Les élections législatives de 2022 se sont achevées avec plusieurs enseignements et beaucoup d’interrogations. Parmi les faits les plus flagrants, les 16 candidats issus de la société civile pourront jouer le rôle d’arbitre entre les 2 pôles des partis traditionnels, d’une part la coalition Hezbollah/Amal/CPL et partis alliés et d’autre part, les Forces Libanaises et les partis alliés. Ces interrogations sont d’autant plus importantes que le Liban fait face à plusieurs dossiers critiques liés à la crise économique qu’il traverse.

L’abstention a été le principal facteur de ces élections. Le taux de participation n’a atteint que 41% et 59% des électeurs se sont abstenus pour de nombreuses raisons, perte de confiance dans le système politique, sentiment que voter ne sert à rien et que les mêmes personnes seront reconduites mais aussi menaces ou encore possible insécurité lors du scrutin.

Le nouveau parlement semble être aussi être très divers alors que l’échéance présidentielle approche. Avant même cette échéance présidentielle des interrogations pourraient techniquement porter sur l’identité du prochain président de la chambre. Si les Forces Libanaises excluent de voter en faveur du président sortant de la chambre Nabih Berri, l’identité d’une personne alternative à lui ne semble pas évidente, le bloc Hezbollah/Amal ayant réussi à conserver son bloc parlementaire.

Le nombre de députés par parti politique

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Au final, 21 députés pour les Forces Libanaises et pour le Courant Patriotique Libre

Le Courant Patriotique Libre semble également avoir limité les dégâts, passant de 27 députés lors du mandat précédent y incluant les personnalités indépendantes alliées qui avaient quitté cependant par la suite son bloc parlementaire à 21 députés suite à quelques surprises de dernière minute et en incluant le bloc des arméniens du Tachnak. La principale perte pour la désormais ancienne majorité se situe au niveau du caza de Jezzine où les 2 candidats du CPL ont été éliminés au bénéfice des Forces Libanaises en raison du désaccord avec le mouvement Amal ou encore au niveau des personnalités indépendantes alliées au Hezbollah comme l’ancien vice-président de la chambre Elie Ferzli qui a perdu dans la Békaa Ouest ou Faysal Karamé à Tripoli au Nord du Liban.

Côté alliance Forces Libanaises, PSP et personnalités alliées comme Ashraf Rifi, certains gains ont pu être réalisés notamment au niveau du bloc parlementaire des FL qui passe de 13 députés à 21 députés, faisant jeu égal avec le CPL. Cependant, certains des députés qui pouvaient prétendre à y participer ont indiqué qu’il préfèrent rester indépendant comme Camille Chamoun, réduisant ce chiffre. La situation exacte pourra être déterminée plus précisément dans les heures à venir, le temps qu’elle décante.

Côté Kataëb, le parti de Samy Gemayel n’a pas réussi de percée majeure, se retrouvant avec 5 députés.

Les sunnites face à l’abstention

Autre enseignement, Fouad Saniora a perdu son parti à Beyrouth II, la liste qu’il parrainait ayant échouée à rassembler la majorité des votes en raison notamment de l’appel de l’ancien premier ministre Saad Hariri à boycotter le scrutin.

La société civile et le rôle d’arbitre que ses députés pourront jouer

Enfin, les 16 candidats issus de la société civile pourront jouer, comme précédemment dit, le rôle d’arbitre. Il sera cependant plus facile pour le trio Amal/Hezbollah/CPL de constituer un prochain gouvernement en dépit de la perte d’une majorité absolue que pour la coalition menée par les Forces Libanaises.

Aucune majorité claire n’existe pour l’heure pour gouverner. Les partis traditionnels devront donc former des alliances avec des personnalités indépendantes.

Ce rôle d’arbitre sera d’autant plus important qu’il est attendu que la situation économique se dégrade avec les ponctions effectuées avant les élections sur les réserves monétaires de la Banque Centrale et en l’absence d’un accord définitif avec le FMI. Cet accord définitif sera d’autant plus difficile à réaliser que des liens étroits existent entre classe politique traditionnelle et banques. Il s’agira pour ces candidats issus de la société civile de les détricoter afin de faire avancer les réformes nécessaires sur le plan de la restructuration de la dette publique, du secteur financier et cela au bénéfice des déposants et non des actionnaires des banques.

Pour cela, cependant, ils devront se présenter unis et non divisés comme durant le scrutin.

Les résultats filtrables par nom, casa, siège communautaire et parti politique.

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