaitant, elles pourraient voir leurs dépôts être transférés sous forme d’action des banques. Quant aux établissements eux même, 49% des actions pourraient être vendus à des banques arabes voire même la totalité en cas d’importantes difficultés. Cependant, les observateurs estiment ce projet difficile, en raison de l’ampleur des pertes de chaque établissement qui se monterait à plusieurs milliards de dollars pour chacune des banques alpha par exemple. Aucun investisseur rationnel ne souhaitera ainsi acheter les dettes actuelle d’une banque avant d’avoir soldé ses créances.

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